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25 août 2016 4 25 /08 /août /2016 06:00
Penser est notre activité première. Mais au fond, avons-nous jamais appris comment.

J’ai acheté ce petit livre Petite philosophie des grandes trouvailles puis il est entré dans l’une de mes nombreuses piles submergé par d’autres livres. Mais, avant de partir sur mon île je me suis dit qu’il fallait que je fasse un peu de spéléologie.

 

 

Mathématicien de formation, Luc de Brabandere a occupé de hautes fonctions dans la banque et la finance avant de reprendre des études de philosophie. Il est aujourd’hui consultant pour le Boston Consulting Group. Il a signé chez Eyrolles Petite Philosophie de nos erreurs quotidiennes (2009), Petite Philosophie des grandes trouvailles (2010) et Petite Philosophie des mathématiques vagabondes (2011).

 

L’ouvrage prend racine dans une question d’un des participants à une conférence sur l’innovation : « Vous dites qu’il faut sortir du cadre mais de quel cadre parlez-vous ? ».

 

Je l’ai donc retrouvé et je l’ai lu.

 

Il s’agit d’un petit livre pratique, dans à peu près tous les sens du terme. Court, percutant, drôle, facile à lire, pétri d’idées et d’observations confrontées à la théorie philosophique. Compter 3 heures de lecture.

 

Ça tombait bien car un des chapitres J’OUBLIE ET PUIS J’Y PENSE cadrait bien avec mes dernières chroniques.

 

J’OUBLIE ET PUIS J’Y PENSE

 

On pense toute la journée. Le matin, on pense à ce qu’on va faire et le soir on pense à ce qu’on a fait. Ou à ce qu’on doit faire le lendemain. Ou à mille autres choses. Parfois la pensée aboutit. Elle permet alors de conclure, de choisir, de décider. Mais souvent, elle est inachevée. On a essayé de comprendre, on a tenté d’expliquer, on a testé une hypothèse, mais en vain. Il faudra donc qu’on y repense.

 

L’occasion s’en présentera d’ailleurs vite, car il n’est pas possible de ne pas penser (sauf peut-être pendant le sommeil, et encore). Penser est notre activité première. Mais au fond, avons-nous jamais appris comment faire ? Pas vraiment. Petit, on nous a expliqué comment nouer nos lacets, rouler à vélo, ou réciter une poésie pour la fête des Mères. Ensuite, nous avons commencé l’apprentissage du calcul et celui d’une deuxième langue. Et puis, on nous a enseigné la géographie et l’histoire, la littérature et les mathématiques, et beaucoup d’autres choses encore… Mais avons-nous le souvenir d’un professeur qui aurait commencé son cours un jour en disant « aujourd’hui, nous allons apprendre à penser » ? Probablement que non. C’est bien dommage…

 

Prenons un exemple. Il nous est demandé tous les jours de « penser au futur de la planète ». Voilà bien quelque chose que nous croyons indispensable, que nous recommandons à tout le monde de faire. Mais l’attention se porte immédiatement sur la Terre et sur tous les défis écologiques qui nous attendent. C’est oublier un peu vite que dans l’expression « penser au futur de la planète », il y a aussi le mot « penser » et que ce mot, à lui tout seul, est un énorme défi. Car il est possible de penser mieux, ce qui est un grand bénéfice quel que soit l’objet de la pensée, qu’il s’agisse de réchauffement climatique ou de l’organisation de vos prochaines vacances.

 

Sans arrêt, nous pensons aux choses, nous pensons les choses. Mais finalement, qu’est-ce que penser ? Je vous propose une réponse en trois temps. Si l’on accepte de dire que réfléchir c’est jouer avec les idées, examinons alors sur quel genre de terrain se déroule le jeu, comment un génie a remporté une partie mémorable au XVIIe siècle, et quelle serait donc la meilleure manière de jouer.

 

Dans une de ses nouvelles fantastiques intitulée « Funes ou la mémoire », qui fait partie du recueil Fictions et qui a été publiée en 1944, Jorge Luis Borges raconte l’histoire étrange d’un homme accidenté. Ayant subi un violent traumatisme, sa mémoire est tout à coup devenue illimitée, et il se souvient désormais de tout.

 

Borges décrit très bien la conséquence effrayante de la situation. Incapable d’oublier, Irénée Funes devient incapable de penser ! Revenant d’un voyage, il ne peut le raconter. Ayant lu un livre, il ne peut le résumer. Et encore moins l’évaluer, le comparer à d’autres, etc. Incapable d’éliminer des détails, il ne peut synthétiser, il ne peut forger de concepts et a fortiori émettre la moindre opinion. Il ne supporte pas que le mot « chien » désigne autant d’animaux différents. Cela le gêne même que le chien de 3 h 14 vu de face ait le même nom que celui de 3 h 15 vu de profil, alors qu’il s’agit pourtant du même. Enfin, pas tout à fait… Pour se remémorer un jour entier, il lui faut un jour entier !

 

Et quand il se regarde dans la glace, il se voit comme une personne différente à chaque instant. Avec une conséquence effrayante que Nietzsche avait bien perçue : un tel homme incapable de voir ce qui est constant en lui ne peut appréhender son identité (du latin idem, le même), il ne peut croire à son propre être…

Borges nous invite à revenir à l’essentiel : pour pouvoir penser, il faut pouvoir oublier. Sans une prise de distance par rapport au monde, l’homme ne peut forger de concept, il ne peut penser au monde. Pour pouvoir abstraire, il doit d’abord pouvoir s’extraire. Cet éloignement par rapport aux choses crée un espace où la réflexion peut se déployer. D’un côté, il y a les objets, et de l’autre, il y a nous, les sujets, obligés de prendre de la hauteur.

 

La suite ICI 

 

4e de couverture

 

« Tout a un jour été trouvaille : la soie, l'aspirine, la boussole, l'inconscient, la chasse d'eau, la colle, la géométrie, la pile électrique, le crayon, la relativité, la boîte de conserve, le code Morse, les lentilles de contact, Gaston Lagaffe, les surgelés, le parcmètre, le livre de poche, l'iPad, le frisbee, le code-barres, le laser, le test de grossesse, la comptabilité...

 

Mais finalement d'où viennent les trouvailles ? Y a-t-il une méthode sûre pour trouver ? Comment se différencient la découverte, l'invention et la création ? Comment Louis Braille a-t-il permis aux aveugles de lire ? Et pourquoi Thomas Edison a-t-il construit une chaise électrique ?

 

Luc de Brabandere apporte ici des éléments de réponse. Dans le style des autres ouvrages de cette série consacrés aux histoires drôles, aux erreurs quotidiennes et aux mathématiques, il dissèque les mécanismes de la créativité. »

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commentaires

P
Il y a trouvaille et trouvaille. Celle que l'on trouve parce que l'on cherche et les autres. Ouvrage à lire pour savoir s'il parle de la sérendipité (hihi le cuistre !) terme savant pour qualifié les trouvailles survenues de manière inattendue et dues à un concours de circonstance telle l'aspirine. Au fait qui a trouvé ce mot ?
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