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5 mai 2021 3 05 /05 /mai /2021 08:00

Ce qui fut dit fut fait. Marie était ainsi, un gros grain de folie dans un petit coeur simple. Nous débarquâmes donc, en fin de matinée chez le grand homme. C'est lui qui nous ouvrit, blouse bise ample, saroual bleu et sandales de moine. Chaleur et effusions, l'homme portait beau, un peu cabotin, la même coquetterie dans l'œil que ma Marie – c'est l'inverse bien sûr – et surtout, une voix chaude, charmeuse et envoutante. Sous la verrière de son atelier, sous un soleil au zénith, nous fîmes le tour de ses toiles récentes. Il s'était tu. J'estimai le moment venu d'avouer mon inculture crasse. Sa main se posa sur mon épaule, protectrice « Avec Marie vous faites la paire mon garçon. Chirurgienne ! Un métier de mains habiles fait par des imbéciles prétentieux. Qui puis-je ? C'est de famille. Rien que des clones en blouses blanches ! Pour eux je suis le raté. Un millionnaire par la grâce des galeristes américains, l'horreur pour ces Vichyssois refoulés ! Ha, le Maréchal il allait les protéger tous ces bons juifs, bien français... Des pleutres, de la volaille rallié sur le tard au grand coq à képi. Et ils sont allés le rechercher pour défendre l'Algérie française. Bernés ! Mais on leur sert de l'indépendance nationale alors ils baissent leur froc. Ils se croyaient bien au chaud et vous déboulez, tels des enragés. Panique dans le Triangle d'or, tous des futurs émigrés... » Le tout ponctué d'un grand rire tonitruant et de rasades de Bourbon. L'homme pouvait se permettre de railler le héros du 18 juin, résistant de la première heure, à dix-huit ans, un héros ordinaire, compagnon de route des communistes un temps malgré le pacte germano-soviétique et les vilenies de Staline en Espagne, il rompra avec eux bien avant Budapest. Marie m'avait tout raconté sur le chemin de Paris.

 

Pendant que je pataugeais avec Marie dans le bonheur, le 25 mai, rue de Grenelle Pompidou veut reprendre la main, être de nouveau le maître du jeu. Il joue son va-tout. L'important pour lui c'est de lâcher du lest sur les salaires pour neutraliser la CGT de Séguy. Le falot Huvelin, patron d'un CNPF aux ordres suivra en geignant. Les progressistes de la CFDT, bardés de dossiers, assistent à un marchandage de foirail. Comme un maquignon sur le marché de St Flour, baissant les paupières sous ses broussailleux sourcils, tirant sur sa cigarette, roublard, tendu vers l'immédiat, le Premier Ministre ferraille, main sur le coeur en appelle à la raison, pour lâcher en quelques heures sur tout ce qui avait été vainement demandé depuis des mois, le SMIG et l'ensemble des salaires. Le lundi, chez Renault, à Billancourt, Frachon et Séguy, se feront huer. Chez Citroën, Berliet, à Rodhiaceta, à Sud-Aviation et dans d'autres entreprises, même hostilité, même insatisfaction. Le « cinéma » des responsables de l'appareil cégétistes à Billancourt n'a pas d'autre but que de blanchir les négociateurs, de mettre en scène le désaveu de la base.

 

La semaine qui s'ouvrait devait être décisive. Pompidou sur la pente savonneuse, la célèbre « voix » jusque-là infaillible semble douter après le bide de sa proposition de référendum, Mendès le chouchou de l'intelligentsia, qui le considère comme l'homme providentiel, consulte, mais comme d'habitude attend qu'on vienne le chercher. Le 28 mai sous les ors de l'hôtel Continental Mitterrand, avec sa FGDS, se pose en recours. Tous les camps s'intoxiquent. Le vrai s'entremêle au faux. On parle de mouvement de troupes au large de Paris. La frange barbouzarde des gaullistes mobilise. On affirme que les membres du SAC ont déballé dans leur repaire de la rue de Solférino des armes toutes neuves. Le Ministère de l'Intérieur révèle la découverte de dépôts d'armes dans la région lyonnaise, à Nantes, dans la région parisienne, ce qui ajoute du piment à une situation déjà quasi-insurrectionnelle. Ce qui est vrai, c'est que depuis plusieurs jours certains membres de la majorité ne couchent plus chez eux. Avec Marie nous décidons de nous joindre au cortège qui se rend à Charléty.

