Ce temps mou qui pèse sur janvier épuise le vieil arbre que je suis, il me faut hiberner pour perdurer et je n’en finis pas de me noyer dans le lac de ses yeux.
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire…
Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août…
Tenir bon, lutter contre l’ivresse des profondeurs, contenir les errements de mon cœur, surtout ne pas m’apitoyer sur mon sort… m’en tenir à ce que je puis espérer.
Écrire !
M’immerger dans mon roman !
« Le matin nous allions à vélo, par le sentier côtier, jusqu'à l'anse des Vieilles. Au soleil levant l'eau, d'une extrême transparence, semblait de pur cristal. Marie l'intrépide s'y plongeait sans la moindre hésitation et, de son crawl fluide et silencieux, elle filait vers le large. Moi je m'adossais à la pente sableuse pour lire. De temps à autre je relevais les yeux pour repérer le point blanc du bonnet de bain de ma naïade favorite. La montée du soleil m'emplissait d'une douce chaleur mais je ne pouvais réchauffer la pointe d'angoisse qui ne disparaîtrait que lorsque Marie serait de nouveau à portée de ma brasse minable. L'océan, avec ses airs paisibles, me déplaisait. Je connaissais sa nature profonde, charmeuse et hypocrite comme celle de tous les puissants. À la fin juillet, en un accès de rage soudain, de ses entrailles obscures, il avait enfanté une tempête féroce. Avec Marie, blottis dans la faille d'une falaise, à l'abri du vent et des embruns, pendant des heures, nous nous étions grisés de ses outrances, puis dans le grand lit de la Ferme des Trois Moulins, ce soir-là, pour conjurer ma peur, j'avais pris Marie avec une forme de rage désespérée. Après, blottie dans mes bras, elle m'avait dit « tu m'as baisée mon salaud et c'était vachement bon...»
« Quand nous discutions, et surtout lorsqu'elle se passionnait, Marie jouait en permanence avec le troisième bouton de ses corsages ; j'adorais ce geste léger, instinctif. Voulait-elle le défaire ou vérifiait-elle qu'il fût bien en place ? Balancement ou équilibre, je fixais le jeu de son pouce et de son index avec volupté. Parfois, dans le feu de la conversation, la barrière du troisième bouton tombait, les pans du corsage s'entrouvraient, découvrant la naissance de la gorge de ses seins. Je la désirais alors, avec une force brutale que je réfrénais. Souvent je me levais pour lui caresser la nuque. Sentir au bout de mes doigts le grain si fin de sa peau m'apaisait. Transfuser de sa chaleur adoucissait le tranchant de mon sexe de silex. Marie attrapait ma main. Je la laissais me guider. Elle me disait, « Benoît, m'aimeras-tu quand je serai vieille et que mes seins seront des petites pommes ridées ? » En enveloppant dans le creux de mes mains ses seins je lui répondais « nous ne serons jamais vieux ma belle car nous vieillirons ensemble... »
L’actualité me rattrape par la manche en se mêlant à mes souvenirs :
MÉLENCHON : « C’était un bonheur de travailler avec le vieux comme chef de meute. » dans la revue Charles
« Évidemment, quand vous avez sous les yeux un François Hollande, vous pouvez vous dire que l'arrivée au pouvoir de la 'gauche' ne change rien et que le résultat peut même être pire qu'avec la droite. Il faut guérir l'autre gauche de cette maladie pour qui l'exercice du pouvoir condamnerait à la compromission et à la déroute intellectuelle et morale. Ce n'est pas vrai »
Un jour, Mitterrand m’a dit au sujet de l’affaire Bousquet : «Je sais pourquoi ils nous parlent de ça : parce qu’ils veulent que les gens n’aient plus jamais confiance dans aucun d’entre nous. » Je pense qu’il avait raison. L’option de l’ennemi, c’est toujours de discréditer nos porte-drapeaux. Ici, il s’agit d’effacer les traces d’un séisme : le seul chemin révolutionnaire que l’on n’a jamais ouvert dans ce pays par une victoire électorale.
Les vétérans de la Mitterrandie conviés à dîner par François Hollande
« Après l'hommage, les bons souvenirs. Ultime étape de cette commémoration du décès de François Mitterrand, le grand dîner organisé ce vendredi soir par son successeur à l'Elysée. Un repas où sont conviés vétérans et jeunes pousses de la Mitterrandie. Parmi les anciens, les ex-ministres Robert Badinter, Louis Mermaz, Elisabeth Guigou et Dominique Bertinotti seront présents, auxquels s'ajouteront l'avocat Georges Kiejman et l'écrivaine Laure Adler. Ils dîneront aux côtés d'actuels ministres comme Laurent Fabius, Najat Vallaud-Belkacem, Christiane Taubira et Myriam El Khomri.
