« Pour accompagner mon dernier jour, il me semble que je choisirais un vin gai, croquant, un vin rouge naturellement, la couleur du sang, de la vie et de la mort.»
À la RVF la séquence mets-vin est sans doute usée jusqu’à la corde pour que notre Denis Saverot, dont la belle-mère ne boit que du Bordeaux, innovât avec le dernier verre pour la route qui mène au ciel ou en enfer avec, éventuellement pour la première destination, l’arrêt à la station purgatoire.
Ça part d’une bonne intention, partager un verre avec un ami dont la fin est proche, mais j’avoue que j’ai bien du mal à concevoir qu’un tel sujet fasse matière à l’éditorial du rédacteur-en-chef d’un mensuel comme la RVF.
N’y-a-t-il pas d’autres sujets de fond dans le monde de la vigne et du vin plus importants à traiter que de tirer des lignes sur « Boire un verre de vin, comme si c’était le dernier… » ? De faire de la philosophie de comptoir en 3 affirmations qui fleurent bon la dissertation de brave potache en mal de séduction :
- « C’est choisir de partager ce que l’on aime en faisant remonter à la surface la mémoire d’un passé chéri.
- « C’est abolir une dernière fois ce temps qui vous est désormais compté. »
- « C’est aussi conserver la gaîté dans un moment qui pourrait être funèbre… »
Pourquoi devrait-on précéder la mort en y allant déjà en deuil de soi-même ? Un grand bourgogne ou une coupe de champagne ne sont-ils pas, au contraire, le meilleur des hommages à une vie réussie ? »
Passé chéri, une vie réussie, nous entrons de plain-pied dans l’univers de la Petite Maison dans la Prairie des Ingalls…
Mais pourquoi diable seulement un dernier verre de vin ? Ma philosophie de la vie est bien plus large. Elle est celle de Ray Charles :
« Vous feriez bien de vivre chaque jour de votre vie comme si c’était le dernier, parce qu’un jour ou l’autre, ce sera le cas. »
Et comme illustration je vous offre l’une des œuvres impérissables du joyeux Charles Dumont.
* Passer l’arme à gauche
Mourir
L’expression date du Moyen Âge. Lors d’un mariage, les écus des deux familles nobles pouvaient être rassemblés pour former un nouveau blason. Les armes (armoiries) du mari figuraient à droite, celles de la femme à gauche. Lorsque le mari décédait, ses armes étaient placées à gauche du blason. Cela signifiait donc qu’il venait de rendre l’arme… et l’âme.