Le titre de ma chronique de ce matin pour un vin baptisé d’un patronyme inusité : Windmill, fleurant bon la langue de Shakespeare, je l’ai emprunté à Rimbaud « L'homme aux semelles de vent » comme l'appelait son ami Verlaine, n'a eu de cesse de quitter Charleville, sa ville natale détestée, pour fuir la médiocrité ambiante, faire connaître sa poésie et courir le monde.
L’étiquette donne un indice déroutant : le moulin à vent représenté n’a rien à voir avec nos moulins à nous, dodus, au toit pointu, il a une tête très batave, pays plus connu pour son Gouda ou ses tulipes que pour ses vins. Ce Windmill – moulin à vent en anglais – tout droit sorti du département de l’Hérault – épicentre au temps glorieux des VCC de jajas aux rendements à 2 chiffres – affiche ses origines biologiques. Celui que j’ai acquis, au « Pain Quotidien » qui vient d’ouvrir rue de Varenne à deux pas de l’hôtel de Matignon et du 78 siège social du Ministère de l’Agriculture qui n’a jamais ajouté la viticulture à son intitulé, est une grande Cuvée, bi-cépages : Syrah-Cabernet, millésime 2005, 13%, bouchage à vis.
Le concepteur, Alain Coumont, et son associé Gilles Valeriani, n’est pas un inconnu pour les lecteurs de Vin&Cie puisque j’ai consacré à l’un de ses produits RN 13 : http://www.berthomeau.com/article-5314863.html dans une chronique Vin de Pique-Nique où je tentais, en vain comme d’hab. , de réveiller les grands mamouchis endormis sur leurs certitudes. Notre homme est belge, donc issu du meilleur terroir des amateurs de vin, cuisinier et entrepreneur avisé : il est le créateur en Belgique du concept chic et choc « Pain Quotidien » table d’hôte et produits du terroir pour pauvres urbains anémiés, dans le XXIème arrondissement de Paris : Big Apple, Londres, Genève, Sidney, Dubaï, Istanbul, Moscou, Toronto et, bien sûr, notre doulce France : Aix, Lille, Rouen et Paris. Moi c’est au18 place du Marché Saint Honoré que j’allais picorer au temps de l’Onivins. Si vous souhaitez en savoir plus allez sur :
http://www.bioghetto.com/fr (ghetto : faut pas exagérer les gars, y’a des mots qu’il ne faut pas galvauder même avec humour.)
Alors me direz-vous, et le vent dans tout ça ? Un peu de patience les amis, faites comme moi cherchez ! Quand j’ai découvert Windmill sur son étagère, vu l’état embryonnaire de mon vocabulaire anglais, j’ai cru que le flacon nous venait d’un australien quelconque affichant un moulin batave pour séduire les consommateurs du Vieux Monde. Intrigué, je me levai et tripotai alors la bouteille pour découvrir son humble extraction méridionale inscrite tout en haut de la contre-étiquette. Mais alors me dis-je : que vient faire ce moulin hollandais dans cette galère ? Comme dans les dessins où il faut découvrir qui se cache dans le feuillage de l’arbre je subodorais que la solution de l’énigme se trouvait nichée dans le texte. Je le lus. Convenu d’abord, avec les antiennes habituelles, il me fallut attendre la dernière phrase pour découvrir le pot aux roses. « Toute l’énergie électrique nécessaire à l’élaboration de ce vin a été produite par l’énergie éolienne. » Good, very good : ça devrait donner des idées à nos amis du cru Moulin à Vent en ce Beaujolais sinistré. Dernier détail avant d’en terminer : je n’ai pas dégusté le nectar aux semelles de vent et je ne puis vous dire s’il vous mets sur un petit nuage en le buvant…
