C’est devenu un marronnier sur les réseaux sociaux que de vilipender «nos élites » de tout poil en se drapant dans l’oriflamme du vrai peuple, plus précisément en proclamant : je suis le peuple. En fait, ce n’est qu’un vieux remake du bon vieux léninisme. Ils se proclament l’avant-garde de ce peuple, cette couche consciente et avancée de ce qu’on nommait de mon temps la classe ouvrière.
Mais de nos jours la classe ouvrière s’est éparpillée entre les deux extrêmes, on ne la voit guère place de la République, ni dans les manifs, quand on pense à FO on se gondole, alors il est fait référence au peuple, c’est simple, pratique, fourre-tout, abstrait.
Ce fameux peuple fantasmée mais où était-il donc hier au soir ?
En grande majorité scotché devant sa télé, sur France2 qui plus est, pour regarder le plus ringard, le plus kitch (ça fait plus chic), le plus stupide, le plus grossier des concours télévisés : l’Eurovision de la chanson.
C’est du beau et du vrai bashing « C'est l'un des sports favoris en France – y compris à la rédaction de France tv info : se gausser de l'Eurovision (...) Des paroles aux costumes, rien n'est épargné aux participants. »
Sans jouer les Ponce-Pilate, je ne me situe dans aucun des camps car, comme je ne regarde plus la télé, je n’aurai pas l’outrecuidance de porter un jugement sur la qualité de ce concours.
Les journalistes du site de France TV info, eux s’interroge : « Pourtant, si on prête l'oreille, le concours de chant est une affaire très sérieuse. Si sérieuse que les soubresauts géopolitiques du continent se ressentent parfois à l'antenne. »
Avant de leur céder la parole, un petit peu d’HISTOIRE :
Je crois que la dernière fois que j’ai regardé à la télévision le concours de l’Eurovision ce fut l’année où Si France Gall a gagné en 1965 avec Poupée de cire, poupée de son, signé Serge Gainsbourg. C’était en noir et blanc, j’étais étudiant à Nantes, je trouvais la chanson débile, gnangnan, mais ce ne fut pas une victoire tricolore elle représentait le Luxembourg.
La dernière victoire française remonte à 1977. Marie Myriam avait séduit les téléspectateurs des pays participants avec L'oiseau et l'enfant, un classique du genre signé Joe Gracy et Jean-Paul Cara.
Presque 40 ans de vaches maigres, notre orgueil national en pâti et, croyez-moi, dans ce peuple assis devant sa télé, son écran plat bien sûr, ça le désole. Il est cocardier le peuple. Il chante « on a gagné » lorsqu’un quelconque équipe de France décroche le cocotier mais « ils ont perdus » quand les mêmes rentrent la queue entre les jambes.
« Créé en 1956 par sept pays dont la France, le concours de l'Eurovision a très vite gagné de l'importance puisque plusieurs pays ont rapidement proposé leur participation dès la deuxième édition. Dix en 1957, ils sont désormais au nombre de quarante-deux. Seuls les pays membre de l'UER (l'Union européenne de radio-télévision) peuvent y participer, ce qui explique que des pays n'appartenant pas géographiquement à l'Europe y participent. C'est le cas des pays du Maghreb et de l'Israël par exemple. A sept ou dix, les pronostics n'étaient pas aussi difficiles à faire, et les chances pour les artistes français de l'emporter plus grandes. Pas étonnant qu'il y en ait donc quatre qui aient su tirer leur épingle du jeu durant les vingt premières années. Le premier Français à être arrivé en tête n'est autre qu'André Claveau, avec sa chanson « Dors mon amour », en 1958. Inconnu de la nouvelle génération, André Claveau était l'un des artistes les plus plébiscités dans les années 50. »
La France triomphe en 1960 et 1962
« Presque consécutivement, la France remporte l'Eurovision en 1960 et 1962. Jacqueline Boyer a fait chavirer le cœur des Européens avec sa chanson Tom Pillibi, écrite et composée par Pierre Cour et André Popp.
