Patrice de Mac Mahon : Que d'eau ! Que d'eau !
Le Préfet : Et encore, monsieur le Maréchal, vous ne voyez que le dessus.
Il aurait prononcé ces mots le 26 juin 1875, lors des terribles inondations de la Garonne.
Mac Mahon Maréchal de France, 3e président de la République française, fonction qu'il a occupée du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879.
Statue de Georges Diebolt le Zouave du Pont de l’Alma a de la flotte jusqu'à la culotte ; il mesure 5,20 mètres de haut et représente, dans l'imaginaire parisien, l'indicateur le plus fiable du niveau de la Seine.
En 1910, lors de la crue du Siècle, il avait eu de l'eau jusqu'aux épaules. En 1970, il a été remonté de 70 centimètres mais a gardé sa superbe, lui qui date de 1856 et représente le courage des soldats de Napoléon III lors de la guerre de Crimée.
Il fait un temps à ne pas mettre un cycliste dehors alors je lis en écoutant FIP.
« … les rues vides lui offrirent une allée de feux rouges qu’il grilla doucement jusqu’à s’insérer sur la route nationale 3.
Quatre voies grises et sans fin s’enfonçant comme une lance dans le cœur de la banlieue. Au fur et à mesure, voir les maisons devenir immeubles et les immeubles devenir des tours. Détourner les yeux devant les camps de Roms. Caravanes à perte de vue, collées les unes aux autres à proximité des lignes du RER. Linge mis à sécher sur les grillages qui contiennent cette partie de la population qu’on ne sait aimer ni détester. Fermer sa vitre en passant devant la déchetterie intermunicipale et ses effluves, à seulement quelques encablures des premières habitations. C’est de cette manière que l’on respecte le 93 et ses citoyens : au point de leur foutre sous le nez des montagnes de poubelles. Une idée que l’on ne devrait proposer à la capitale, en intramuros. Juste pour voir la réaction des Parisiens. À moins que les pauvres et les immigrés n’aient un sens de l’odorat moins développé… Passer les parkings sans fin des entreprises de BTP et saluer les toujours mêmes travailleurs au black qui attendent, en groupe, la camionnette de ramassage. Tenter d’arriver sans déprimer dans cette nouvelle journée qui commence. »
Ça c’est le capitaine Coste du SDPJ 93 dans Code93 d’Olivier Norek. À lire absolument, avec un polar qui renouvelle le genre, écrit par un jeune flic lettré, au plus près d’une réalité dérangeante, sans concession, dans ces marges que l’on désigne avec facilité par la banlieue, apartheid territorial non assumé. Bien plus que certaines enquêtes sociologiques illisibles, orientées, ce premier roman plonge dans un univers gris, glauque, où tout ne se résume pas par un affrontement entre les bons et les méchants.
La réalité du 93
La brigade de répression du banditisme (BRB) a démantelé un cercle de jeux clandestin qui opérait depuis un an à Montreuil (Seine-Saint-Denis), une vingtaine de personnes ont été interpellées depuis début mai, a-t-on appris vendredi de source policière.
Des croupiers, des serveurs, des voituriers, des tables de poker: le cercle de jeux clandestin fonctionnait comme un petit casino dans le bas Montreuil, en petite couronne parisienne.
Tous les soirs, dans un local commercial loué, des parties de poker étaient organisées avec des "mises très importantes", selon une source policière. "Ces parties pouvaient rapporter à l'organisateur plusieurs milliers d'euros", a précisé à l'AFP cette source.
L'organisateur, un homme de 34 ans, était lui-même joueur et connu des services de police notamment pour port d'arme prohibé. Les clients "avaient des profils différents", selon la source policière.
Sur cette affaire, la BRB a "effectué une vingtaine d'interpellations depuis le début du mois de mai", selon cette source, "l'organisateur, les croupiers serveurs et voituriers mais aussi des joueurs".
Lors des diverses perquisitions, les policiers ont saisi des tables de poker, 40.000 euros, des armes ainsi que 8kg de résine de cannabis.
L'enquête a été menée avec l'URSSAF et les Douanes.
