Un rapport de plus me direz-vous, synthèse d’un travail collectif rédigée par le Pr Michel Reynaud de l’hôpital Paul-Brousse, spécialiste des addictions, remis à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Je ne l’ai pas lu car il n’est pas disponible sur le Net. Je vous livre pour l’heure les éléments relayés par les médias traditionnels qui se contentent tous, comme à l’ordinaire, de n’être que des haut-parleurs de la communication officielle. Rien de très nouveau sous le soleil, nos addictologues ne sont guère imaginatifs, ils ressortent la quincaillerie traditionnelle dont nous avons pu, depuis des années, juger la totale inefficacité. Le binge-drinking importé des pays du Nord réputés pour avoir un accès limité à l’alcool, nos grands esprits veulent soi-disant le combattre avec le même type de moyens. Dans quel monde vivent-ils ? Toujours d’illusoires lignes Maginot qui seront contournées et qui prendront en otages les boissons civilisées comme le vin. Les causes messieurs, les causes, mais peut-être le fameux rapport les analyse-t-elles ? J’en accepte l’augure avant de, je l’espère, avoir accès au document.
Je vous livre donc ce dont je dispose pour l’instant.
« L'augmentation des alcoolisations aigües chez les jeunes, la stabilisation à un haut niveau de l'usage du cannabis (...) devraient amener notre société à regarder les choses autrement »
Selon le Pr Michel Reynaud (hôpital Paul-Brousse), l'alcool et le tabac coûtent trois fois plus à la société qu'ils ne rapportent en taxes et « les autorités publiques seraient donc amplement légitimes à remonter massivement les taxes sur les deux types de produits » Le Pr Reynaud se déclare favorable au relèvement de la fiscalité pour l'alcool avec une taxation en fonction du degré d'alcool dans les boissons tandis que le prix du tabac est lui régulièrement relevé, avec par exemple la hausse prévue de 5% des taxes en juillet.
Le Pr Reynaud propose aussi de mieux contrôler le marketing sur ces produits en interdisant en particulier toute publicité pour l'alcool sur internet, autorisée à son grand regret malgré la loi Evin de 1991 qui selon lui avait sévèrement restreint le marketing de l'alcool. « Les stratégies marketing des industriels du tabac et de l'alcool sont extrêmement puissantes, parfaitement ciblées et redoutablement efficace »
Il propose aussi une politique de prévention ultra-ciblée en direction des jeunes - qui doivent être une « cible prioritaire » -, du public féminin, en particulier les femmes enceintes et isolées, et aussi envers les populations précaires.
Le Pr Reynaud propose enfin l'organisation d'Etats généraux des addictions pour aboutir à l'élaboration d'une loi d'orientation et appelle le président François Hollande à faire de cette lutte une priorité.