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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 09:35
Quand les philosophes « s’emmêlent », Onfray le Grand et Olivier Assouly le Petit, le vin nature devient Simplet

Comme j’ai fait Philo pour le bachot je me suis tapé l’enseignement de la philo, à l’Institution Amiral Merveilleux du Vignaux, de l’abbé Raguet, dit «la braguette», un petit homme tout boulot, ensoutané. Pas très sexy la philosophie avec lui, alors je me suis fait mon petit baluchon tout seul. Ce cher abbé, frère du notaire de la Mothe-Achard, a très vite considéré que mon cas était désespéré et m’a foutu une paix royale.

 

La Philo m’a donné mon bachot, 18 sur 20, coefficient 9, ça douillait beaucoup de points pour avoir disserté sur « Pourquoi les animaux ne parlent-ils pas ? »

 

Sans trop ironiser aujourd’hui je me dis « pourquoi les philosophes d’aujourd’hui parlent-ils autant ? »

 

Nos philosophes, et nous en avons un beau paquet, sont des graphomanes invétérés, spécialistes des tribunes, des signatures de pétition, ils forment une corporation haut placée, au-dessus de la vile mêlée, qui a des points de vue sur tout et le contraire de tout. Ce sont les nouveaux curés du XXIe siècle qui nous dispensent depuis le haut de leur chaire le fruit de leurs pensées élevées, tracent la ligne rouge entre le bien et le mal, pointent du doigt nos péchés et, suprême bonté, nous accordent des indulgences face à notre indigence.

 

Ces gens-là ils ont du vocabulaire et ils ne se privent pas de nous l’asséner.

 

Tout ça est parti de l’irruption dans le PAF au cours des années 70 des « Nouveaux Philosophes » BHL en tête suivi d’André Glucksmann, Christian Jambet, Guy Lardreau, Jean-Paul Dollé, des qui ont plus ou moins bien tourné.

 

Des engagés qui étaient ces gars-là, dignes continuateurs du père Sartre juché sur son tonneau aux usines Renault de l’Ile Seguin.

 

Y z’ont fait des petits ! Le plus connu, le plus prolifique est sans contestation le bonze du Bocage normand, Michel Onfray, l’épicurien à la triste figure, le GO de l’Université populaire pour retraités en déshérence et, surtout, grand amateur de vins bien nés, tendance réac bien affirmée.

 

Dans Cosmos il taille un costar aux biodynamistes : «L'exemple anthroposophique du vin biodynamique montre qu'il faut se contenter de ce que la nature nous montre…»

 

« Mais, en cela, le fil s’est rompu entre le païen et l’athée moderne, qui vilipende par ailleurs la pensée magique présente dans toute sacralisation de la nature (diatribe appuyée, et très drôle, contre les théories biodynamiques dans la viticulture). »

 

Là, nous sommes dans la cour des Grands, laissons notre bas-normand à ses dégustations convenues en compagnie de la fine fleur des GCC et intéressons-nous à l’étage du dessous Olivier ASSOULY Philosophe, spécialiste de l'alimentation et du goût.

 

La philosophie mène à tout même à table, et notre Assouly « analyse cuisines et dépendances, à l’aune de Rousseau, Kant, Cicéron, Benjamin ou Artaud… » tout ça dans le Libé du brave Patrick Drahi qui a un sacré appétit.

 

Permettez-moi de rire un chouïa…

 

Ha! la typicité gustative...

 

Ha ! la posture ampoulée et bourgeoise, identifiée à la tradition viticole du notable bordelaise… ça fait très lieu commun réducteur tout ça et je ne sais pas où se niche la philo.

 

Bref, le sieur Assouly, qui n’écrit pas que des conneries, loin s’en faut, devrait confronter ses puissantes pensées à l’épreuve d’u réel un peu plus nuancé.

 

« JE PANSE DONC JE SUIS » telle est sa devise !

