Mon titre de ce matin, accrocheur en diable, je le sais, je le sens en le dactylographiant, va faire ciller certains d'entre vous, en étonner d'autres, peut-être même faire naître des sourires entendus, ou bien provoquer l'ire de mes proches, et pourquoi pas attiser le courroux de ceux que j'exaspère. Et pourtant, même si je ne suis pas totalement dépourvu de malice,aujourd'hui, le why de ma petite chronique quotidienne, plonge ses racines au plus profond de moi, loin, très loin de l'écume des jours, à cent lieues du brouhaha du quotidien, hors de l'actualité, pour vous confier, chers lecteurs, que je voue à Nicolas de Staël un culte étrange, fait de stupéfaction et d'intimité, un culte qui dépasse la simple admiration de son oeuvre pour ouvrir les portes secrètes de mon imaginaire.
De Staël, dans sa correspondance du Maroc, trouvait les mots "très pâles" pour exprimer la hauteur de la couleur qu'il avait sous les yeux et le drame humain qu'elle contenait. Je n'aurai donc,ni l'outrecuidance,ni le pédantisme d'écrire sur sa peinture.Mon propos de ce matin est,si je puis dire, plus déchiré ; une déchirure au sens d'une faille ouverte dans la trame d'un tissu qui laisse apparaître, en flou, ce que l'on cache ordinairement. Pour autant,ne croyez pas que je vais me dévoiler, bien au contraire je resterai à à la surface. Désolé mais je m'en tiendrai qu'au superficiel. Allez, pour ceux qui ont eu le courage de me suivre jusque là, je m'explique.
Ci-dessous : Footballeurs, 1952 huile sur toile (81x52)
Plus futiles, mes jeunes années, c'étaient aussi le Stade Marcel Saupin, le FC Nantes de José Arribas, un club hors norme, brillant, humain,les jaunes et verts des belles années. De Staël, en 1952, " s'emploie à immobiliser les footballeurs en leur donnant le nerf des couleurs dans une composition portée jusqu'au point d'orgue du grand Parc des Princes..." Anne de Staël. Et voilà qu'après plus de 40 années passées dans l'élite, 44 très exactement, mon FC Nantes, par l'impéritie de dirigeants ineptes, dans l'indifférence générale va se trouver relégué dans la division inférieure. C'est comme si on jetait ma jeunesse à la poubelle, comme un vulgaire kleneex...
ci-dessus Parc des Princes, 1952,huile sur toile (19X23,7 cm)
Voilà, c'est écrit. Vite,j'ai ravaudé le petit accroc, avec soin, comme les clarisses de mon enfance. Plus de trace de mes jeunes années dont on dit qu'elles furent corruptrices d'une génération,tout redevient net et lisse et la vie continue...
En 1936, Staël écrit un article " Les Gueux de l'Atlas " pour la revue Bloc de Bruxelles. Il signe cet article Michel Servet. Pour faire court, la pensée de Michel Servet - médecin et théologien - était marquée par une forte individualité et une totale indépendance. Il sera brûlé comme hérétique par les protestants de Genève. Au temps où il était haut-fonctionnaire, un certain Michel Rocard signait ses écrits politiques : Georges Servet. Moi, éduqué par les frères, encadré par le curé, mes années d'étudiant, verrouillées par une intelligentsia dominée par les marxistes, se sont ancrées sur cette résistance aux grandes églises.