L’actualité des médias nationaux charrie elle, Benzema, Baupin, le sexe... avec pour le premier, en défense, l’évocation du délit de faciès mis sur le tapis par Cantona. Le galactique accuse ce brave DD d'avoir cédé à « la pression d'une partie raciste de la France ».
M. Benzema, bienvenue dans la vraie France du racisme
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Du côté du sexe harceleur, DSK, contrairement au zouave du Pont de l’Alma, jeudi dernier, a été épargné par les gouttes, le tribunal correctionnel de Paris lui a donné raison et condamné l'écrivain Régis Jauffret.
« Où commence la fiction et le travail d'un romancier ? Jeudi, Dominique Strauss-Kahn a obtenu la condamnation en diffamation de Régis Jauffret, l'auteur de "La Ballade de Rikers Island", un roman sur l'affaire du Sofitel. L'écrivain a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 1.500 euros avec sursis, ainsi qu'à 10.000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral pour certains passages de son ouvrage et à 5.000 euros pour des propos tenus à la radio pendant la promotion de son livre. La justice a aussi interdit toute nouvelle édition du roman comportant les passages jugés diffamatoires.
Les propos condamnés de Régis Jauffret avaient été exprimés au micro de Pascale Clark sur France Inter: « Ce dont j'avais été persuadé dès le début, j’en suis aujourd’hui aussi persuadé, c'est qu'il ne s'est pas aperçu qu'il l'avait violée, ou qu'il l'avait bousculée. Il ne s’est pas rendu compte. Quand vous voyez les images des caméras de surveillance, vous voyez très bien quand il sort qu'il n'a pas du tout conscience d'avoir commis un délit ». Plus tard, dans la discussion, il assénait à nouveau que, pour lui, DSK a commis un viol. « En effet, il n’y a pas eu de lutte. Ce n’est pas une femme qui était éduquée pour lutter, pour crier. C’est pour ça qu’il n’a pas cru qu’il l’a violée. » « L’enjeu de ce livre était d’arriver à être digne de l’avant-dernière phrase du livre qui n’est pas de moi. «Est-ce que tous les clients ont le droit de faire tout ce qu'ils veulent avec nous?» Aucun écrivain n'aurait pu l’inventer, c’est elle qui l’a dite. C’est là où tout bascule, c’est là que la responsable a dit non. » Régis Jauffret supposait même que DSK prenait des pilules érectiles... »
Sur le flanc politique le costar, puis son ISF, de Macron et la moustache de Martinez passionnent les journalistes et les réseaux sociaux.
Costard et ISF : la semaine qui a révélé les failles politiques de Macron
« Désormais, Emmanuel Macron prétend à Mitterrand. Face aux attaques et aux rumeurs, le ministre de l’Economie dit à ses visiteurs qu’il se découvre le cuir de l’ancien président. Rien ne l’atteint, rien ne le blesse, rien ne le tue. Et il se sent plus fort encore les épreuves passées. Entre Nietzche et Mitterrand, il continuera d’avancer vers 2017, à la rencontre de son destin, sans désarmer. Quoi qu’il arrive. Quoi qu’il en coûte.
Détendu. Serein. Tel se présente ce Macron en campagne qui n’est encore en campagne et qui ne sait encore pas vraiment s’il le sera un jour. Déterminé, oui, mais pas encore décidé. Décidé, oui, mais pas encore déterminé. Ou alors dans des proportions qui demeurent à déterminer. C’est compliqué, mais c’est ainsi. Le phénomène Macron porte sa contradiction, donc sa limite, et la praxis Macron sa part de schizophrénie. En privé, Macron revendique l'indifférence aux attaques, façon Mitterrand. Et en public, il se dit blessé. Comprenne qui pourra. »
Philippe Martinez, le Lider Maximo de la contestation sociale
« En quelques semaines, ses bacchantes sont devenues presque aussi célèbres que celles d’Astérix. Lider Maximo de la contestation sociale, dernier défenseur d’une lutte des classes à laquelle il croit dur comme fer, Philippe Martinez s’est trouvé propulsé sur l’avant-scène médiatique par son combat jusqu’au-boutiste contre la réforme El Khomri. Avant d’engager cette guerre d’usure, c’était un inconnu qui pouvait déambuler incognito avec ses deux gardes du corps. Mais c’était avant…
Depuis trois mois, le secrétaire général de la CGT est de toutes les manifs pour le retrait du projet de loi travail, bras dessus bras dessous avec Jean-Claude Mailly, son ex-frère ennemi de FO. Il est omniprésent sur les chaînes de télévision et les radios. Quand, le 21 mai, il va saluer ses camarades qui bloquent un dépôt pétrolier à Haulchin (Nord) et se fait photographier en train de jeter un pneu dans le brasier du piquet de grève, il est assailli par des militants qui veulent faire des selfies avec lui.
