En ce petit samedi humide et gris, de retour de mon pays, même si sa discrétion naturelle en eut souffert de son vivant, je vais vous parler de maman. Née le jour de la Ste Catherine, à Ste Flaive des Loups, on la prénomma Berthe. Elle ne l'aimait guère ce prénom mais accolé à mamy ses petits enfants et arrières petits enfants ont réussi à le lui faire trouver joli. C'était une fille Gravouil, l'aînée de six enfants, qui aurait bien aimée, elle qui avait "l'orthographe naturelle", être institutrice. Elle fera son apprentissage de couturière. Et puis, elle rencontrera un beau gars de St Georges de Pointindoux, Arsène Berthomeau. A dix-huit ans un mariage d'amour : ils étaient beaux et avaient fière allure sur leur photo de mariés (un jour lorsque je serai doué je vous la scannerai).
Ils ont trois enfants, Alain en 1939, Marie-Thérèse en 1941, et moi en 1948. Maman taillait, montait, faufilait, cousait jusqu'à pas d'heure. Papa rentrait des battages et s'asseyait pour lire la Résistance de l'Ouest. On était au Bourg Pailler, à l'entrée du bourg de la Mothe-Achard. Et puis papa est mort en 1971, un grand vide pour elle, pour nous. Courageusement, à 50 ans maman est partie travailler à l'usine de confection à St Julien des Landes. Ses anciennes collègues se souviennent de cette femme, discrète et disponible, qui aimait la belle ouvrage, le travail bien fait.
Et puis vint la retraite, le temps des voyages avec Madeleine Remaud sa fidèle amie de toujours : Jérusalem, le galet du lac de Tibériade entre autres. Maman s'excusait de cette " légèreté " et de lui dire " profite maman, tu l'as bien mérité " Madeleine et maman, mères courages, sont pour moi tout un pan de ma jeunesse en culotte courte avec les trois frères Remaud : Dominique, Jean-François et Jacques : la C4 de Louis, l'île de Noirmoutier par le Gois, Nantes et le magasin Decré... Nous étions heureux, joyeux, nous étions une grande famille. C'était le temps de l'insouciance.
Lorsque vint le temps de la maladie, ce Parkinson contre lequel tu luttais, tu pestais maman, il y eut près de toi : Alain et Danielle ma belle-soeur, si courageuse, si attentionnée, si aimante. Tous les deux, ils t'ont permis de vivre chez toi, dans ta maison, dans ton intérieur soigné, jusqu'à ton dernier souffle, toi qui avais la hantise de la dépendance et de l'hôpital. Ce don de soi, simple et chaleureux, c'est la grandeur des gens de bien. Merci à vous deux.
Et puis, mardi matin, comme d'habitude tu t'es levée tôt maman. Tu as fait ta toilette. Tu t'es habillée. Tu as allumée ton téléviseur pour voir Télé Matin sur la 2. Tu aimais bien Françoise Laborde et William Leymergie. Tu t'es rassise dans son fauteuil et tu t'es endormie pour toujours, en paix. Tous ceux qui t'ont vu depuis t'ont trouvé belle maman, toi qui allais fêter tes 87 ans. Elégante et encore coquette, nous avons posé ton dé à coudre sous tes mains jointes et nous avons bien été obligé de te laisser partir maman.
Merci à tous ceux qui ont eu des mots gentils.