Ce repas est une étape traditionnelle des compagnons de route de l'ancien président de la République. Elle a lieu chaque année dans le XIVe, au restaurant de poisson la Cagouille, l'une des tables favorites de Mitterrand. Mais d'après Georges Kiejman, contacté par Le Scan, le clan «s'est dispersé depuis un certain temps». «Hormis quelques fidèles comme Bianco, Mermaz ou Mazarine (Pingeot, la fille de François Mitterrand, ndlr), je n'ai pas le sentiment qu'il s'agisse d'une communauté très soudée», ajoute-t-il. Cela n'a pas empêché François Hollande, l'an dernier, d'y faire une brève apparition. Cette année, le dîner se déroulera au sein même de l'Elysée. Une première, qui devrait offrir davantage de solennité à l'événement. L'ambiance, empreinte de nostalgie, sera propice à la réminiscence des convives, dont certains se sont côtoyés pendant plus de 20 ans, de campagnes électorales en congrès du Parti socialiste… »
Tout ce petit monde sent le rance et me permet de jeter un pont entre un temps où notre pays était sous la botte, occupé, vaincu, avec son lot de lâchetés ordinaires côtoyant l’héroïsme du quotidien. N’ayons jamais la mémoire aussi courte que les idées des héritiers d’une France s’adonnant à la collaboration pour des raisons tirant leurs racines d’une position sociale.
« Souvenons-nous que c’est dans cette France si catholique qu’il y a soixante-quinze ans, tant de gens, y compris la quasi-totalité des évêques et archevêques, exceptions faites de Messeigneurs Salièges (Toulouse) et Théas (Montauban), puis Gerlier (Lyon) et Delay (Marseille), ne virent aucun obstacle à ce que les juifs soient d’abord interdits de nombreuses professions, puis pourchassés, emprisonnés et finalement déportés.
Encore faut-il préciser que les quatre prélats en question ne parlèrent qu’à partir d’août 1942, c’est-à-dire après les premières déportations. Ils n’avaient jusqu’alors pas dit un mot contre les lois antijuives. À Noël 1944, le nouveau nonce à Paris, Angelo Roncalli, futur Jean XXIII, trouva sur son bureau la liste d’une quarantaine d’évêques identifiés comme collaborationnistes et pétainistes jusqu’à la dernière heure, dont le gouvernement français et son chef, Charles de Gaulle, pourtant fervent catholique, demandaient la démission. Rome ne voulait rien entendre, les choses traînèrent et, parce qu’il fallait bien que la vie reprenne, à l’été 1945, sept évêques partirent, trois démis par Rome, et quatre démissionnant de leur plein gré.
L’Église de France a voulu oublier, elle n’a jamais fait d’examen de conscience, à l’exception de la déclaration de repentance de Mgr Olivier de Berranger en 1997, à Drancy, laquelle lui a valu, d’ailleurs, de belles expressions de haine. Elle a oublié aussi que son « honneur » avait été sauvé par des prêtres, des religieux, des religieuses, des catholiques, hommes et femmes, qui, en toute désobéissance à l’égard de leur hiérarchie, s’étaient engagés et avaient sauvé des vies, parfois au prix de la leur. »
Témoignage Chrétien, la source de mon engagement...
Et puis, toujours devoir de mémoire :
« Ah, c’est donc ça ! Tout le chaos du Moyen-Orient vient de là! Tout ce sang qui imbibe le sol du désert, tout ce vent de haine qui soulève le sable d’Acre et de Damas! James Barr, historien anglais, professeur à Oxford, «visiting fellow» au King’s College, a repris toute l’affaire.
À partir de ce rapport secret, James Barr reconstitue l’enchaînement des faits. En 1916, deux diplomates, Mark Sykes et François Georges-Picot, établissent un traité qui partage le Moyen-Orient en deux zones, sur les ruines de l’empire ottoman. Ils s’y prennent simplement, les deux lascars: ils tirent une ligne droite depuis le «e» de «Acre» jusqu’au dernier «k» de «Kirkouk», soit depuis la Méditerranée jusqu’au Nord de la Mésopotamie.
Pas besoin de finasser : il suffit de suivre la voie de chemin de fer. Tombent dans l’escarcelle des Anglais la Transjordanie et l’Irak. Dans celle des Français, la Syrie, le Kurdistan et un bon pan de la Turquie. La Palestine, nécessaire aux intérêts de la Couronne (pour garder un œil sur le Canal de Suez), on verra plus tard. »