Sur les réseaux sociaux ça pleut comme à Gravelotte :
« Si tu es vraiment de gauche tu dois voter Mélenchon au premier tour sinon tu n’es qu’un valet de Macron ! »
Des listes de soutien d’artistes, d’intellectuels, de syndicalistes s’épandent et se répandent...
Voter utile disent-il ?
En fait, propulser Mélenchon sur le podium qualificatif, mais question naïve : qu’a-t-il fait pour me convaincre qu’il est le bon choix de la gauche, ne me demande-t-il pas un chèque en blanc ? Qu’a-t-il fait pour donner des gages à une autre partie de la gauche qu’il conchie ?
Rien, alors comme Fabien Roussel le dit « un vote utile, c'est quoi ? C'est voter pour un candidat contre un autre, c'est pas utile ça ! Non, le vote, c'est pour des convictions ».
Les communistes qui se sont fait plumés par le Mitterrand de Mélenchon sont experts en la matière de vote utile.
Donc, vous l’aurez compris, en dépit des braiements de certains cavistes naturistes, soi-disant de la vraie gauche, je ne serai pas l’idiot utile de Mélenchon.
L’idiot utile c'est le dernier nom d’oiseau à la mode.
À gauche, à droite, en même temps, aux extrêmes, ni crapule, ni cynique, sincère, bref les idiots utiles seraient partout. Il faut reconnaître que pour déstabiliser, voire humilier un adversaire, la formule est efficace. Personne n’aime se faire traiter d’idiot –même utile.
Excluons d’emblée de notre champ ceux qui servent sans y croire une idéologie ou une cause dans leur propre intérêt –pour l’argent, la notoriété ou le pouvoir, les cyniques. L’idiot utile est sincère, il croit à la cause dont il se fait l’avocat, cde fut le cas d’André Gide qui défendait la révolution de 1917 au début des années 1930 jusqu’au Retour de l’URSS écrit en 1936, où il fait part de son désenchantement.
L’Idiot utile pense servir une cause juste.
« Mais, par manque de jugement ou d’information, il sert en fait, involontairement, une cause qu’il ignore, et qui peut contredire ses convictions profondes. Il est naïf, n’ayant pas su percevoir la réalité de cette cause, ou trop pressé, n’ayant pas encore les éléments qui lui permettraient de bien analyser les conséquences de la voie qu’il soutient. »
On attribue l’expression à Lénine, qui appelait ainsi cyniquement les intellectuels occidentaux avec lesquels il voulait s’allier, ceux qu’il voulait manipuler parce qu’ils n’avaient pas compris la réalité de la cause défendue, tout en se félicitant de leur « utilité », par le soutien qu’ils apportaient aux communistes. Mais nul n’en a trouvé trace dans ses écrits. « La formule « idiots utiles » ne se trouve pas dans les œuvres de Lénine, ni dans un propos qu’on aurait rapporté de lui », assure Dominique Colas, professeur émérite à Sciences Po et auteur de Lénine (Fayard, 2017). Pour autant, selon lui, les cibles auraient existé dès cette époque. Ainsi « l’écrivain anglais H.G. Wells, qui fut invité en Russie soviétique en 1920 ». « Gorki le reçut et il eut pour interprète une femme avec qui il eut une liaison qui se poursuivit en Angleterre, où elle émigra », indique M. Colas, qui souligne qu’à la suite de son voyage, l’écrivain rédigea « des articles et un livre mis en avant dans la presse communiste ».
« Historien spécialiste de l’URSS, Jean-Jacques Marie considère pour sa part que ce profil n’est apparu et ne s’est vraiment développé qu’« à partir de 1929 », lors des « voyages de propagande » organisés sous Staline. Il cite Edouard Herriot, figure du Parti radical, qui en 1933 visite l’Ukraine et en « revient en disant qu’il n’y a vu que des gens bien nourris ». « Lui est vraiment un “idiot utile” », souligne M. Marie.
Pas plus qu’elle n’a marqué la fin de l’histoire, la chute du mur de Berlin n’a eu raison des « idiots utiles ». Ces derniers ont même tendance à se multiplier, tout au moins si l’on en croit ceux qui les dénoncent à tour de bras. La violence du débat public, décuplée sur les réseaux sociaux, où foisonnent les justiciers en herbe, a donné une seconde jeunesse à cette expression, qui figure en bonne place dans la rhétorique du discrédit. Les éditorialistes raffolent de cette arme qui peut faire coup double, en touchant un individu ainsi que la cause que ce dernier – à tort ou à raison – croit servir.
L’idiot utile est-il toujours manipulé ?
Ce serait accréditer qu’on y trouve ceux qui militent dans des courants minoritaires, qui s’engagent dans des combats dont ils acceptent les risques : les porteurs de valise du FLN, les Israéliens partisans de deux états indépendants, les sud-africains anti-apartheid... Être minoritaire ne signifie pas qu’on a tort par rapport au courant dominant, même si parfois la cause qu’ils soutiennent n’est pas aussi limpide qu’ils le croient.
Finalement, le terme d’idiot utile, stricto sensu, ne devrait s’appliquer qu’à ceux qui sont manipulés, consciemment ou inconsciemment.
Aux yeux de qui le dénonce, l’idiot utile, le vrai, le pur, incarne la quintessence de la stupidité. Refusant de laisser ses congénères plus affûtés gérer ce qui le dépasse, il agit et s’agite de telle façon que tout progresse… dans la direction opposée à celle qu’il croit suivre. À servir, fût-ce de bonne foi, des desseins qui contredisent ses propres aspirations, il n’est « utile », in fine, qu’à ses adversaires. Son « utilité » est même sa pire bêtise, qui écrase toutes traces d’intelligence dont il pourrait disposer par ailleurs.
Pour moi le vote utile ce sera au Troisième Tour : les législatives, refaire des députés un contre-pouvoir au Président élu, je ne mets pas de e, ce serait une novation capitale que le couplage présidentielle-législatives, œuvre du Jospin de Mélenchon, accouche d'une renaissance de la démocratie représentative et ne laisse au Président que son domaine réservé. ICI