A la tête de la CGT depuis février 2015, Philippe Martinez, 55 ans, incarne la résistance à un pouvoir « dit de gauche » qui a trahi ses électeurs en voulant « casser le code du travail ». Nicolas Sarkozy et François Hollande, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. S’il a hésité sur le champ de bataille, songeant d’abord à porter le fer sur l’emploi et le pouvoir d’achat, voire sur sa revendication fétiche de la semaine de 32 heures, il a vite opté pour la lutte contre la « loi travail » qui lui a permis d’aborder son congrès confédéral, du 18 au 22 avril à Marseille, dans une posture combative. »
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Philippe Martinez est le premier fils d’immigrés, espagnols en l’occurrence, à la tête de la CGT. Sa mère était femme de ménage et son père a combattu comme volontaire dans les Brigades internationales. Il naît le 1er avril 1961 à Suresnes (Hauts-de-Seine) et fréquente l’école Robespierre et le collège Les Bons Raisins, à Rueil-Malmaison. Il en hérite cet accent parigot dont il joue avec délice, l’air bourru et économe en sourires. En 1982, il est embauché comme technicien chez Renault à Billancourt, avant d’être muté au centre de recherche sur les moteurs à Rueil-Malmaison.
Délégué du personnel CGT dès 1986, il exerce les fonctions de délégué syndical central du groupe Renault de 1997 à 2004. Il s’engage dans les luttes, notamment contre la fermeture du site de Vilvorde en Belgique, et évite de se compromettre avec ses patrons, ne répondant jamais aux vœux annuels du directeur des relations sociales et refusant d’aller visiter avec « les tauliers » les sites de Nissan au Japon. Mais il fait partie de l’équipe de football de la firme, avec le dossard numéro 10. « Le seul point commun entre Martinez et Valls, s’amuse un proche, c’est leur amour du foot et du Barça [le club de Barcelone]. » Il reste fier de son entreprise et figure toujours dans ses effectifs, au point que le président de la fédération CFTC de la métallurgie, Joseph Crespo, l’a interpellé pour savoir « si on lui retire ses jours de grève »…
Elu secrétaire général de la fédération de la métallurgie CGT en mars 2008, il s’oppose à Bernard Thibault au comité confédéral de mai 2012 (où ce dernier sera mis en minorité sur sa succession), votant contre la désignation de la « dauphine » Nadine Prigent. En mars 2013, au congrès de Toulouse, il entre à la commission exécutive confédérale tandis que Thierry Lepaon est élu secrétaire général de la CGT. Commence ensuite une longue histoire qui va conduire Philippe Martinez à la tête de la centrale par effraction. Quand éclate l’affaire Lepaon, mis en cause pour les travaux entrepris dans son logement de fonctions et dans son bureau, il négocie un accord lors d’une réunion secrète le 3 décembre 2014. Sa fédération l’a mandaté pour demander la démission de Thierry Lepaon mais ce dernier obtient son soutien en échange d’une promesse de lui succéder en 2016. Philippe Martinez marche dans la combine avant de le lâcher.
Le 13 janvier 2015, lors du comité confédéral qui suit la démission de Thierry Lepaon, Philippe Martinez subit un camouflet. Avec 57,5 % des voix, il ne franchit pas le seuil des deux tiers des votants requis pour être secrétaire général mais il est désigné pour piloter un collectif chargé de préparer une session de rattrapage. Une faveur qu’il obtient grâce à une manœuvre qui conduit l’union départementale du Nord et la fédération de la santé, dont la secrétaire générale, Nathalie Gamiochipi, est sa compagne, à voter pour lui alors qu’elles étaient mandatées pour voter contre.
