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"Récolte des pommes de terre", par Jules Bastien-Lepage (1877).
Antoine-Augustin Parmentier Apothicaire royal de l’Hôtel des Invalides, sera le plus grand célébrant et cultivateur de la pomme de terre.
« À la Saint-Louis de 1784, il peut présenter au roi une vaste corbeille de tubercules choisis et un bouquet des fleurs de la plante. Louis XVI met à sa boutonnière une des fleurs, la reine en décore de plusieurs sa chevelure. La Cour renchérit sur la délicatesse du légume servi à la table royale.
Le roi octroie à Parmentier des terrains pour ses expériences, dans la plaine des Sablons. Des pommes de terre y viennent à point, des maraudeurs vont en déterrer, s’en régalent tant que les barrages sont forcés par la foule. Quand les gardiens annoncent ce coup de force à Parmentier, au lieu de s’en fâcher, il exulte de joie et leur donne des pièces d’or pour la bonne nouvelle. »
Mais d’où vient cette petite patate ?
Jean Follain dans son petit opus Célébration de la pomme de terre en retrace les origines et l’histoire, à travers les continents et les siècles.
« Née au Pérou sur les plateaux des Andes qui firent partie de l’Empire des Incas, la pomme de terre s’y trouve encore dans son premier aspect, celui de ces minuscules boules rondes veinées d’orange que j’ai vu vendre sur le marché de Pizac.
Au temps de Pizzare, un conquistador envoie quelques tubercules de « PAPA » au roi d’Espagne, celui-ci en fait cadeau de quelques-uns au pape. Charles de l’Écluse, savant français, peint méticuleusement une planche botanique de la plante qu’il baptise taratoufli : petite truffe. »
Olivier de Serres (1539-1619), l'un des pères de l'agriculture française, au retour d'un voyage en Helvétie, ramena quelques plants de « cartoufle », comme on l'appelait alors. En 1613, la pomme de terre fut même servie à la table du jeune roi Louis XIII qui ne l'apprécia guère. Et, pendant longtemps, ce légume fut cultivé uniquement comme plante ornementale.
« Une pharmacopée, parue à Toulouse en 1614, fait état de ces « racines rondes, blanches, tant dehors que dedans, et tendrelettes qui venues à perfection, se couvrent d’une membrane menue et déliée ».
« Les premiers, des religieux d’un hôpital sévillan offrent en mets à leurs malades des pommes de terre acquises à des colons d’Amérique »
« Dans le premier quart du XVIIIe, la pomme de terre s’implante en France dans l’Est : Franche-Comté, Bourgogne et Lorraine. Elle ne manque pas de détracteurs. Un ouvrage intitulé L’École des Potages, en 1748, l’appelle le plus mauvais des légumes. Quant à l’académie de Besançon, elle en interdit la culture, prétendant qu’elle amène la lèpre. »
Et Parmentier vint.
© DP
La citation-titre est extraite de son Traité sur la culture et les usages de la pomme de terre, de la patate et du topinambour, où il souhaite de voir les vignerons, « au lieu de se nourrir d’un pain grossier d’orge, de sarrasin et de criblures où domine l’ivraie, mettre au pied de leurs ceps des pommes de terre », et de préciser « que cette plante ne craint ni la grêle, ni le vent, ni la coulure, ni les autres accidents arrivant à nos champs et vergers ».
Dans la postface du petit livre de Jean Follain, Élodie Bouygues présente Jean Follain comme un « poète des splendeurs minuscules et grand ordonnateur du sacré dans la marche des jours » qui « considère sa vie durant la cuisine comme u art et le sceau des civilisations. Se résolvent en elle l’industrie humaine, l’imagination, l’inépuisable pouvoir des métamorphoses, la mémoire et ses alambics, le désir et la quête éperdue de la beauté. »