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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 08:40
Simple contribution à la journée d’action contre la loi El Khomri, Wal-Mart créateur de pauvres, qui d’entre nous peut se dire indemne de contribuer à la perversité du système ?

Cette chronique est une simple et modeste contribution et non une prise de position. Le chômage est qualifié, à juste raison, de cancer, mais pour tenter d’éradiquer, de faire reculer un tel fléau multiforme il indispensable d’aller au-delà des symptômes, de seulement faire chuter la fièvre, pour rechercher où se situent ses racines profondes.

 

Le 2 juin 2009 dans une chronique j’écrivais :

 

« En ce temps de récession, donc de chômage partiel, de perte d’emplois, de non accès massif des jeunes à l’emploi, l’accélération de l’appauvrissement d’une partie de la population devrait nous inciter à réfléchir sur les effets économiques et sociaux du modèle de distribution discount, c’est-à-dire la recherche continuelle et obsessionnelle du prix bas. Ne serait-ce pas une fuite en avant, une spirale mortifère qui fabrique des pauvres en prétendant leur apporter une réponse à la faiblesse de leur pouvoir d’achat ? L’examen du cas Wal-Mart, la plus grande entreprise de distribution du monde me semble du plus grand intérêt. »

 

Le 27 mars 2014 je récidivais :

 

« L’alimentaire devient secondaire, les vêtements de tout prix ne sont plus fabriqués ici, le logement est hors de prix dans les métropoles, les dépenses des technologies de la nouvelle économie s’enflent et leurs produits viennent des BRICS, on délocalise, nous nous appauvrissons lentement et sûrement…

 

Nous ne sommes pas, ou pas encore un pays pauvre mais que, nous l’acceptions ou non, nous vivons au-dessus de nos moyens. Notre goût immodéré pour la victimisation, la faute des autres, a fait prospérer une classe dirigeante molle, ne vivant que pour elle-même, qui se contente de brosser les corporatismes dans le sens du poil, de promettre, d’attiser nos contradictions, de ne pas être exemplaire. L’impopularité n’est pas un bien grand mal si elle est la contrepartie de choix douloureux mais salutaires. Ce n’est qu’un mal nécessaire dans les temps difficiles et ce serait la preuve que la politique pourrait transcender les égoïsmes et les calculs à courte-vue. »

 

Qui est Wal-Mart ?

 

« Créée il y a moins de 50 ans par Sam Walton et son frère Bud, cette compagnie originaire de Bentonville, Arkansas, est aujourd’hui l’entreprise du monde la plus rentable. Avec un chiffre d’affaires supérieur à 300 milliards de dollars par an, Wal-Mart a des revenus plus élevés que ceux de la Suisse. Elle a ouvert plus de 6000 énormes supermarchés dans le monde, dont 80% sur le seul territoire américain. Dans le domaine de la Grande Distribution, Wal-Mart n’a pas de rival sérieux […] Elle fait travailler plus de 1,9 million de personnes dans le monde, et est le plus grand employeur privé du Mexique, du Canada et des Etats-Unis. Elle importe plus de produits manufacturés chinois que le Royaume-Uni ou la Russie. Elle a prévu que son chiffre d’affaires augmenterait s’un milliard de dollars par an au cours de la prochaine décennie […]

 

La Philosophie de Wal-Mart

 

Wal-Mart prétend « que la pression qu’il exerce sur les prix contribue à l’élévation du niveau de vie de toute la population américaine, faisant économiser chaque année 100 milliards de dollars aux consommateurs, quelque chose comme 600 dollars par an pour une famille moyenne »

 

« Ces économies sont vitales pour des millions de familles aux revenus faibles ou moyens qui ont du mal à boucler les fins de mois » affirme le PDG de Wal-Mart H. Lee Scott. » Concrètement, c’est comme si elles recevaient de l’argent chaque fois qu’elles viennent faire leurs courses chez nous. »

 

Air connu, chanté chez nous par les laudateurs des prix bas. Démonstration tirée d’un petit ouvrage : WAL-MART L’ENTREPRISE MONDE Nelson Lichtenstein &Susan Strasser (universitaires américains) éditions les Prairies Ordinaires datant de 2006 et publié en France en mars 2009.

 

 

Wal-Mart un géant de la production

 

« Wal-Mart n’est donc pas seulement un énorme détaillant, mais aussi, et de plus en plus, un géant de la production qui en a toutes les caractéristiques sauf le nom.

