C'est le titre d'un joli petit livre, que l'on peut facilement glisser dans une poche : 10,5 par 15, publié dans la petite collection des éditions Mille et Une Nuits et c'est signé Charles Baudelaire. Pour 2 euros 50 soixante petites pages exquises dont 45 traitant de notre sujet : " Du vin et du haschich comparés comme moyen de multiplication de l'individualité ". Pour vous inciter à faire l'acquisition de ce compagnon de route je vous propose quelques extraits de ce texte et le lien www.1001nuits.com Bien sûr, précision utile pour les hygiènistes, les repentis modèle Chabalier ou les tenants de l'ordre moral, je laisse à ce Baudelaire l'entière responsabilité de ses propos.
" Profondes joies du vin, qui ne vous a connues ? Quiconque a eu un remords à apaiser, un souvenir à évoquer, une douleur à noyer, un château en Espagne à bâtir, tous enfin vous ont invoqué, dieu mystérieux caché dans les fibres de la vigne. Qu'ils sont grands les spectacles du vin, illuminés par le soleil intérieur ! Qu'elle est vraie et brûlante cette seconde jeunesse que l'homme puise en lui ! Mais combien sont redoutables aussi ses voluptés foudroyantes et ses enchantements énervants. Et cependant dites, en votre âme et conscience, juges, législateurs, homme du monde, vous tous que le bonheur rend doux, à qui la fortune rend la vertu et la santé faciles, dites qui de vous aura le courageimpitoyable de condamner l'homme qui boit du génie ?
D'ailleurs le vin n'est pas toujours ce terrible lutteur sûr de sa victoire, et ayant juré de n'avoir ni pitié ni merci. Le vin est semblable à l'homme : on ne saura jamais jusqu'à quel point on peut l'estimer et le mépriser, l'aimer et le haïr, ni de combien d'actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. Ne soyons donc pas plus cruelsenvers lui qu'envers nous-mêmes, et traitons-le comme notre égal."
" J'ai souvent pensé que si Jésus Christ paraissait aujourd'hui sur le banc des accusés, il se trouverait quelque procureur qui démontrerait que son cas est aggravé par la récidive. Quant au vin, il récidive tous les jours. Tous les jours il répète ses bienfaits. C'est sans doute ce qui explique l'acharnement des moralistes contre lui. Quand je dis moralistes, j'entends pseudo-moralistes pharisiens."
" Si le vin disparaissait de la production humaine, je crois qu'il se ferait dans la santé et l'intellect de la planète un vide, une absence, une défectuosité beaucoup plus affreuse que tous les excès et les déviations dont on rend le vin responsable. N'est-il pas raisonnable de penser que les gens qui ne boivent jamais de vin, naïfs ou systématiques, sont des imbéciles ou des hypocrites; [...] Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses emblables."
" Le vin exalte la volonté, le haschisch l'annihile. Le vin est un support physique, le haschisch est une arme pour le suicide. Le vin rend bon et sociable. le haschisch est isolant. L'un est laborieux pour ainsi dire, l'autre essetiellement paresseux. [...] Le vin est utile, il produit des résultats fructifiants. le haschisch est inutile et dangereux."
Note de bas de page :
Comme je suis un gentil garçon je vous signale qu'Hervé Gaymard notre ancien ministre de l'agriculture a publié en 2007 aux mêmes éditions dans la collection les petits libres : le nouvel usage du monde et que l'intégralité des droits d'auteur sont reversés aux Fondations pour la Recherche Médicale et Abbé-Pierre.