 

Dans la foule : Mendès-France. Le PC et la CGT ont refusé leur soutien. Dès la mise en place du cortège, au carrefour des Gobelins, il est évident pour les organisateurs que la manifestation rencontre un vrai succès populaire. Des drapeaux rouges et noirs flottent au-dessus de la foule. Le service d'ordre de l'UNEF nous encadre. A Charléty, nous nous installons dans les gradins. « Séguy démission ». André Barjonet, en rupture de ban avec la centrale lance « La révolution est possible » Geismar annonce qu'il va donner sa démission du SNESUP pour se consacrer à ses tâches politiques. Pierre Mendès-France n'a pas pris la parole. Aux accents de l'Internationale nous quittons calmement le stade. La manif est un succès mais elle nous laisse sur notre faim. Le mouvement est frappé d'impuissance et ce n'est pas la prestation de Mitterrand le lendemain qui va nous ouvrir des perspectives. A sa conférence de presse, l'un des nôtres, lui a demandé s'il trouvait « exaltante la perspective de remplacer une équipe qui n'a plus d'autorité depuis dix jours, par une équipe qui n'a plus d'autorité depuis dix ans... » Le député de la Nièvre, pincé, répliquera « je me réserve de vous montrer que vous avez peut-être parlé bien tôt et avec quelque injustice... » La suite allait prouver que le vieux matou avait vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Mai 68
Le 26 mai vu par Célia Houdart : on va à Charléty
Mai 68 raconté par des écrivainsdossier
 
 
 
 
«Tu vois le moment où le peuple va chercher Ivan ? Il y a ce plan où Ivan regarde le peuple de loin. Pour moi c’était ça, le peuple en marche, étudiants et ouvriers confondus.» Célia Houdart s’entretient avec son père, Dominique Houdart, marionnettiste et à l’époque jeune adhérent du PSU, qui était au stade Charléty le 27 mai 1968.
 
par Célia Houdart
publié le 25 mai 2018
 

«Je l'ai trouvée hier à la Foire de Paris sur un stand tenu par un vieux Chinois», me dit mon père en me montrant sa veste rouge à col Mao. C'est un jour férié du mois de mai, nous sommes assis, mon père et moi, à une petite table ronde à la terrasse du Café des phares, place de la Bastille. Nous nous y retrouvons régulièrement, comme ça, pour se voir, pour parler. Mon père a souvent évoqué le mois de Mai 68 tel qu'il l'a vécu, comme jeune metteur en scène de théâtre et membre du non moins jeune PSU. J'avais le souvenir qu'il était au stade Charléty le 27 mai. Je l'ai donc interrogé. «Je suis venu avec les copains du PSU. Pas tellement les gens de la profession, qui étaient plutôt à l'Odéon. J'y étais moi aussi au début. Il faut imaginer, Madeleine Renaud nous suppliant : "Mes enfants, ne touchez pas aux costumes !" On a aussi occupé le théâtre Chaptal. A vrai dire, j'avais compris qu'il n'y avait pas grand-chose à espérer de la profession politiquement. Je préférais être sur le terrain. Je venais de monter une pièce de Luc de Goustine. Il l'avait écrite à chaud. Cela s'appelait 10 mai 1968. On l'a tournée dans les comités d'action un peu partout avec des étudiants, car les professionnels du théâtre étaient en grève, il n'était pas question que des comédiens jouent. Comme je faisais partie d'un comité d'action dans le IIIe arrondissement de Paris, qui se réunissait souvent à l'école des Arts appliqués, j'ai embarqué les étudiants dans l'aventure. Et puis, je venais de faire la rencontre du Bread and Puppet de Peter Schumann, dont toute la troupe habitait rue Saint-Jacques, dans l'appartement de la fille de Brecht. On s'était vus chez Gabriel Garran, au théâtre d'Aubervilliers, où j'étais en stage. J'avais découvert leurs spectacles au festival de Nancy. Comme je baragouinais l'anglais et que, surtout, j'avais une camionnette, je les ai trimballés dans les usines en grève pour qu'ils puissent jouer Fire, un spectacle avec masques et marionnettes géantes, qui dénonçait les atrocités de la guerre du Vietnam. Un théâtre visuel, gestuel, chanté, avec très peu de mots. J'étais leur accompagnateur, chauffeur, assistant. Napo, le technicien de Garran, avait trouvé une combine, par le PC, je crois, pour me fournir de l'essence, parce qu'il fallait qu'on roule ! Le soir en douce, je me souviens, il me filait des bidons, on remplissait le réservoir de ma camionnette. Cette aventure a été très marquante pour moi, décisive même. L'équipe du Bread and Puppet m'a offert à la fin une oriflamme que j'ai gardée pieusement. Je l'ai encore dans mon bureau.»

