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Il était plus qu’évident que le vice-federale Pasquinotto avait passé l’arme à gauche parce que c’était une mauviette, comme tous mes fascistes, ajouta une voix, et pas parce que le, disons, poing d’Oriana était doté d’une puissance particulière.
Cette nouvelle thèse arriva aux oreilles du federale. Lequel, trois soirs plus tard, dépêcha un de ses sous-fifres à la Pension Ève avec ordre que la clientèle vide les lieux dans la demi-heure. Puis il apparut en uniforme, fit le salut romain devant Madame et annonça le regard fier :
« Je suis venu sauver l’honneur des fascistes. »
Il était accompagné d’une garde rapprochée de trois chemises noires. Mais le federale était disposé à s’exposer jusqu’à, un certain point. En effet, il ne demanda à Oriana que la demi-heure, et cette dernière, dûment chapitrée par Madame, ne fit pas d’histoires.
Trente-cinq minutes plus tard, le federale sortait de la chambre d’Oriana, un sourire aux lèvres. Il se montra à la rambarde devant ses hommes, qui se levèrent d’un bond et se figèrent au garde-à-vous.
« Mission accomplie. Saluons le Duce !
- A noi ! »
Le federale descendit la première des dix marches qui menaient au salon, puis il vacilla, porta une main à son cœur, s’effondra et dégringola les neuf autres, s’arrêtant inerte au pied de l’escalier.
Le docteur Sciacchitano réussit à le réanimer, mais ordonna qu’on le conduise dare-dare à l’hôpital.
L’incident se sut et acheva de jeter le discrédit sur les fascistes locaux.