J'ai eu une 4L, une 4L immatriculé en TT sur plaque rouge car je m'expatriais en Algérie, à Constantine, pour faire mon service national comme VSNA à l'Université de cette ville. Avec elle j'ai sillonné l'Est algérien, les Aurès, le grand sud : El Oued, Gardhia, la côte : Béjaia... Pas une panne, une vaillante la ptite Renault, vous comprendrez donc que j'ai un faible pour cette boîte à chaussures sur 4 roues, un vrai must d'une beauté saine, sans prétention... Et puis voilà t'y pas que par le courrier je reçois dans une enveloppe une grande affiche et un superbe et sobre 4 pages sur beau papier m'annonçant la naissance des 4 L de la Méditerranée : L'Arjolle, l'Hortus, La Liquière, La Rectorie. La photo très kitch, tendance rural profond, est d'un goût très sûr. Des quatre domaines j'en connaît 3, seule la Liquière manque à mon palmarès.
Je vais donc vous parler de l'Arjolle. Plus précisément de Louis-Marie Tesserenc qui, en temps que président du syndicat des vins de pays des Côtes de Thongue, m'a invité au temps de mon rapport à son AG. Ce fut une mini-expédition car mon avion ayant du retard et le suivant de l'avance, le viticulteur devant me réceptionner constatant, que je n'étais pas dans le premier flux d'arrivants, était reparti. Je pris donc un taxi. Chauffeur top, intarissable sur les tarés qui pètent les péages d'autoroute, remonté comme une pendule contre la fine fleur des agités qui passent plus de temps à la chasse que dans leurs vignes. Quand je suis arrivé sur le lieu de l'AG j'avais la tête aussi farcie qu'un poivron. A la tribune, le "bougon des cépages", grand chef charismatique de la contrée, tirait lui une tête de cinq pieds de long. Faut le comprendre, avec mes idées à la con je lui volais la vedette et il n'aimait pas ça le bougre qu'on lui fasse de l'ombre. Je fais dans la révérence polie. J'évoque ce qui nous uni, bref je fais un peu le putassier sous le regard amusé du président Tesserenc.
Bref, l'assemblée se passe aux petits oignons. On se restaure. J'aime bien ces repas avec des gens tout simple. Lorsqu'arrive l'heure d'aller se glisser dans les bernes, Louis-Marie Tesserenc me dit qu'il m'emmène coucher chez lui au domaine de l'Arjolle. C'était la première fois dans ma longue carrière d'errant qu'un président m'offrait l'hospitalité. J'en fus très touché. Il était fort tard lorsque nous sommes arrivés et pourtant nous avons pris tout notre temps pour visiter le chais qui, dans mon souvenir, m'étonna par sa modernité et son souci du geste architectural. Depuis cette petite virée en Côtes de Thongue je garde pour ce vin de pays un petit faible. Alors, vous comprendrez mieux maintenant pourquoi je suis si attaché à créer des liens. Pour faire bouger les lignes, s'adapter sans se renier, il nous faut cultiver les proximités intellectuelles, nourrir la convivialité, sortir des querelles d'appareil, vivre quoi !