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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 16:00

 

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Nous nous apitoyons beaucoup sur nous-mêmes, sur notre sort en des temps que nous estimons violents, difficiles, anxiogènes, et qui le sont, mais sans vouloir établir de degrés dans la dureté des temps car il s’agit, dans les faits historiques que je vais évoquer, d’ignominie, de barbarie, de la face la plus immonde de la nature humaine, permettez-moi des rappels qui me semblent utiles pour tous ceux, y compris moi-même qui n’ont pas vécu l’une des périodes les plus noires de notre pays.

 

Je viens de lire un livre qu’il faut lire : « La vie après » de Virginie Linhart au Seuil 17€ où l’auteur, à propos des juifs rescapés des camps d'extermination, pose des questions qui jusqu’à ce jour n’ont pas trouvé de réponses auprès des intéressés dont l’âge s’avance : « comment renouer avec le fil d’une existence interrompue dans une telle violence ? Comment se reconstruire quant tant des vôtres ont disparu ? Comment croire à l’avenir, à l’amour, en la descendance ? Comment vivre après ? »


Lisez-le !

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Les faits que je vais évoquer, tirés de ce livre, concerne une survivante interrogée par Virginie : Violette Jacquet, juive d’origine hongroise, née en Roumanie déportée de France, en octobre 1943, à l’âge de 18 ans, avec ses parents, qui seront gazés. Elle a eu la vie sauve grâce à sa participation à l’orchestre du camp dirigé par la violoniste Alma Rosé, nièce de Gustav Mahler. Virginie et Violette se retrouvent au réfectoire de l’hôtel national des Invalides, maison de retraite des victimes de guerre, « plateau en main sur lequel trône la demi-bouteille de bordeaux – qui se révèlera, comme annoncé, excellent – et Violette explique que l’orchestre avait pour mission de jouer à l’entrée et à la sortie du camp, afin de faire défiler au pas les prisonnières qui partaient travailler : « les femmes marchaient en cadence cinq par cinq au rythme des marches militaires que nous interprétions : c’était beaucoup plus facile pour les compter ! Vous savez les nazis passaient leur temps à compter et à recompter les prisonnières… Nous donnions également des concerts pour les déportés le dimanche après-midi dans le no man’s land entre le camp A (camp de quarantaine) et le camp B (camp de travail). Parfois aussi les Allemands venaient écouter quelques morceaux dans notre bloc, mais jamais ils ne s’asseyaient. »


Alma osé « à force de travail obtint de la part des prisonnières musiciennes amateurs de son orchestre de très bons résultats. Quand elle mourut à Auschwitz le 4 avril 1944, les nazis firent dresser un catafalque dans le camp en l’honneur de cette violoniste juive autrichienne exceptionnelle… » Le destin de Violette Jacquet a inspiré un livre pour enfants Les sanglots longs des violons Oskar Jeunesse 2007. Au cours du repas Violette confie à Virginie « Toute mon enfance, ma mère m’avait poussée à jouer ne cessant de me répéter « Exerce-toi ! On ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie ! » Si elle avait su à quel point elle avait raison… C’est le violon qui m’a permis de sauver la peau à Auschwitz. »


9 Juin 1944, Tulle


« Dès six heures, les troupes allemandes raflent les « hommes valides » (entre 16 et 60 ans) et perquisitionnent les habitations à la recherche d’armes et de matériel de guerre cachés. Environ 2 000 hommes sont ainsi rassemblés dans la Manufacture d’armes. Les procédures policières habituelles (contrôle des documents d’identité, interrogatoire de chaque individu) sont mises en œuvre dans une certaine précipitation par l’officier-interprète Walter Schmald, en présence du colonel Bouty, le « maire » et du chef de cabinet du préfet, Torrès, sous contrainte de la clause n° 10 du traité d’Armistice. À leur issue, 120 hommes sont considérés comme suspects de participation à la Résistance par les Allemands, ce sur des indices à valeur problématique : domicile hors de la ville, tenue vestimentaire, réponses insatisfaisantes ou comportement « anormal » lors de l’interrogatoire, convictions communistes connues, réfugié politique, ou absence de personne garante. Les 120 hommes sélectionnés sont voués à la mort par pendaison, Walter Schmald refusant de les faire fusiller. Les hommes encore détenus dans la Manufacture furent amenés afin qu’ils assistent aux exécutions. Grâce à l’intervention de Jean Espinasse, l’aumônier du lycée, lui-même pris dans cette rafle, qui avait été admis à prodiguer aux condamnés les réconforts de la religion et recueillir les objets et derniers mots destinés aux leurs, la procédure de pendaison aux balcons et réverbères de la ville fut interrompue au chiffre de 99. A l’abbé qui venait d’obtenir la grâce du dernier groupe d’otages et soulignait que c’étaient des innocents qui étaient exécutés, Walter Schmald répondit qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres.


Extrait d’Oradour souviens toi www.oradour-souviens-toi.fr


« 10 juin 1944, c'est jour de distribution de tabac,..., la vision d'Oradour bascule dans l'effroi. C'est une belle journée de printemps qui s'annonce, les enfants retournent en classe et le déjeuner se termine doucement dans le restaurant Milord ou encore chez les particuliers. Il y a quatre jours que le débarquement en Normandie a eus lieu, les troupes de soldats allemands remontent sur le front. La résistance fait tout pour les retarder ou les en empêcher.


