Samedi après-midi soleil sur Paris, première sortie à vélo, mollo mollo, cap sur mes champs de livres, les librairies, pour une moisson de pages imprimées. Bonheur d’une liberté retrouvée : la rue des écoles c’est compagnie link puis, accoté au café de Flore, l’écume des pages link
Lundi matin vous avez eu droit à mon premier mets : le délicieux livre de Jean Rochefort « Ce genre de choses » savouré d’une seule traite, sans hâte, mais en sauçant l’assiette. Mais ce n’était qu’un hors-d’œuvre hors du commun qui attisait ma faim. Insatiable, dans le métro qui me hissait dans un quartier improbable pour un dîner de chair j’entamais avec la même gourmandise La Petite Communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon, Actes Sud, 320 p., 21 euros.
Par bonheur le trajet était long, assis je me régalais. Marcadet-Poissonniers, juché sur un haut tabouret de la Rallonge link je m’offrais, en sirotant un verre de coteaux-du-giennois, une nouvelle tranche de ce petit livre. L’avantage de dîner avec une copine c’est que les copines sont toujours en retard, ça vous donne le temps de lire.
Comme je ne me suis pas reconverti en critique littéraire, et que mon temps est compté, j’ai glané chez des « consœurs » de la presse écrite du matériau pour vous faire partager mon enthousiasme.
Dernier point, comme mon appétit reste très affuté je vous narrerai, dans les jours qui viendront, la suite de mon festin de livre avec un retour vers le terroir...
« Ceux qui n’étaient pas nés en 1976 liront la Petite Communiste qui ne souriait jamais, roman documenté, afin de découvrir le phénomène d’1 m 47 qui détraqua les tableaux de notation avec son premier 10 sur 10. A l’affichage, c’était 1,0 : les ingénieurs programmateurs de Longines n’avaient pas prévu qu’un concurrent ferait mieux que 9,99. »
Claire Devarrieux Libération 15 janvier 2014 link
« Tout commence – forcément – à Montréal, quand surgit aux yeux du monde entier cette « machine poétique sublime » qui « jette la pesanteur par-dessus son épaule ». Voilà sept ans que, dans l’école de Béla Károlyi, son entraîneur, elle s’exerce, souffre et s’endurcit, répétant sans relâche chaque geste jusqu’à l’épure absolue, apprenant à ne pas avoir peur de se faire mal. Quand les caméras se braquent sur elle, sa tunique stricte, sa queue-de-cheval à ruban, c’est pour découvrir une athlète d’exception «douloureusement adorable, insupportablement trop mignonne ».
Ce texte en constant équilibre, on jurerait que Lola Lafon l’a écrit les mains enduites de magnésie. Pour ne pas tomber, tout en s’autorisant des figures périlleuses – ainsi des échanges entre la narratrice et Nadia, qui lui permettent de s’interroger sur le droit de parler à la place de son héroïne, et sur les versions de l’histoire. Sans jamais donner l’impression de l’effort ni trébucher, Lola Lafon sait tout à la fois quel élan prendre pour écrire chaque scène, et à quel moment arrêter son geste. Verdict ? La Petite Communiste… est un texte sur la grâce qui en est tout empli. »
Raphaëlle Leyris Journaliste au Monde link
« A travers Nadia, c’est aussi le corps féminin qui est ausculté, dans ses transformations, dans sa représentation. La gamine surdouée deviendra une femme, ce que beaucoup de journalistes n’ont pas accepté !
« Les Russes ont fasciné le monde entier avec Spoutnik, et, comme les Etats-Unis, ils garderont leur supériorité militaire. La Roumanie, elle, fait de celles que Béla appelle ses « fillettes missiles » le show mondial le plus adorablement fascinant avec l’arme suprême : la bombe Nadia C., qui exécute ce que des spécialistes américains évoquent en ces termes, « de la démence pure, une impossibilité biomécanique ». »
Marie-Florence Gaultier L'Expresslink