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26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 00:09

photochampagne.JPG

 

Comme je suis un fieffé coquin je n'ai pu résister au plaisir de vous offrir en apéritif ce dimanche matin une flute de vin de pays de la Marne plus communément connu sous l'appellation champagne pour que vous puissiez vous adonner à vos deux plaisirs favoris : boire et lire où, là, il n'est pas nécessaire de choisir link

 

Mon appel à vos plumes a été entendu, j’en suis bien aise. Mon espoir c’est que ce ne sera pas qu’un feu de paille, comptez sur moi pour souffler sur les braises.


Aujourd’hui c’est Jean-Pierre link qui s’y colle avec une nouvelle : « Voilà ce petit texte sans prétention, toute ressemblance etc., etc...


Ce fait divers sera-t-il classé ? ajoute-t-il malicieusement.

 

Je précise que la référence champenoise est de mon cru, Jean-Pierre réfugié en Normandie ne m'a bien sûr rien demandé.



Presbytere-201-1-.jpg

 

« Téléphone maison... ! »                                                      

                                               

«  À l’instar de nombreux  parisiens, leur grand fils étudiant à Londres,  et après mûre réflexion, ils optèrent pour une vie provinciale, la bruyante capitale n’ayant plus les attraits d’antan.


 

Jamais Antoine, ingénieur à haute responsabilité dans le Golfe, ne laisse  filtrer le moindre détail sur ses activités, pas même à Lucy. Chaque mois un taxi le dépose devant l’église pour quatre ou cinq jours de repos, rarement plus.


 

Lucy rencontrée lors d’un colloque à Londres partage sa vie depuis bientôt 25 ans. Attachée de presse elle parle maintenant un joli français gardant juste une pointe d’accent pour le fun, du grand fleuve, admirant  les lumières du soir. On peut les croiser faisant du VTT sur les petites routes au milieu des vignes ou, main dans la main, sur la digue admirant  les belles lumières du soir.


 

Grande, le cheveu court, de jolis yeux pers derrière de fines lunettes cerclées, Lucy est un modèle de discrétion : la « cinquantaine épanouie » comme disent les magazines.


 

À l’automne dernier le notaire leur  fit découvrir ce presbytère en vente  depuis des  mois ; les travaux de restauration rebutaient les acquéreurs potentiels, mais eux, sans barguigner, signèrent  tant le charme de cette bâtisse en pierre  couverte d’une treille les conquit.


 

La Cambe St Martin : village de charme qui compte à peine 500 résidents en hiver mais le double à la belle saison. Classé «  site touristique d’exception », panneaux « gîtes et chambres d’hôtes » y fleurissent comme jonquilles en avril.


 

Ce jardin de curé, clos de hauts murs préserve l’intimité, seule sa grille rouillée surmontée d’une croix permet  un coup  d’œil furtif sur trois rosiers, un lilas  et quelques iris ; orties et ronces y prolifèrent et « la Josiane » en voisine empressée, a vite signalé les compétences de son grand fils, chômeur – mais pas fainéant – pour remettre en état la pelouse et l’animer de quelques fleurs.


 

« Pendant ce temps-là y fera pas de conneries avec sa bande !... »


 

À l’occasion elle-même ne rechignerait pas à faire les vitres, passer l’aspirateur voire au besoin nourrir Castor, le vieux siamois sans queue.


 

L’aménagement de ce cocon perdura, la toiture en ardoise ayant été plus onéreuse que prévu à cause d’une charpente  vétuste, bref  volets roulants et caméra de sécurité furent remis à plus tard tout comme le renouvellement de la vieille Austin.



L’église du XIIe domine le bourg, attirant les touristes, en bas au  coin de la rue le boucher et sur la place aux cinq tilleuls étêtés l’agence immobilière et le boulanger qui, aux beaux jours dispose trois tables en plastique sur le trottoir. Le bar-tabac a fermé l’an passé.


 

..................................Ce matin-là très tôt, retentissent  les sirènes, les rares passants s’interpellent : pompiers  puis gendarmes débarquent la minute suivante .Couteau en main, le boucher surgit  pendant que sa femme se jette sur  le téléphone pour alerter Fred le localier. *


 

Josiane, immédiatement interrogée dans le jardin par deux gendarmes déclare :


 

« ...qu’elle n’a rien entendu de particulier mais que, réveillée par les grognements de Kroko, son teckel, elle a bien, depuis la lucarne des toilettes  aperçu de la lumière dans le salon ...


...vers 4h du matin, oui, il faisait encore nuit...


 

...Oui, parfois toute la nuit quand elle travaille sur son ordinateur...


 

....Non les volets ne sont jamais fermés ...à cause de la vigne...


 

...Je passe l’aspirateur, range la cuisine, et le salon et parfois m’occupe du chat quand elle s’absente...


 

...Non, c’est en anglais et je ne comprends pas ... »

 

 

Dissimulé par une couverture de survie le corps est embarqué dans l’ambulance rouge, direction Saumur.


 

Survient Fred, sans casque, il gare sa moto Guzzi et rejoint les gendarmes, surpris de se voir tancer par la blonde gendarmette (sans doute une stagiaire...)


 

Trois jours plus tard, Lucy réapparait.


 

Regard caché par des  lunettes noires, un bandage  dépassant de sa manche de veste en lin, elle sonne  à la barrière de la voisine et attend, n’osant affronter les crocs de Kroko :


 

« Hello! Josiane ... je viens pour vous remercier et aussi je vous dire au revoir ou plutôt adieu ! Oui adieu et bientôt la maison sera mise en vente. Grâce à votre fils je suis encore vivante  et ...naturellement je ne porterai pas de plainte contre lui ! »



« Ô Madame Lucy, quelle triste histoire, je vous fais toutes mes excuses ! Mais entrez donc ! »


 

Lucy : « Bien sûr à cet âge on fait des bêtises ... Au fond, je ne lui en veux pas, même s’il s’est introduit chez moi de cette vilaine manière : et puis, entre nous, ce n’était pas du très bon whisky ...»


 

Elle poursuit : « Vous savez Josiane, apprendre que son mari vous quitte par SMS sans autre explication alors que nous avions tant de projets ... nous pensions vivre ici paisiblement ... c’est tellement....... stupide, voilà pourquoi j’ai voulu en finir ! »


 

Josiane tout en servant le café :« Mais, c’est vrai au fond : vous avez eu de la chance dans votre malheur, tiens, moi, mon homme y  m’a plaqué quand le gamin était tout petit mais bon, entre le boucher et le boulanger, j'ai pas à me plaindre , y sont gentils et ...discrets ! »


 

Le moment venu de prendre congé, Lucy traverse la  petite rue mal pavée, pousse la grille, et là, sur le seuil patiné  remarque  quelques éclats de verre qui scintillent, lui revient alors  ce geste fou, quand de colère elle projeta  l’objet nomade dans la porte vitrée  puis ... commit l’irréparable ...


                         De la boîte aux lettres dépasse un pli à entête « Gendarmerie Nationale- Urgent »

 

JPG  link 

 

*(correspondant de presse).

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