Cantonnais -- désolé, je le jure, je ne le ferai plus - rédac-chef d'un magazine des plaisirs de la table faut se remuer les méninges pour faire dans l'originalité, humer les tendances, surfer sur elles, sinon les recettes des rillettes de maquereau ou de la salade de chou fraîcheur ça sent le réchauffé : vaut mieux se reporter au bon vieux livre de cuisine de Françoise Bernard hérité de grand-maman. Régal qui se définit comme un magazine pratique et esthétique, haut de gamme et accessible, me paraît représentatif d'un faux élitisme à la française. Ceci étant écrit, sur papier glacé, je dois reconnaître qu'ils mettent en scène le vin, ce qui est bien, même s' ils chalutent presque exclusivement dans le little is beautiful, du naturel quoi, du qu'on va chercher en 4x4 chez le producteur... Le texte qui suit est illustratif. On y cause de pique-nique (comme vous pouvez le remarquer je renifle la tendance mieux qu'un Scottish à sa mémère) avec un maximum d'idées reçues et de novlangue boboïste.
" Lointain descendant des repas primitifs itinérants ou repas patchwork tendance, le pique-nique est le mode de restauration le plus déstructuré qui soit. C'est bien d'ailleurs ce qu'on lui demande. Chacun aura bricolé sa salade maison ou dévalisé l'épicier à la dernière minute. L'heure est à la décontraction, pas question d'épuiser l'assistance avec des considérations de sommelier en goguette. Mais quand même. Pourquoi massacrer une belle tarte salée avec un vin qui, tous tanins dehors, va irrémédiablement l'écrabouiller ? Pourquoi boire le meilleur vin du monde dans un verre à moutarde, si ce n'est de vouloir le rabaisser au rang d'infâme picrate ? Et quelle logique y-a-t-il à vouloir batifoler dans la nature, se poser les fesses dans l'herbe... et avaler les pires daubes industrielles ? Loin de la table et de ses codes, faites donc ce qu'il vous plaît, mais mangez bon et buvez sain. Dernière consigne : les beaux jours venus, gardez toujours une bouteille au frais. Au cas où... "
Pas mal, hein ! Mais ce matin mon propos n'est pas de me gausser de ce type de copie boursoufflée, faussement légère et d'une prétention risible, mais d'analyser l'offre de Régal : " trois menus, boissons comprises, à mettre dans la glacière "
* Pour un pique-nique mer, nos 7 bouteilles incontournables.
- les prix entre 4 et 5,50 euros pour les vins.
- 4 AOC : Côteaux-du-Languedoc, Roussette de Savoie, Beaujolais, Coteaux d'Aix, 2 Vins de table et 1 cidre fermier pur jus à 2,50 euros.
* Pour un pique-nique à la campagne nos 7 bouteilles incontournables.
- les prix de 4 à 10 euros pour les vins.
- 1 AOC : Arbois, 5 Vins de table et 1 cidre du pays d'Othe à 5,40 euros.
* Pour un pique-nique ailleurs nos 7 bouteilles incontournables.
- les prix de 4,30 euros à 8 euros pour les vins.
- 3 AOC : Anjou, Côtes-du-Roussillon, Côtes-du-Ventoux, 1 Vin de pays des Côtes catalanes, 2 Vins de Table et une bière blonde à 3,20 euros.
Quelques remarques :
- prédominance des vins de table : 10 sur 18 et ce sont eux qui ont les prix les plus élevés, dont le plus cher à 10 euros. Tiens, tiens, ne serait-ce pas la meilleure démonstration de l'utilité d'un espace de liberté ? Créativité, rentabilité et autres joyeusetées...
- pour le cidre, je suis un peu triste que l'AOC Pays d'Auge n'ait pas un représentant dans les incontournables, que le cidre normand représenté soit deux fois moins cher que son concurrent du Pays d'Othe.
- à noter aussi que les trois coups de coeur sont des vins de table...
- que je suis content de saluer mes amis Jaubert et Noury (salut Roland) du Château Planères www.chateauplaneres.com/uk/ (seule la version anglaise fonctionnait hier) à St Jean Lasseille (mes voisins quand je résidais dans les PO) et de noter que le Jaja de Jau tire encore son épingle du jeu.
- et pour la petite histoire j'habite entre la station Glacière et la station St Jacques, ça ne s'invente pas...