Qu’importe ! Le lendemain, il convoque la presse comme s’il était bien élu. Il s’installe dans le bureau de Thierry Lepaon au huitième étage du siège de Montreuil et se rend – sans cravate comme à son habitude –, aux vœux pour les partenaires sociaux à l’Elysée. Il devra toutefois attendre le 3 février pour être enfin promu avec 93,4 % des suffrages. Seule la fédération de la construction, dont l’ancien patron, Eric Aubin, avait postulé pour succéder à Bernard Thibault, vote contre. Le 27 mars, la fédération de la santé évince purement et simplement Nathalie Gamiochipi.
Une ligne d’opposition radicale
Peu à peu, Philippe Martinez, surnommé dans la CGT « Tapioca », comme le général de Tintin, ou « Zapata » comme le révolutionnaire mexicain, impose sa marque. Il part en guerre contre la « sur-institutionnalisation » des syndicats, reprochant au patronat de vouloir en faire « un syndicalisme délégataire » ou une « caste d’experts ». Il prône « une démarche permanente de consultation des salariés », présente la CGT comme un syndicat « qui conteste, propose, agit, négocie ». Dans une interview au Monde du 22 septembre 2015, il proclame que « le syndicalisme, par essence, est réformiste ». Mais il incarne vite une ligne d’opposition radicale au gouvernement.
Vent debout contre la proclamation de l’état d’urgence après les attentats terroristes du 13 novembre 2015, il se flatte d’avoir « un discours à contre-courant », une preuve de « modernité ». « Il est raide, difficile à cerner, imprévisible », note un dirigeant. « Il est colérique, ajoute un autre, même s’il peut être drôle dans l’intimité. » « Il est sûr de lui et assez fin manœuvrier, souligne Pierre Ferracci, expert du social et président du groupe Alpha, cabinet conseil dans les relations humaines et les conditions de travail. Il a réussi à souder la maison en peu de temps malgré les 30 % qui trouvent qu’il ne va pas assez loin. »
ABATTOIRS : « DANS LA TUERIE, L'OUVRIER EST LA SEULE MACHINE QUI NE FAIT PAS DE BRUIT »
Stéphane Geffroy travaille depuis 25 ans à l'abattoir de Liffré, près de Rennes. Avant son audition, la semaine prochaine à l ‘Assemblée nationale, il raconte son quotidien dans un livre. Sans filtre, entre condition animale et condition humaine.
D'une voix calme, timide presque gênée, Stéphane Geffroy raconte. Avec des mots souvent crus, il parle de se son quart-de-siècle passé dans l'abattoir de Liffré. Là, derrière l'image policée dépeinte par la grande distribution, il donne à voir, à sentir, à toucher, les conditions de vie et de mort des animaux, mais aussi les conditions de travail des ouvriers.
Un "pion qui doit rester à sa place"
L'odeur, d’abord. Ce mélange de lait caillé, de bouses, de sang, de peau brûlée... Une odeur acide, âcre, qui s’imprègne.
Le bruit, aussi. Les "clic-clic" métalliques, les chaînes et les scies électriques imposent leurs sons, leurs rythmes. "Dans la tuerie, glisse-t-il, l'ouvrier est la seule machine qui ne fait pas de bruit".
Les cadences, enfin. En moyenne, une minute et quinze secondes par bête.
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Jean-Emmanuel Ray, Université de Paris I-Sorbonne : « La loi Travail opère un bon équilibre entre droit du travail et droit à l’emploi, mais passe un peu vite sur les effets du tsunami numérique en cours »
« Au-delà de l'opposition à la loi El Khomri, qui constitue « une caricature de notre incapacité à négocier des compromis et à sortir des postures faciles et du tout ou rien », ce spécialiste du droit du travail pointe la nécessaire refonte des grands principes qui régissent le salariat depuis le XIXe siècle. Les nouvelles technologies sont passées par là.