 

En plus Assouly boit.

 

Ça va faire plaisir au Président Farge.

 

«Vins naturels» : un cépage se tourne titre très Libé !

 

Mais là ça se gâte et ça mets Antonin, le Pape des vins nus reconnu même par la RVF de ce cher Denis Saverot, dans tous ses états…

 

La bande annonce racoleuse comme toujours à Libé :

 

« En voulant créer un nouveau produit, plus simple à aborder pour les non-connaisseurs, le monde viticole se dirige vers un modèle de goût uniformisé, quitte à perdre des saveurs en route. »

 

Et pourtant ça commençait bien avec citation de Deleuze à l’appui, on n’est pas philosophe pour rien, hein !

 

« Si l’on considère le monde du vin, un phénomène aux antipodes d’une viticulture industrialisée grandit en France - et maintenant dans d’autres pays - avec l’essor d’une viticulture alternative. Tendance qui s’exprime bien au-delà de la dénomination retenue de «vins naturels». Portant en creux un engagement éthique et politique, ces vignerons dissidents refusent l’usage de produits chimiques, utilisent des levures naturelles issues du raisin et soufrent peu leurs vins. Certes, ils ne forment qu’un groupe minoritaire. Mais la force d’une minorité, selon Gilles Deleuze, n’est-elle pas de «forger exemplairement les moyens d’une autre conscience et d’une autre sensibilité» (1) ? En cela, être innovant, voire révolutionnaire, n’implique pas de renverser le rapport de forces à son avantage. Pour preuve, actuellement, l’aura des vins naturels repose, d’un côté, sur le discrédit d’un système agrochimique et, de l’autre, sur la confiance que lui accordent des cavistes, des sommeliers, des restaurants et des amateurs, qui y trouvent l’incarnation d’un modèle enfin désirable de culture et de transformation de la vigne. »

 

Entre les 2 y’a ça 

 

La conclusion est du tonneau de ces philosophes du 3e type qui se piquent de technique et bien sûr d’économie. Un vrai bijou à encadrer.

 

« À terme, en tarissant une source de diversité gustative, ce sont nos propres aptitudes à juger qui s’émoussent. Toute simplification des saveurs et du jugement, poussée à l’extrême au nom de la démocratisation d’une culture élitiste, fait le jeu de la massification d’un marché. A l’avenir, sans doute qu’il importe de refuser toute posture, que ce soit une tendance à la complaisance sectaire ou une signature gustative supposément rebelle, mais stéréotypée et normalisatrice. Dépasser le premier stade, nécessaire et vertueux, de l’enfance impose de se préserver des idées reçues et des dogmes, pour convertir autrement la force extraordinaire des premiers jaillissements. On ne saurait négliger que le vin est un jeu culturel, sérieux à l’aune de ses enjeux écologiques et sanitaires, également un loisir contraint de s’assumer comme objet du goût, superflu, pourvoyeur de plaisir, avec les obligations qui lui incombent : enrichir, densifier, exercer la sensibilité gustative, éveiller et renforcer le sens critique, étendre et parfaire une palette gustative, rendre la dégustation réjouissante. Sans quoi, au lieu de goûter tel ou tel vin, l’on consommera «du vin nature» comme une marque, réduite au rang d’une qualité relativement constante et d’un segment de marché, sous-ensemble intégré d’un système toujours dominant. »

 

Pauvre Sartre, père fondateur de Libé, il doit se retourner dans son caveau… en lisant cette philosophie de caveau…

 

Désolé, pas mieux…

 

 