 
 

Quand avais-tu adhéré au PSU ? «En 1968. Je ne sais plus exactement la date. Les manifs, les réunions. C'était une période d'une densité. Tu sais, parfois, tout se brouille. J'ai l'impression d'avoir vécu tout cela en même temps. Pour revenir au 27 mai, le rendez-vous était en fin de journée après le protocole d'accord dit de Grenelle, que rejetaient les ouvriers des grandes entreprises. On est partis des Gobelins. Il y avait un mot d'ordre : "On va à Charlety", et beaucoup de monde. Tu as vu le film Ivan le terrible d'Eisenstein ?» Oui. «Tu vois le moment où le peuple va chercher Ivan ? Il y a ce plan où Ivan regarde le peuple de loin. Pour moi c'était ça, le peuple en marche, étudiants et ouvriers confondus, qui allait porter quelqu'un au pouvoir pour l'arracher aux mains du gaullisme dont on ne voulait plus. On a traversé ce quartier aux abords de la Porte de Gentilly. La rue de l'Amiral- Mouchez, le boulevard Kellermann. C'était un peu mort, assez bourgeois. Les gens devaient avoir la trouille. Rien à voir évidemment avec le Quartier latin. Je crois en fait que les habitants ne se rendaient pas bien compte de ce qui se passait.»

 

Les images de l'INA montrent les groupes courant en brandissant des banderoles. Comme les parades des équipes avant un meeting sportif. «Oui exactement, j'ai le souvenir d'une sorte de cavalcade. De courses dans le stade. C'était très joyeux. Après on s'est assis sur la pelouse au centre. On crevait de chaud. On avait soif. Mais on avait l'habitude. On avait passé tout le mois de mai dehors à marcher dans Paris. C'était extrêmement joyeux. On blaguait. C'était la fête. Il faisait très beau. Un temps un peu comme aujourd'hui. La réussite de Mai 68 c'était aussi le beau temps. On dormait très peu. Mais c'était tellement exaltant.»

 

Tu étais là pour quoi ? «Pour Mendès. J'avais beaucoup d'admiration pour lui et pour Rocard. Au début, je ne l'ai pas vu, mais on m'a dit qu'il était en tête de cortège. J'étais venu avec l'espoir non seulement qu'il prenne la parole mais qu'il se déclare candidat pour prendre la tête d'un nouveau gouvernement. On a écouté le discours de Sauvageot : "Ce n'est qu'un début, continuons le combat." De Geismar. Puis celui de Rocard. Ensuite on a vu qu'on tendait le micro à Mendès France. Et là rien. Il est resté muet.» Il n'a pas voulu tout mélanger, c'est ça ? C'était un meeting syndical. «Oui, mais étant donné le contexte et la vacance du pouvoir gaulliste, on rêvait d'un putsch de la gauche, avec Mendès France en tête. Il y avait une possibilité de prise de pouvoir qu'il a écartée. On savait bien que tout cela avait un côté coup d'Etat qui n'était pas du tout son style, il était trop démocrate et légaliste pour cela. Mais on espérait quand même. Et cela a été une grande déception. C'est François Mitterrand qui a profité de tout cela, juste après, en proposant la formation d'un gouvernement provisoire de gestion.»

Et le ralliement de l'ORTF qui venait de se mettre en grève, cela a été une étape importante ? «Je me rappelle surtout cette affiche sortie des ateliers se sérigraphie des Beaux-Arts, où l'on voyait le sigle de l'ORTF avec des anneaux comme ceux des Jeux olympiques en fils barbelés. A vrai dire, on écoutait surtout Europe 1. Ta grand-mère suivait en pleurant les émeutes en direct sur Europe 1.»

 

Et la police ? Les CRS ? Vous étiez très surveillés ? «Non pas tellement. Ils étaient sur le côté. C'était la police à l'ancienne, sans équipement particulier. Je ne les revois même plus dans l'enceinte du stade. Et pourtant, c'était un peu le grand soir pour nous. On était exaspérés par Pompidou et de Gaulle. D'ailleurs, inspiré sans doute par l'exemple du Bread and Puppet, j'avais fait fabriquer une grande marionnette par les étudiants des Beaux-Arts. Un personnage hybride, une sorte de monstre fabriqué à partir de cageots, qui s'appelait "le Pompigaullidou". Je l'avais emmené aux manifestations. Il était l'objet de quolibets, d'insultes très violentes. Cela a été une révélation pour moi. J'ai compris à cette occasion la force symbolique de l'objet, de la marionnette. C'était ça aussi Mai 68, une expérience de théâtre de rue. Une ferveur nous gagnait tous. Une créativité. Il y avait beaucoup d'invention formelle, plastique. On était dans la plus grande utopie, mais on y croyait fortement. A la fin de Mai 68 à Paris, quand j'ai senti que c'était la fin, que c'était perdu, je suis parti à Prague.»

Est-ce que tu dialogues souvent encore avec le jeune homme que tu étais à l'époque ? Es-tu encore en contact avec lui ? Est-ce que tu le consultes pour agir aujourd'hui ? «Je ne prends pas conseil auprès de lui, mais j'essaie de rester dans la même ligne. J'ai vraiment découvert ma ligne à ce moment-là. Je me suis forgé politiquement et artistiquement, surtout avec l'utilisation de l'objet-signe. Et j'essaie de ne pas déroger.»

