Le 9 janvier 1997 Catherine Coroller écrivait dans Libération :
« La Ligue de protection des oiseaux (LPO) ne décolère pas. Elle n'admet pas que l'ancien président François Mitterrand et l'actuel Premier ministre, Alain Juppé, aient pu manger des ortolans, oiseaux en théorie protégés. Elle vient d'ailleurs d'adresser une plainte à la Commission européenne afin que celle-ci engage une action juridique auprès de la Cour de justice de La Haye.
C’était après que Georges-Marc Benamou, auteur du Dernier Mitterrand, tout juste paru chez Plon, rapporte que François Mitterrand aurait mis des ortolans au menu de son réveillon du 31 décembre 1995, une semaine avant sa mort. «Pas de réveillon sans ortolans, avait fait savoir le président avant de partir pour l'Egypte, rapporte Benamou.
Faux réplique Jack Lang dans son Dictionnaire amoureux de Mitterrand : « J’aurais aimé qu’il en fût ainsi. Mais ce jour-là, Mitterrand n’est pas en état de faire honneur aux mets habituels. Il soutient comme il peut la conversation avec les uns et les autres qui viennent à ses côtés. »
Du côté d’Alain Juppé, alors Premier Ministre, dans une interview au magazine Elle du 23 décembre dernier, il met les pieds dans le plat. Non seulement il reconnaît, non sans une certaine complaisance, avoir mangé, dans une palombière, des pinsons à l'ail et au persil et des ortolans, mais il se justifie en arguant qu'il s'agit de «rites typiquement landais». «Ce qui est amusant au sujet des ortolans, c'est qu'il est interdit de les chasser et de les commercialiser, continue le ministre, mais, dans les bons endroits, on en trouve toujours»
Deux incises contemporaines :
- 16 % des Français souhaitent réveillonner avec Alain Juppé et le place en tête (16%) et s’il leur servait des ortolans ça ferait plaisir à un autre Alain, Bougrain-Dubourd bien sûr…
- L’actuelle chroniqueuse vineuse du magazine ELLE, lauréate 2014 de la RVF pourrait alors proposer un accord ortolans-vins...
Le Jack, amoureux fou de Tonton, avoue lui que « se délecter de produits en voie de disparition fait saliver. » et s’interroge : «Qui après nous pourra encore en manger? »
Égoïsme culinaire… très antiécologiquement correct… détestable et délectable à la fois… « … et Mitterrand ne boude pas ses plaisirs-là, ripailleurs et transgressifs, frondeurs et jouisseurs. »
Le portrait-robot tout craché du futur blogueur de l’année 2016 de la RVF !
Notre Jack conte :
« Au réveillon du premier de l’an, à Latché, il y a parfois des ortolans au menu. On est au cœur de la Gascogne. Il convient de sacrifier ces pauvres petits passereaux, migrants capturés alors qu’ils rejoignent pour l’hiver les terres chaudes du Proche-Orient et de l’Afrique, après un été en Europe. Ces volatiles pépieurs sont piégés par des matelotes et des appelants. Puis, on les engraisse pendant trois semaines avant de les estourbir à l’armagnac. »
Le « dealer » d’ortolans est Henri Emmanuelli, président du Conseil Général des Landes, qui a ses réseaux, ses fournisseurs et qui adore braver la sensiblerie parisienne qui s’offusque des mœurs des ensauvagés planqués dans leur palombière. » dixit Jack.
À cette lecture le futur blogueur de l’année 2016 de la RVF jouit !
François Mitterand peint par Derek Kostab Acrylic on canvas: 505mm x 505mm
« Ensuite, au de la table, les nez plongent dans les cassolettes. On ne se met pas à couvert d’une blanche serviette pour mieux exalter les saveurs. Cela fait un peu trop couleur locale et terroir immémorial pour la société savante et l’assemblée de civilités qui se réunissent dans la résidence secondaire du Président. »
Là, le futur blogueur de l’année 2016 de la RVF, tord le nez…
« Malgré tout, les fumets se concentrent, mêlant air de la forêt et ardeur du gibier. Il faut ensuite saisir à mains nues l’oisillon tiède qui pèse tout juste 25 grammes. Et tout manger, bec et viscères, ramures et ramages sans plumages. Il faut tout ingurgiter. »
Notre futur blogueur de l’année 2016 de la RVF entre en épectase !