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commentaires

T
Onfray part un peu en bibine en ce moment ...il se dit antisystème mais passe à longueur de journée sur tous les médias du système ...
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P
Si tu mets des accents à "cérès", tu parles de la déesse de l'agriculture et des moissons... Quant au Ceres, j'avais 20 ans, l'âge auquel les errements sont en principe prescrits et pardonnés 42 ans après. Mais bon, si j'avoue que j'ai voté Mitterrand en 81 et 88 et "oui" aux deux référendums européen, tu penseras que j'ai mis longtemps avant d'arrêter la sodomie politique... Et encore, avec la droite... Ravi en tout cas de te voir en grande forme et à un de ces jours, j'espère, pour faire le point verre en main. En attendant, continue à lire le Figaro, le seul quotidien national qui ne parle pas du vin pour cracher dans le verre (tous les jeudis).
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P
Salut taulier !<br /> Comme je te lis dans le désordre, j'ai un peu de retard à l'allumage, mais juste une réflexion : va-t-on nous bassiner encore longtemps avec l'uniformisation du goût du vin, alors qu'il n'y a jamais eu autant de diversité, d'innovation, de dynamisme, en France, en Navarre et ailleurs, et qu'il y a de moins en moins de mauvais vins, nature, bio ou je ne sais quoi... Quant à Libé, j'espère que tu ne découvres pas seulement aujourd'hui les jargonneries pathologiques du quotidien favori des gauchistes attardés et autres bobos socialisants qui, comme disait Mitterrand, veulent changer le monde mais ne supportent pas que leur voisin se mouche...
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T
J'avais pas le droit de vote en 81, mais mes parents tiraient la gueule en voyant la tronche de l'ermite errant à la TV, en mai 81.
J
Ouais, ouais, Cérès 1 jour... moi je lis tout même le Figaro, quotidien des V.C. bedonnants et acariâtres... les bobos sont plutôt écolos camarade vu que les socialos ne sont plus de saison...
P
T'as pas honte Taulier de nous faire réfléchir ainsi en plein mois d'août. Tu vois, je ne suis pas le seul à prendre la défense de Michel ONFRAY. Pourtant cette fois je serais plutôt de ton coté. Ces messieurs sont le fruit le l'enseignement en France ou après 68 on c'est mis à délirer : " L'élève apprend autant à l'enseignant ( si ce n'est plus disaient les ultras !) que l'enseignant à l'élève. Plus question de parler de Maître avec ce que cela connotait de respect mais aussi de reconnaissance et d'affection ( cf le sort fait à Paul RICOEUR) Ou encore et surtout, on ne dispense plus du savoir mais on apprend aux élèves et/ou étudiants à apprendre ! Vaste fumisterie qui permet à toutes ses intelligences de se croire autoriser à s'emparer de n'importe quel sujet ,de le traiter et d'imposer à coup d'arguments qu'eux seuls valorisent, leurs façons de voir. Ce que l'on remarque dans tous ces discours, c'est leur esprit de sérieux ce qui les disqualifient ipso facto, car l'essentiel dans le vin et peut être dans toute chose également, c'est d'abord et avant tout le plaisir qu'on y prend ce qui leur permettrait de pimenter leur discours d'un peut d'humour radicalement absent.
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L
Effectivement le vin est bien une question de philo, et le vin nature fait partie de la question. A deux titres : ne leur en déplaisent, déjà comme vin, et aussi comme questionnement des rapports entre la technique et l’esthétique.<br /> <br /> En bons moutons qu’ils sont finalement tous les deux, ce qu’ils aiment dans le vin qu’ils défendent c’est un monde convenu, confortable, sans surprise où l’on sait ce qui est bon, beau et bien. De bons petit-bourgeois donc, qui comme tous, se défendent de l’être, rationalisent leurs désirs et parlent de perte de culture. Alors que ce ne sont que leurs habitudes qui sont remises en cause.<br /> <br /> La biodynamie n’est qu’un des aspects assez superficiels du problème, bien qu’emblématique et chaque fois invoqué : elle ne résout pas grand chose dans la mesure où elle ne pose ni la question du traitement de la vigne ni la question de ce qu’est le vin. Pour moi, une interrogation entre deux rives. Plus sur l’une, mais pas sur l’autre.
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