Soyez sûr qu’en posant cette question, à propos d’un Bourguignon bien connu, je ne verse ni dans le sensationnel, ni dans la provocation gratuite, non chers lecteurs je me contente de vous livrer l’une des réponses de PH Gagey à Ingrid Astier qui, dans son bel ouvrage Cuisine Inspirée, a posé une batterie de 25 questions à des esthètes-gourmands. J’en ai retenu 3 trois où elle leur demande de citer : un plat qui a de l’humour, un mets érotique et un plat triste et j’ai sélectionné les réponses les plus inspirées. Pierre-Henri Gagey, homme du vin, a relevé le flambeau avec brio. Une mention spéciale à Jean-Michel Duriez, un nez de parfumeur, qui associe les plats qui ont de l’humour avec le vin. Vous pouvez vous essayer à répondre à ces 3 questions et nous livrer le fruit de vos cogitations.
Jean-Pierre Cohier ©Maurice Rougemont
« L’auteur de ce joli chef d’oeuvre pâtissier? Jean-Pierre Cohier, boulanger de tradition, réputé pour sa baguette, sa boule au levain, son bâtard, sa ficelle. Mais ce natif du Cotentin arrimé à un coin chic de Paris est aussi un pâtissier classique de haute volée. Ce maître ès tradition ravit avec son mille-feuille, son éclair, sa religieuse, son « divorcé » (un cousin du précédent, mais façon moitié/moitié), ses macarons variés. Son morceau de bravoure: un baba au rhum, version baba bouchon ou savarin rond et ouvert, aux fruits, qu’il sert avec une divine crème mousseline (qui est une crème pâtissière joliment beurré). Il la livre au restaurant du quartier et la propose chez lui, en version géante, à la commande. Un monument du genre. »
In Les pieds dans le plat le blog de Gilles Pudlowski link
Jean-Pierre Cohier 270-272, rue du Faubourg St Honoré Paris 8eTél. 01 42 27 45 26
Bartabas
Un plat qui a de l’humour : Celui qu’on fait avec de la farce…
Un mets érotique : Le croque-madame…
Un plat triste : Un plat raté dégusté seul.
Pierre Richard
Un plat qui a de l’humour : Un cochon aux truffes. S’il avait imaginé qu’en les trouvant il contribuait à sa perte !!!
Un mets érotique : Celui d’une femme qui vous l’a mijoté avec une intention précise, et que vous dégustez avec la même intention…
Un plat triste : Un plat réchauffé mais froid, avec des morceaux figés dans une sauce morte… je continue ?
Michel Bras
Un plat qui a de l’humour : La gaufrette de pomme de terre que je conseille de manger à l’aide des doigts. Le jaillissement de la crème qui macule les doigts… crée des climats propices à l’échange.
Un mets érotique : Pourquoi un mets, disons un bon repas, même un casse-croûte… partagé avec la Femme de son cœur.
Jean-Michel Duriez
Un plat qui a de l’humour : Tous ceux qui sont accompagnés d’un bon vin.
Un mets érotique : Moules frites pour ceux qui aiment… pour moi, ce seront juste quelques frites, mais point trop n’en faut !
Un plat triste : Celui que des milliers de gens mangent seuls à Noël.
Pierre Hermé
Un plat qui a de l’humour : À nouveau l’imitation du caviar (Ferrán Adrià)
Un mets érotique : L’Ispahan, à l’appellation prometteuse.
Eugène Durif
Un plat qui a de l’humour : La soupe aux choux.
Un mets érotique : Le pet-de-nonne.
Un plat triste : Des raviolis mangés froids à même la boîte ou un Bolino.
Chloé Doutre-Roussel
Un mets érotique : L’oursin. Il rappelle à tous égards le sexe d’une femme. Je trouve même inquiétant un homme qui déclare ne pas aimer les oursins…
François Pralus
Un plat qui a de l’humour : Le pet-de-nonne
Un mets érotique : La banana slip
Un plat triste : Les carottes râpées.
François-Xavier Delmas
Un plat qui a de l’humour : … la tuile !
Un mets érotique : Le parfum de la truffe a, je trouve, un pouvoir nettement érotique.
Michel Troisgros
Un plat qui a de l’humour : Cul et poitrine à la bourgeoise
Un plat triste : La caille en sarcophage du Festin de Babette.
Pierre-Henri Gagey
Un plat qui a de l’humour : Le fameux cigare de Michel Trama (Les Loges de l’Aubergade à Puymirol) aux incomparables saveurs de <havane.
Un mets érotique : Le baba au rhum. Pourquoi ?
Un plat triste : Les carottes Vichy : on m’en resservait jusqu’à ce que je finisse mon assiette lorsque j’étais enfant et ce cauchemar est toujours présent dans mon souvenir.
Éric Verdier
Un mets érotique : Le poireau façon Alain Passard. C’est un véritable phallus légumier, d’un blanc immaculé – ce poireau qui a pénétré la terre, qui est devenu turgescent en elle, est là, dans notre assiette, prêt à livrer à nos papilles ses suc troublants de suavité, qui mêlent notes fumées, réglissées et soufrées avec et soufrées avec jubilation pour atteindre à l’orgasme des sens.
Un plat triste : Un poussin à l’étouffée. Un plat surgelé acheté dans un supermarché.
Frédérick E. Grasser-Hermé
Un mets érotique : Une tarte uniquement avec des croupions de poulet rôti, à manger avec tous les doigts de la main.
Bruno Verjus
Un plat qui a de l’humour : Deux œufs au plat avec un strip de bacon en guise de sourire. J’en fabrique quelquefois pour animer des buffets d’hôtels.
Un mets érotique : Celui que l’on partage à deux, blottis l’un contre l’autre sur la banquette d’une belle table. Jusqu’à ce que les fourchettes s’emmêlent.