Pour ma reprise je ne galèje pas, c’est du lourd, de l’historique, cité par un Corse pur sucre, bien qu’il soit né au Caire – mais la diaspora corse a toujours été une réalité – Alexandre Sanguinetti, un gaulliste pur sucre qui a été SG de l’UDR (l’une des nombreuses appellations de l’actuelle UMP), co-fondateur du SAC (Service d’Action Civique officine de barbouzes anti-OAS), ministre des Anciens combattants dans le troisième gouvernement de Pompidou, du 8 janvier 1966 au 6 avril 1967 mais jamais élu de son île (député de Paris il est candidat aux élections législatives de mars 1978 à Paris où il est battu par Paul Quilès, je m’en souviens car j’habitais la circonscription dite du XIIIe Ouest). « Quinze jours après la mort mystérieuse du ministre Robert Boulin le 30 octobre 1979, il déclare à Jean Charbonnel qu'il s'agit d'un « assassinat ». En 2009, ce dernier déclare que Sanguinetti lui aurait alors cité « deux noms de personnalités politiques toujours vivantes » qui pouvaient, d’après lui, être « impliqués dans cette affaire » et le nom « d’une organisation » pour qui « Robert Boulin constituait une menace, une gêne, une inquiétude. » Selon sa fille, Laetitia Sanguinetti, qui fut l'attachée parlementaire de son père, Robert Boulin, « d’une intégrité totale », était devenu « une cible » car il disposait d’informations sur un « réseau de fausses factures » et «de financement occulte» des partis politiques, dont le RPR.
L’Alexandre, fort en gueule mais attachant, je l’ai toujours respecté pour la solidité de ses engagements aux heures difficiles. En bon chineur en birkenstock je vais aux Puces d’Ajaccio et c’est là que j’ai dégotté une « Lettre ouverte à mes compatriotes corses » d’Alexandre Sanguinetti chez Albin Michel 3€. Belle collection et excellent livre adressé aux nationalistes qui date de1980. Je l’ai lu avec un grand intérêt car il est d’une assez grande justesse, sans emphase et, fait surprenant, d’une grande actualité. Parfois les écrits avec le recul du temps sont redoutables mais ici toute la pesanteur corse est excellemment transcrite. Rétrospectivement la référence à Kadhafi en dit long sur les impasses dans lesquelles se sont engouffrés les soi-disant progressistes. « Reste enfin ce qui est, paraît-il, l’espoir ou le rêve de caertains d’entre vous : nous voir passer au Tiers-Monde pour mieux nous libérer de l’emprise du monde occidental, dont vous répudiez la philosophie, les modes et les moyens de vie, revenir à notre pureté originelle supposée, et nous appuyer pour ce faire sur les pays dit progressistes de la face sud de la Méditerranée, avec à leur tête ce phare de la civilisation et de la pensée contemporaine représentée par la Lybie et son illustre chef, le sieur Kadhafi. »
Mais revenons au sujet du jour : le TIGRE, le Georges Clemenceau : « En 1871, à l’Assemblée nationale réunie à Bordeaux, se place un curieux épisode. Clemenceau et quelques autres députés proposent que la France abandonne la Corse, coupable de lui avoir donné deux empereurs, dont l’un a fini sa carrière à Waterloo et l’autre à Sedan. L’Assemblée trouve que perdre l’Alsace et la Lorraine est déjà bien humiliant et que les Corses ne sont pas responsables de deux acceptés ou acclamés par la France entière à l’orée de leur carrière. Nous restons français. » Sanguinetti apprécie à moitié la plaisanterie et il se fait un plaisir de souligner « Dans une palinodie étonnante, mais propre au monde politique, Clemenceau vint pourtant un jour chez nous voir s’il pourrait pas y être élu. Il n’en fut rien, nous sommes bien capables de fournir nos propres candidats. Quoique bleu de Vendée, d’une terre guère plus riche que la nôtre à l’époque, mais pour des raisons très différentes, son voyage en Corse le convainquit de notre retard, au point qu’il estimait que nous étions encore un morceau du Moyen Age au cœur de la Méditerranée. »