À Luxembourg, en 1962, c'est Isabelle Aubret qui s'imposait avec Un premier amour. En remportant le concours, la carrière d'Isabelle Aubret décolle. Connue également comme championne de gymnastique (1952), elle fut repérée par Jean-Ferrat qui lui offrait en 1963 les premières parties de sa tournée. Le poète lui a même donné quelques titres qu'il devait initialement interpréter lui-même. Aussi soutenue par Jacques Brel, la chanteuse a connu un rayonnement international au cours des années 70 et 80. L'artiste n'a jamais cessé de chanter depuis. Elle publiait l'année dernière un coffret regroupant ses reprises de Jean Ferrat. »
« Il faut attendre 1969 pour voir la France monter sur le podium pour la quatrième fois. Seulement, les règles n'étaient pas tout à fait les mêmes : ils furent quatre lauréats cette année-là. C'est la seule et unique fois que cela s'est produit. La Française Frida Boccara a alors terminé à égalité avec Lulu (Royaume-Uni), Lenny Kuhr (Pays-Bas) et Salomé (Espagne), avec le titre Un jour, un enfant. Et huit ans plus tard, donc, Marie Myriam devient la dernière à s'imposer. »
Depuis, on a tout essayé On a tout essayé, même avec de belles pointures : « En 1988, Gérard Lenormand n'avait pas fait mieux que 14ème avec son "Chanteur de charme". Patrick Fiori chantait "Mama Corsica" en 1993 tandis que beaucoup d'espoirs reposaient sur Patricia Kaas en 2009. »
Au final, et parce que la France fut un des premiers pays organisateurs de l'Eurovision, elle termine deuxième au palmarès des pays ayant remporté le plus de victoires. Cinq au total, contre six pour l'Irlande.
À l'occasion de la finale de la 61e édition, France tv info vous raconte six histoires qui montrent que l'Eurovision est un rendez-vous beaucoup plus sérieux qu'il n'y parait. Lire ICI
1974 : le Portugal fait sa révolution avec l'Eurovision
1993 : les Bosniaques risquent leur vie pour participer
2000 : les Israéliens veulent faire la paix avec la Syrie
2005 : le Liban abandonne pour ne pas diffuser la prestation d'Israël
2009 : l'Arménie nargue l'Azerbaïdjan à distance
2016 : l'Ukraine évoque la Crimée, annexée par Moscou
Palmarès des 10 dernières années
Depuis 2005, pas un seul pays n’a gagné le concours de l’Eurovision deux fois de suite. Il y a dix ans, c’est la Grèce qui a remporté la victoire avec l’artiste Helena Paparizou et sa chanson My number one. Vient ensuite en 2006 le groupe de hard rock finlandais Lordi et son titre Hard Rock Hallelujah. En 2007, la Serbie se place en tête du classement avec la chanson Molitva interprétée par Marija Serifovic. Puis en 2008, c’est au tour de la Russie de faire une apparition remarquée dans le concours de l’Eurovision grâce au titre Believe chanté par Dima Bilan. On retrouve ensuite en 2009 la Norvège, qui a enregistré le plus de points avec la chansonFairytale, interprétée sur scène par Alexander Rybak. En 2010, l’Allemagne revient dans la course avec le tube Satellite de la chanteuse Lena Meyer-Landrut. C’est lors du concours organisé en 2011 que l’Azerbaïdjan remporte pour la première fois l’Eurovision avec le titre Running Scared interprété par Ell & Nikki. Arrive ensuite en 2012 la Suède et la chanson Euphoria chantée par l’artiste Loreen. En 2013, le Danemark se démarque avec le tube mélancolique Only Teardrops de la chanteuse Emmelie de Forest. En 2014, le monde entier fait la connaissance de Conchita Wurst, l’artiste autrichienne qui a fait sensation en chantant Rise like a phoenix,titre qui n’est pas sans rappeler Skyfall d’Adele. Enfin en 2015, c'est le chanteur suédois Mans Zelmerlow qui a fait sensation auprès du public européen avec son titre "Heroes".
Dans une interview accordée au site puremedias, la chanteuse Marianne James, qui se chargera de commenter la finale de l'Eurovision 2016 samedi soir en direct sur France 2 aux côtés de Stéphane Bern, a expliqué qu'Amir Haddad pouvait gagner : "Si on frôlait le podium, je crois que les choses changeraient, oui. Et c'est possible ! Je rêve d'être dans les trois premiers. Si on arrive dans le top 5, je serai très heureuse. Le niveau est exceptionnel, derrière Israël, derrière l'Arménie, l'Ukraine, la Russie, la Belgique, la Bulgarie..."