Dans l'histoire de Louis Bachelier je me suis imprudemment référé à Merton et Scholes, prix Nobel d'économie. Des Paganini du calcul différentiel stochastique, des adorateurs des processus browniens, en fait des bricoleurs d'une martingale pour boursicoteurs en manque de rendement à deux chiffres. Merton avait démontré un théorème : " le théorème d'excitation " qui disait en gros, plus le marché est risqué, plus le spéculateur est excité, et plus il a envie de prendre des risques, ce qui excite encore plus le marché, et excite encore plus les spéculateurs. Donc le théorème de Merton c'est " Plus tu m'excites, plus je suis excité ".
Moi j'adore des mecs qui vendent une stratégie supposée sans risque sur un marché où le gain n'existe que par le risque. C'est du niveau de madame Irma mais avec ce genre de plaisanterie à deux balles leur société LTCM a joué environ 150 milliards de dollars avec une mise de moins de 3 milliards. Ils brassaient, en montant d'actifs, l'équivalent du PIB français : 1250 milliards de dollars. Merton et Scholes avaient pour clients les grandes banques et les patrons des grandes maisons de courtage de Wall Street y plaçaient leurs économies. Ce qui explique que, lorsque LTCM a bu le bouillon, nos deux compères loin d'être traînés devant les tribunaux, ont été sauvés par leurs pairs. Ils ont même perçu une prime d'un cinquantaine de millions en janvier 1999.
Alors ce matin, je vous invite à méditer sur l'extrait d'un texte paru dans le Monde de l'Economie de mardi à propos des hedge funds. " Par leur activisme, les hedge funds influencent cependant de plus en plus les comportements de toute la sphère financière, gagnée par leur approche à court terme. Ils sont en effet devenus les clients de plus en plus importants pour les banques : ils assurent un gros volume de transactions, et donc de commissions. Ils poussent les entreprises à des restructurations incessantes, des ventes d'actifs, des fusions. Or ce type de restructuration génère des mandats de conseil en fusions et acquisitions pour les banques d'affaires, la mise en place de nouveaux financements... S'il existe des murailles de Chine entre les différentes activités des banques, elles sont cependant de plus en plus conduites à accompagner les hedge funds. La communauté d'intérêts se double souvent d'une relation d'affinités, puisque beaucoup de dirigeants de hedge funds ont d'abord exercés leurs talents financiers pour le compte de banques."
Vous allez me dire que tout ça est très loin de nos préoccupations de gens du vin. Pas si sûr chers lecteurs. J'y reviendrai en abordant la question de la mise sur pied d'un fonds privé d'investissement qui puisse participer à la restructuration financière des entreprises de notre secteur. Prendre son destin en main est une bonne façon d'éviter de se retrouver dans les turbulences nées de ce que les Jean-Marc Sylvestre et consorts, ki ne sont que des beaux parleurs et des hauts parleurs, baptisent " la contrainte des marchés financiers".
Demain pour retrouver le fil de mes écrits il vous faudra avoir lu les épisodes de samedi et dimanche derniers (7 et 8 octobre),où Benoît a pris le relais à la première personne.