« Trancher entre l'humour et l'injure, l'information et la diffamation... Telle est la mission de la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris. »
La chambre des libertés par Pascale Robert-Diard, l’une des plus fines plumes de la chronique judiciaire dans M le magazine du Monde du 29.11.2013.
Oui, votre serviteur, le 9 juin de l’an 2016, va entrer dans « Le plus grand salon de la vie parisienne a des boiseries claires, un vieux parquet qui craque et de hautes croisées lumineuses ouvrant sur la Seine. Ecrivains, philosophes, comédiens, responsables politiques, animateurs de télévision, chanteurs, humoristes, psychanalystes, journalistes ou patrons de presse se succèdent ou s'affrontent sur ses bancs. Au froissement des vanités se mêlent les soubresauts de l'Histoire et le tumulte des passions nationales. L'entrée est libre. Il suffit de franchir le portique du Palais de justice de Paris et de pousser la porte de la 17e chambre. Ici, siège le tribunal des mots. Mots imprimés ou lancés dans un lieu public, mots qui accusent, désignent, blessent ou injurient. Mots qui révèlent, aussi. »
J’espère bien y croiser « Le fantôme du procureur impérial Ernest Pinard qui, en 1857, avait requis la condamnation de Flaubert pour "outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs" après la publication de Madame Bovary et obtenu quelques mois plus tard celle de Baudelaire pour Les Fleurs du Mal hantait encore les couloirs du Palais de justice. »
Ce sera la seconde fois que je monterai les marches du Palais de Justice de Paris, ma précédente visite date de 1980, où j’étais venu assister le coursier de l’Office du Vin, dont j’étais le secrétaire-général, lors de sa comparution immédiate pour de petits larcins alors qu’il était déjà sous le coup d’un sursis. Une comparution immédiate permet au procureur de faire juger un prévenu immédiatement après sa garde à vue. C’est la justice la plus expéditive, où le prévenu en prend un max sans moufter en général. Ça m’a marqué à tout jamais.
Le 9 ce sera une autre paire de manches « Justice de luxe au service du dérisoire », persiflent les uns, raillant les heures passées à soupeser le poids d'un adjectif au regard des misères ordinaires qui s'exposent et se jugent à la va-vite dans les chambres voisines, « coeur nucléaire de la démocratie », affirment les autres, la chambre de la presse et des libertés publiques occupe une place à part dans l'institution judiciaire. « Un îlot d'excellence », soulignent ceux qui, comme Thierry Lévy, Henri Leclerc, Georges Kiejman, Richard Malka ou Jean-Pierre Mignard ont usé leur robe sur ses bancs. »
À qui dois-je ce privilège ?
À la Jeanne Hachette des petits producteurs plus connue sous le nom de Saporta Isabelle.
Le 29 avril 2016, au matin, un huissier, audiencier au TGI de Paris, a carillonné en bas de chez moi pour me porter en mains propres une citation à témoin, dans la procédure en diffamation engagée par Hubert de Boüard de Laforest concernant l’ouvrage «Vino Buiseness» écrit par Isabelle Saporta et paru aux éditions Albin Michel en mars 2014. Coût de l’opération 54,08 euros dont 9,1 de TVA.
Mon seul souci à l’heure où j’écris concerne mon « dress code » comme on dit sur les cartons des pinces-fesses chic où se pressent certains et certaines de mes collègues blogueurs ou des « journalistes » stipendiés.
J’hésite encore entre l’allure gentleman-farmer sans les bottes blanches et le petit sécateur ou la dégaine 68 hard chic, jean-chemise ouverte-bourgeron Adolphe Laffont. Bien évidemment avant de trancher je consulte mes conseillères en communication. Vous verrez bien mes loulous !
En effet, je compte bien que vous viendrez nombreux à cette audience contrebalancer la présence des groupies adoratrices de notre cher Hubert qui ne manqueront pas de venir le soutenir.
C’est à 13h 30, comme quoi dans notre vieux pays la justice ne chôme pas elle bosse à l’heure du déjeuner des bons français.
Quand à vous dire ce que je vais dire, n’y comptez pas, ma vieille expérience des tribunes de congrès d’agriculteurs en colère m'a enseigné qu’il fallait adapter sa stratégie en fonction de l’atmosphère.
Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?
Bien évidemment je dirai toute la vérité, rien que la vérité, la mienne bien sûr mais étayée sur ma petite expérience des coulisses de la décision dans notre République un peu secouée dans la crédibilité de ceux qui nous ggouvernent par les temps qui courent.
À vous voir donc chers amis le 9 Juin à 13h30, c’est au 10 boulevard du Palais dans le 1er arrondissement.