Depuis le débarquement, la Résistance amplifie ses actes contre la progression des Allemands et leur remontée vers la Normandie. Plusieurs incidents et la position de faiblesse des S.S. va motiver l'exécution d'un acte destiné à impressionner (et surprendre) la population et (peut-être) calmer l'ardeur des résistants. C'est une méthode que les S.S. ont eu l'habitude de pratiquer sur le front de Russie. Ainsi les Allemands choisissent un village sans passé avec le maquis ou la résistance, un lieu tranquille, pour se "venger". Le choix est aussi fait en fonction de la taille du village et des capacités des S.S.


En début d'après-midi, les Waffen S.S. encerclent Oradour et rabattent vers le centre-bourg les personnes qui travaillent dans les champs. La population est rassemblée sur la place principale (le Champ de Foire) pour le prétexte d'un contrôle d'identité. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants qui seront menés dans l'église.


Les hommes sont répartis en six groupes et menés dans les plus grandes remises ou granges d'Oradour où les allemands ont installé des mitrailleuses.


A 16 heures, et en quelques secondes les hommes sont abattus sans comprendre pourquoi. Certaines victimes recevront le coup de grâce. Les allemands recouvrent les corps de matériaux combustibles et mettent le feu dans ces lieux de supplices ainsi qu'aux maisons. Seulement cinq hommes pourront sortir de la grange Laudy sans être abattus par les bourreaux.


A 17 heures, c'est malheureusement au tour des femmes et des enfants (400 personnes) réunis dans la petite église. Les allemands déposent une caisse au milieu de la foule, au milieu de l'édifice. Il en dépasse un cordon qu'ils allument. Cette caisse destinée à asphyxier, explose et met en éclat les vitraux. L'asphyxie ne s'opère alors pas comme les allemands le prévoyaient. C'est alors qu'ils tirent sur les femmes et les enfants. (Aujourd'hui, on peut encore voir les impacts des balles sur les murs intérieurs de l'église). Une femme, Mme Rouffanche, parvient à s'enfuir par un vitrail. Elle est suivie par une autre femme et son bébé. Les cris du bébé alertant les allemands, ces trois personnes sont mitraillées. Seule Mme Rouffanche, bien que blessée, survit en se cachant dans un rang de petits pois dans le jardin du presbytère.


Le pillage, la destruction du village se poursuit en fin d'après-midi. Les personnes qui sont simplement blessées meurent brûlées vives. Le lendemain, il n'existe plus que des pans de murs calcinés desquels s'échappent encore de la fumée. Oradour-sur-Glane est rayé de la carte avec ses habitants (328 constructions et 642 victimes). On ne compte que six survivants au massacre (personnes s'étant échappées des lieux de supplice) : 5 hommes et une femme. Quelques autres personnes échappent à la tragédie car elles sont absentes du bourg ou se sont cachées ou enfuies à l'arrivée des allemands par crainte.


 A 19 heures, le tramway venant de Limoges arrive sur Oradour. Les occupants sont emmenés dans une ferme proche. Ce n'est qu'en fin de soirée qu’ils sont relâchés. »


Les femmes tondues à la Libération Jean Rochefort enfant

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commentaires

C
<br /> Autres temps, autres moeurs, mais toujours cette violence de l'homme pour édifier, marquer et, cependant, expier la faiblesse.<br /> <br /> <br /> Les ordres, les "process" (procédés) et autres processus de nos temps "modernes" sont, certes, d'une violence rentrée et silencieuse (jusqu'à quel point ?) et s'il n'est de pardon possible il est<br /> alors question de tenter de dépassement qui n'est pas oubli mais quiétude face à l'outrage "fondateur" car reste à jamais l'émotion qui affleure, "from time to time", et donne au vertige cette<br /> nécessaire calamité résurgente.<br /> <br /> <br /> Alors ?, me direz-vous, éh bien du rire aux larmes il y eut à Auschwitz et en d'autres lieux de beaux dimanches, des écureuils, des trilles d'oiseaux, Stéphane Hessel, Jorge Semprun, Marceline<br /> Loridan-Ivens et tant d'autres l'ont écrit, en ont témoigné. Sait-on si cette survivante d'Oradour chancela à la récolte suivante de petits pois ? Ce légume devint-il douloureusement évocateur ?<br /> Du rire aux larmes, la vie d'après est souvent une vie de plain-pied dans l'humain et son étrange condition dont David Rousset témoigna, et avec quelle verve. Une vie en conscience. "C'est déjà<br /> ça..." chante Alain Souchon.<br />
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C
<br /> A l'échelle de l'histoire un siècle représente une très courte période. Nous sommes et n'avons pas fini d'être, en Europe, les enfants d'un vingtième siècle qui fut une horreur inouïe et<br /> inégalée. Aussi je ne crois pas que les malheurs de naguère permettent de minimiser ni même de "relativiser" ceux d'aujourd'hui.<br />
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