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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 00:00

Ce garçon, Pierre-Louis Colin, pourrait être mon fils : 34 ans, « normalien défroqué » selon la quatrième de couverture – y’a des jours où je me demande dans ma candeur à quoi sert Normale Sup : à formater des Ministres, des écrivains ou des énarques plutôt qu’à former l’élite de nos professeurs de lycées – et, comme il vient de pondre le Guide des jolies femmes de Paris, vous vous doutez aisément que, ne pouvant revendiquer une paternité biologique, je me contenterai d’en faire mon fils spirituel. L’écriture est aérienne, légère, jamais vulgaire même lorsque cet adepte de la contemplation des jolies femmes aborde, je devrais écrire effleure, des sujets que le « politiquement correct » juge scabreux. Ce petit opus se goûte, se savoure à la terrasse d’un café et, je puis vous assurer, je l’ai vérifié, dès que les belles du voisinage, l’air de rien, zieutent sur le titre, vous avez droit à des sourires ravis, et même parfois, forme de « sésame ouvre-toi », à l’accroche d’une conversation.

 

 

 

 

Si je m’estime, à l’image du jeune Colin – et non le petit Colin qui est l’appellation d’origine contrôlée du baigneur, rose et poupin, de nos sœurs –  fin connaisseur de la gente féminine, je vous connais bien aussi, alors, afin de tuer dans l’œuf les accusations de parisianisme éhonté, je me permets de vous faire remarquer que l’étude précise de la géographie et de la sociologie des belles de Paris, nouvelles consommatrices de vin en diable, fait parti de vos devoirs de vacances. Pour les séduire, les attirer dans vos rets du terroir profond, je l’affirme, toute honte bue, il vous faut mettre au rebut la prose obscure et prétentieuse de vos experts es-œnologie, réinventer la volupté de la poésie du vin, trouver les mots qui les feront rire. Entre la jeunesse branchée, la trentaine épanouie, la jeunesse studieuse ou dorée, la bourgeoisie active ou oisive, la jeunesse salariée, la maturité cochonne, la jeunesse marginale et la vieillesse souriante et la maternité innocente et j’en passe, l’étude de cette taxinomie des belles parisiennes, utile et pertinente, devrait motiver vos commerciaux fourbus de leur triste tête à tête avec les tristes acheteurs de la grande distribution.

 

En amuse-bouche, pour vous faire saliver, je vais vous livrer des extraits des toutes premières pages de ce guide, qui n’en est pas un d’ailleurs, que l'auteur à juste raison qualifie de « carte routière raisonnée »

 

 

        « Les plus grandes merveilles de Paris ne sont pas au Louvre.

 

Les plus grandes merveilles de Paris sont rue Montorgueil. Là, dans une ambiance étourdissante de feu d’artifice et de jardin d’Éden, les jeunes femmes les plus belles arborent les tenues les plus indécentes et font admirer au rythme de leurs pas pressés des jambes nues et des poitrines hautes. Là, les fesses rebondissent en souriant, les teints hâlés distillent des promesses de luxure et des voilages légers laissent deviner jusqu’à l’extase des petits tétons sautillants.

 

           La règle du jeu est simple, rue Montorgueil : le mouvement compense l’impudeur. Le rythme urbain donne en effet à cet étonnant spectacle une furtivité permanente et lui impose une tension inouïe. À peine entr’aperçues, les filles disparaissent à jamais, laissant au spectateur haletant le sentiment d’un holocauste perpétuel. Dans chaque silhouette qui s’éloigne résonne ainsi tout le tragique de l’humaine condition : la finitude de l’expérience et l’irrémédiable cruauté du temps.

 

            Si les beautés du Louvre, celles du moins qui ornent les murs, ont parfois des grâces supérieures à celles de la rue Montorgueil, elles pâtissent avant tout de leur permanence. Rien n’est plus éloigné de la violence de la beauté que la molle certitude d’être là à jamais, velléité bourgeoise des musées qui tentent de capitaliser jusqu’aux émotions les plus pures.

 

           L’esthète incandescent n’a pas le temps d’aller au Louvre, qui n’aura pas bougé dans dix ans, quand chaque minute passée loin des terrasses de la rue Montorgueil est une insulte au génie de la race humaine.

 

           Car il faut bien l’avouer, nulle part et en nul autre temps les femmes n’ont été aussi belle qu’ici et maintenant. »

 

Propos attribué par l’auteur à un Parisien raffiné.

 

Cependant, pour que certains d’entre vous ne fantasmiez pas trop, ce guide n’est en rien un guide de la drague. L’auteur est très clair à ce sujet : il s’agit de pure contemplation et celle-ci « n’est pas la rencontre » et « n’est pas la séduction » prévient-il.

 

« Là est sans doute la profonde originalité du contemplateur en ces temps consuméristes : sa quête n’est pas de possession. Elle se nourrit de l’instant, elle sait la vanité des choses et c’est dans la certitude du destin contraire qu’elle trouve sa plus sûre motivation. Le contemplateur verse de l’eau sur le sable sans espoir d’y créer une flaque, juste pour la voir scintiller avant de disparaître. Il est semblable à ces rares amateurs qui parcourent les musées sans se sentir obligés d’en ressortir les bras chargés de guides ou de cartes postales. Il sait que l’on ne thésaurise pas ses émotions, pas plus que l’on ne possède la beauté qui passait. »

 

Dernière grande interrogation – plus subtile que celle d’Ardisson à Michel Rocard – « contempler, est-ce tromper ? »

 

La réponse interrogative de Pierre-Louis Colin me va bien «  Y-a-t-il plus belle preuve d’amour qu’un amateur conscient de toutes les beautés de la rue et décidé, à la lumière de cette enivrante multitude, à en adorer une seule ? »

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