 

Née en 1970, Célia Houdart est philosophe, romancière, metteure en scène et auteure de textes pour des pièces sonores,  e la danseet de l'opéra

Dernier ouvrage paru : Tout un monde lointain, POL, 2017.

 

Lundi, le 28 mai vu par Luc Lang.

26 et 27 mai : De grenelle à Mendès

La France entière est suspendue aux négociations de Grenelle. Elles sont tout sauf faciles. Outre des augmentations de salaire, la CGT demande l’abrogation des ordonnances de 1967 et l’échelle mobile des salaires. Pompidou ne peut pas tout lâcher, sauf à perdre son autorité. Toute la journée, on discute discrètement. Pompidou concède à la CFDT la section syndicale d’entreprise, au grand dam du patronat. Il voit ensuite Séguy et Frachon. Il leur parle avec un réalisme brutal, selon les mémoires de Séguy. De Gaulle et moi, dit-il en substance, menons une politique étrangère indépendante d’ouverture à l’Est. Mitterrand et Mendès sont atlantistes. Si nous tombons, les Américains gagnent. Les syndicalistes se récrient en protestant de leur indépendance vis-à-vis du PCF et de Moscou. Mais Pompidou espère que le message passera…

 

A la reprise, la CGT réitère ses demandes. «Est-ce un préalable ?», demande Pompidou. «Non, discutons…» La CFDT complique les choses en dissertant sur la crise du capitalisme et l'état de la société. «Quels cons !», lâche Séguy. A 20 h 15, la discussion est bloquée. On va dîner. A cette heure, Séguy pense qu'il faut maintenir la pression et conclure dans un ou deux jours. Il le dit à Aimé Halbeher, chef du syndicat chez Renault. «Pas d'accord avant mardi», glisse-t-il à un journaliste. A deux heures, on apprend que l'Unef et la CFDT ont convoqué un meeting pour le lundi soir à Charléty. Mendès y sera. L'opération Mendès France, montée par le PSU, prend corps. Est-ce le déclic ? Peut-être. A 3 h 30, Krasucki fait un large geste et lance : «Bon, il faut en finir.» Chirac et Séguy se parlent encore en tête-à-tête. Il veut bien payer les jours de grève à 50%, rendez-vous dans six mois pour l'échelle mobile, débat au Parlement sur les ordonnances. Séguy acquiesce. On met en place deux commissions. Section syndicale, 7% sur les salaires, puis 3% en octobre, retraite améliorée, baisse du ticket modérateur sur la Sécu, etc. L'accord est fait mais pas signé : il faut consulter la base. A la sortie, vers 6 heures, Pompidou demande à Séguy :

«-Pensez-vous que le travail va reprendre rapidement ?

 

- Les travailleurs risquent de trouver ces résultats insuffisants.

- Cela dépend de la manière dont vous les présenterez.

 

- Je ferai un compte rendu objectif.»

Séguy monte en voiture pour se rendre à Billancourt. Il va vers une sévère déconvenue. Arrivé chez Renault, il trouve des syndicalistes persuadés qu'il faut maintenir la pression. Il trouve surtout des ouvriers qui veulent poursuivre la grève. «On n'a pas fait tout ça pour 10%.» C'est la phrase de l'heure. Séguy énumère les acquis et les refus. A chaque refus, les ouvriers huent et sifflent. On vote. L'accord est refusé. Dans la matinée, Citroën, Sud-Aviation, Rhodiacéta décident de continuer le mouvement.

 

Alors commence le grand vertige. Si la CGT, malgré les concessions obtenues n'a pas faitreprendre le travail, c'est que tout devient possible. Cette fois le spectre de la révolution, ou à tout le moins du changement de régime, se matérialise dans l'esprit des Français. Mitterrand voit les dirigeants communistes, on discute d'une solution pour l'après-gaullisme, sans conclure. Mitterrand annonce qu'il parlera le lendemain. Pendant ce temps, l'opération concurrente, montée par l'Unef, le PSU et la CFDT, autour de Mendès France, prend un tour plus précis. Le soir, une foule fiévreuse se réunit au stade Charléty, les discours enflammés se succèdent. «La situation est révolutionnaire ! Tout est possible !» Arrive Mendès, conduit par Kiejman et Rocard. Va-t-il parler ? Mendès veut bien prendre la tête d'un gouvernement de toute la gauche. Mais il refuse de s'avancer trop et se méfie surtout du maximalisme des étudiants. «C'est une réunion syndicale», dit-il. Il s'abstient de prendre la parole. Mais pour l'opinion, le message reste clair : le régime tombe, la gauche va lui succéder, avec Mendès à sa tête.

Laurent Joffrin

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