 

La firme a installé son proconsul asiatique à Shenzhen, épicentre chinois de l’exportation de produits manufacturés. Une «équipe de 400 personnes y coordonne l’achat de quelques 20 milliards de dollars de produits fabriqués en Asie du Sud. Grâce à sa connaissance intime du processus de production et à son immense pouvoir d’achat et de négociation, Wal-Mart a transformé ses 3000 fournisseurs chinois en simples « preneurs de prix » (price takers), plutôt qu’en partenaires, en vendeurs ou en décisionnaires oligopolistiques. Bien que la majorité de ces fournisseurs restent petits et sous-capitalisés, un nombre croissant d’entre eux président aux destinées d’entreprises d’une taille prodigieuse. Par exemple, Tue Yen Industrial, un fabricant de chaussures basé à Hong-Kong, emploie plus de 150 000 personnes à travers le monde, la dans des usines fabriquant des produits bon marché dans le sud de la Chine. À Dongguan, le complexe industriel regroupe plus de 40 000 ouvriers, et l’usine géante de Huyen Binh Chanh, au Vietnam, en fait travailler 65 000, ce qui en fera bientôt le plus grand lieu de rassemblement de travailleurs au monde. »

 

Wal-Mart créateur de pauvres

 

« Le marché du discount repose sur une attention continuelle et quasi-obsessionnelle aux salaires et au coût du travail. Les discounters doivent avoir un turnover deux ou trois fois supérieur à celui des enseignes traditionnelles […] pour atteindre un profit équivalent. Quant à la vitesse de rotation des stocks, elle s’explique par des marges étroites, lesquelles exigent en retour que la part du coût de la main-d’œuvre ne dépasse pas 15% du total des ventes ; c’est-à-dire environ la moitié de ce que ce coût représente dans les supermarchés traditionnels. Et c’est Wal-Mart qui est aux avant-postes de ce marché du discount, avec des dépenses liées aux ventes et à l’administration générale – principalement des salaires – environ 25% moins élevées que (les autres géants de la distribution). En 1958, quand les emplois industriels étaient trois fois plus nombreux que ceux de la distribution, l’impact de cette pression à la baisse sur les salaires serait sans doute resté limité. Aujourd’hui, alors que le nombre d’employés de la grande distribution dépasse celui des travailleurs de l’industrie, ce sont des dizaines de millions de salariés qui sont touchés par la baisse des revenus. »

 

Une tromperie caractérisée

 

Les mots les plus durs proviennent de la FNIL (Fédération nationale de l'industrie laitière) qui ne s'embarrasse pas du politiquement correct. Selon elle, les distributeurs se targuent d'avoir maintenu les prix sur le lait de consommation de marques nationales, qui ne représente que 2,9 % du lait collecté en France. En déduire que le prix du lait payé aux éleveurs laitiers français va se maintenir en 2016 est « une tromperie caractérisée », avertit-elle. En cause : des baisses de prix importantes demandées aux marques de distributeurs (21 % du lait français) et sur les autres produits laitiers : fromages, beurre et ultra-frais. « Sous couvert d'une prétendue solidarité avec les producteurs français, les distributeurs profitent pleinement des excédents considérables de lait sur le marché européen pour faire baisser les prix des produits laitiers de grande consommation », conclut la fédération. D'autant que 35 % du lait collecté en France est transformé en poudres et beurre industriel dont les prix de marché continuent de baisser (23 centimes par litre de lait en 2015).

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commentaires

P
Bravo Taulier, ça c'est de la chronique ! Roborative et tonique ! Et que je ne te l'envoie pas dire ! Et avec de l'humour ,noir peut être, mais de l'humour quand même " Wal-Mart créateur de pauvre " ! Je pense aux louanges extatiques de certains devant les performances mondiale de l'Allemagne à l'export. Ils exportent tout, mais oui, mais oui, même leur chômage ! Quand aux fournisseurs de la GD complice actif, ils forcent sur la pub et la stabilité des prix, merci O bons apôtres qui en catimini diminuent les quantités de produit dans leurs emballages aussi grotesques que polluants . Heureusement qu'il existe des journaux à qui on la fait pas "Que Choisir" par exemple ou l'excellent " Alternatives économiques " ( en plus une scoop ! ) Allez tout n'est pas perdu !
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A
Un discours rare sur nos ondes publiques !
Répondre

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