Ce matin les présentations seront simples : d’un côté un parisien Laurent Bazin journaliste à RTL 22 rue Bayard qui à le cœur dans les vignes, de l’autre Frédéric Palacios vigneron d’Arzens en Malepère. Ce sont deux amis qui sont un peu aussi les miens même si les liens entre Laurent et Frédéric sont plus étroits, si étroits qu’ils viennent de faire cause commune pour un « Cause toujours » 2010 qui, comme le dit de façon espiègle Laurent est « un pied de nez à ceux qui ont cru que c'était une folie de racheter des vignes dans une appellation où l'on arrache plus souvent qu'on ne plante. » Vous me connaissez moi les pieds de nez j’en raffole ! J’en redemande ! Alors, ayant été mis dans la confidence par Frédéric lors de la dégustation annuelle des Vins des Amis de Laurent lundi dernier au Paul Bert je me suis rué sitôt rentré sur mon Nagra (très pro le Berthomeau) pour réceptionner les réponses de Laurent Bazin à mes 3 éternelles Questions.
C’est tout chaud et ça vous est livré en circuit court.
Question N°1 : Alors Laurent vous voilà à la tête de 70 ares de terroir en Malepère avec l'ami Frédéric Palacios, dites-nous comment vous en êtes arrivé à cette implication dans les vignes ?
Réponse de Laurent Bazin : De manière finalement très naturelle. Disons de blog en aiguille... Ou de cave en vigne. Ca fait quatre ans maintenant que je m'intéresse de très près au travail de mes amis vignerons. Que je raconte sur leVindemesAmis http://levindemesamis.blogspot.com leurs doutes et leurs petits bonheurs. Leur goût du terroir aussi. Ils m'ont en quelque sorte refilé le virus et donné envie, moi-aussi, le parisien, de m'enraciner.
J'ai depuis dix ans une petite maison de village à quelques kilomètres d'Arzens, il me manquait la vigne... J'en avais parlé à Frédéric il y a deux ans déjà et l'occasion a fait le larron en septembre 2009. Il avait repéré ces 3000 pieds de grenache et de cinsault promis à l'arrachage au bord de ses terres à lui. L'idée de le voir travailler ces vignes languedociennes, au coeur d'une mer de cépages « bordelais » a fait le reste. Ça et la beauté du terroir de la Malepère. Sans parler des cerisiers, des figuiers et des pruniers qui longent les ceps de quarante ans d'âge.
Question N°2 : Simple propriétaire foncier ou un peu plus que cela Laurent ? Puisque que ce « Cause toujours » est une « Cause commune » jusqu'où allez-vous dans votre engagement?
Réponse de Laurent Bazin : C'est drôle, je ne me vis pas comme le propriétaire de ces vignes. Evidemment, sur le papier, elles m'appartiennent. Mais je pense vraiment que la vigne appartient à celui qui la travaille, qui la nourrit, qui la fait vivre et prospérer. Donc disons que ce sont « nos » vignes plus que les miennes.
Est-ce que je suis un peu plus que ça? Vigneron sûrement pas en tout cas. Chacun son métier. J'ai trop de respect pour le travail de ces hommes et de ces femmes pour venir leur voler la vedette. Chacun à sa place.
En revanche, c'est vrai que Frédéric m'associe à ses décisions, qu'il m'informe de ses choix. Me demande mon avis... L'idée de la macération des raisins en grappe entière par exemple nous est commune. C'était une envie qu'on avait de mener « Cause toujours » de cette manière, dans les pas de Senat, Richaud ou Foillard, c'est à dire avec souplesse, sans effacer le terroir. Frédéric a fait ça avec beaucoup de doigté. Mais ne vous y trompez pas c'est bien son vin à lui.
Question N° 3 : Alors ce premier nouveau-né comment le trouvez-vous Laurent ? Parlez-nous de lui avec les mots d'un père !
Réponse de Laurent Bazin Ca ce n'est pas facile. Mais c'est vrai que ça m'a fait un drôle d'effet de tenir en mes mains une bouteille issu de nos vignes. De voir le terroir entrer en bouteille en quelque sorte. Il y avait quelque chose de vertigineux dans ce raccourci... Peut-être comme une naissance, toute proportion gardée. Vous avez raison.
C'était un « brut de cuve », qu'il m'a amené à Paris juste avant la dégustation du VindemesAmis lundi dernier. Et franchement, le résultat m'a scotché. Sa fraîcheur surtout, sa souplesse. Mais là dessus je ne veux pas en faire trop. D'abord parce que je ne suis pas un grand dégustateur et aussi parce que ça ferait un peu trop commercial, pour le coup. Disons comme dirait Frédéric à sa manière très pudique qu' « on n'est pas mécontents du résultat ». Et que moi ça me plaît drôlement.
Chers amis lecteurs si vous n’êtes pas trop transis par le froid ou exaspérés par mes pitreries je vous invite, si vous ne souhaitez pas que je sombre dans une profonde dépression – je rassure Reggio les verres vides posés devant moi étaient de futurs verres pleins qui furent descendus sans sommations – à répondre à mon sondage d’hier http://www.berthomeau.com/article-le-sondage-le-plus-tendancieux-de-la-decennie-quand-le-vin-est-tire-il-faut-le-boire-62032530.html qui n'est pas frappé par une DLC (moi seul le suis : frappé).