C’est un lieu commun de le dire : la réforme du Code du travail, dite Loi Khomri, s’est en grande partie brisée sur les conservatismes. La faute au pouvoir politique qui n’a pas su en dégager le sens profond. La mission n’avait pourtant rien d’impossible, car il est dans la nature même du droit du travail d’être au point d’équilibre entre protection des travailleurs et efficacité économique. Or à l’examen, selon le professeur de droit Jean-Emmanuel Ray, le projet de loi adopté lors du Conseil des ministres du 24 mars entre deux manifestations répond à cette exigence en opérant “un bon équilibre entre droit du travail et droit à l’emploi”. Mais au-delà de la “bouffée d’oxygène” à donner aux outsiders pour leur ouvrir plus facilement les portes des entreprises, notre droit du travail doit aussi intégrer l’impact des nouvelles technologies et des changements de mentalités. Ces évolutions débouchent en effet sur des relations de travail de plus en plus basées sur la “confiance” et non plus sur “l’autorité”. Un vrai défi d’adaptation que le projet de loi aborde “trop vite” au goût de Jean-Emmanuel Ray.
Michel Rocard: « Le risque de la fin du PS existe »
L’ancien Premier ministre Michel Rocard, père de la deuxième gauche, s’inquiète pour l’avenir de la France et… de la gauche. Il estime en revanche que Manuel Valls a trop misé sur cette loi travail mais qu’il ne doit pas démissionner.
- Cette crispation est-elle la faute du gouvernement, du Medef, des syndicats?
C’est d’abord la faute à l’Histoire de France. La France n’a jamais appris à discuter avec elle-même. C’est une très grave fragilité, une terrible faiblesse pour notre pays. La crise actuelle montre aussi que le gouvernement n’a pas su mener les négociations jusqu’au bout. Mais les partenaires étaient-ils prêts? La responsabilité est partagée par tous.
- Quel est l’objectif de la CGT?
La CGT est la mère des syndicats, elle en est la matrice. C’est une organisation plus que centenaire mais qui ne sait plus se faire respecter, qui n’a plus d’inspiration. Elle est donc en recherche d’identité et de prestige. Et elle ne sait le faire qu’à travers sa grande tradition de hurlement de slogans. Or les intérêts qu’elle défend sont minoritaires. L’opinion doit lui faire sentir que trop c’est trop pour qu’elle réalise que la sortie nécessaire suppose la reprise du dialogue. Mais la CGT n’est pas la seule coupable, elle amplifie juste les conséquences du désaccord dont elle n’est pas à l’origine.
- Peut-on réformer la France?
Il faut arrêter de penser que toute réforme doit passer par la loi. Le problème de la loi Travail, c’est justement que c’est une loi: ce qui régit la négociation entre les salariés ne devrait pas relever du pouvoir législatif mais de conventions ou d’accords. Pour cela, le patronat doit commencer par changer son comportement. Lui, mais aussi les syndicats ouvriers, doivent faire l’apprentissage de la négociation. C’est une absolue priorité que l’Etat doit encourager. Ce dernier doit également apprendre à se substituer le moins possible aux partenaires sociaux.
Et puis une pensée pour nos aïeux dans les tranchées « Nous ne mangeons que d'une dent, ne nous asseyons que d'une fesse... »: Jouvet au front
Infirmier de 1914 à 1917, Louis Jouvet ne cessa d'écrire à Jacques Copeau, son « bon patron », depuis l'enfer des tranchées. Extraits.
« En 1914, Louis Jouvet a 27 ans. Engagé comme infirmier, promu pharmacien auxiliaire, il fera la bataille de la Somme. Malade, épuisé, il sera évacué et affecté en février 1917 à l'infirmerie régimentaire du 1er groupe d'aviation de l'aérodrome de Saint-Cyr. En octobre, il partira rejoindre Copeau aux Etats-Unis. »
Les pages parmi les plus émouvantes sont celles où l'on côtoie le soldat Jouvet au plus sombre des nuits et des jours. Il chasse les rats, traque les poux et les puces.
Frigorifié au point de se faire «l'effet d'avoir la matière cérébrale en gelée de veau», il manie «les thermomètres, les urinaux, les bassins, le coton, les pinces, l'eau bouillie - et la teinture d'iode», mais ne rêve que pendillons, lanternes, maquettes, commedia dell'arte. Il écrit même le scénario d'une farce intitulée «le Malade, la Maladie et le Médecin»...