Les juges de la 5e Chambre du TGI de Paris :
Christine-Marie COSTE-FLORET, Vice-Président
Véronique POREAU, Vice-président
Sylvie GARCIA, Juge
Assistée de Laure POUPET, greffière
(Le tribunal de grande instance statue en formation composée de 3 magistrats assistés d'un greffier) n’aiment ni le champagne, ni Scarlett Johansson comme le montre à l’évidence leur jugement du 21 mars 2013 concernant la diffusion dans Paris-Match d’un article sur la participation de la dite Scarlett Johansson à une publicité, non diffusée en France, pour la marque Moët&Chandon.
Permettez-moi en tant que parisien de m’insurger car Scarlett, elle, aime Paris et un parisien Romain Dauriac son fiancé. L’actrice y passe le plus clair de son temps « Je me réveille et je descends acheter la presse française du jour. Ensuite, je vais au marché, j'adore les produits frais locaux. Puis je vais déjeuner dans un endroit sympa comme le Café de Flore. Il y a des millions de choses à faire à Paris. (…) Le musée Rodin, voilà par exemple une belle façon de passer une journée.
Je me sens tellement en paix à Paris. Les Parisiens prennent plus leur temps, ils apprécient d'avoir de vraies conversations, de lire, ils sont engagés politiquement, ils sont cultivés. Il y a une chouette qualité de vie à Paris »
Et pourtant l’actionnaire de Moët&Chandon, Bernard Arnault est un homme qui aime beaucoup la France car, contrairement à Gégé, il a renoncé à s’exiler en Belgique. Alors pourquoi donc ces petits juges du TGI de Paris s’en prennent-ils à l’une des marques phare de son groupe qui je le rappelle se nomme : LVMH soit Louis Vuitton Moët Hennessy ? Tout d’abord parce qu’ils ont été saisi, par nos amis de l’ANPAA qui mettait en cause un article publié dans la rubrique «Les gens de MATCH » en page 30 du numéro de PARIS-MATCH litigieux sous le titre «Scarlett Johansson et Rumer Willis : Le glamour tout en courbes » comportant notamment un cliché représentant l'actrice Scarlett Johansson tenant une bouteille de champagne Moët&Chandon et un cliché représentant l'actrice juchée sur une échelle posée devant des pyramides de verres de Baccarat tenant une bouteille de Champagne Moët& Chandon.
Était également critiqué un article portant sur la soirée des Golden Globes intitulé «pas de cinoche quand les plus grands acteurs du monde font la fête ensemble» comportant un cliché représentant l'acteur Colin Firth et l'actrice Helena Bonham Carter, sur lequel le premier sert un verre de champagne Moët&Chandon et un cliché représentant Matt Damon remplissant un verre de champagne Moët&Chandon.
Par ailleurs plusieurs sites internet se sont fait l'écho de cette nouvelle campagne publicitaire en publiant des visuels assortis de légendes mentionnant le champagne Moët&Chandon.link et link
Rappelons les faits :
« En 2009, Moët et Chandon, la plus grande maison de Champagne du monde (groupe LVMH), dévoile sa toute première égérie : la célèbre actrice américaine, aussi muse de Woody Allen : Scarlett Johansson.
Depuis, l’actrice incarne l’image luxueuse de la marque à la perfection.
Bien évidemment ces publicités ne sont pas publiées en France en raison de la législation française et notamment de la loi Evin. Et on peut dire qu’à l’étranger, ils en ont de la chance ! Et pour cause, Scarlett Johansson sublime particulièrement ce Champagne exceptionnel ! »
Et ça ne plaît pas ni à l’ANPAA ça va de soit pour la bagatelle de 11 motifs (allez les lire ci-dessous en fin de chronique), ni aux 3 pisses-vinaigres de la 5e Chambre du TGI de Paris ce qui est plus étonnant juridiquement : pour le vérifier allez donc lire l’excellente analyse sur le jugement du TGI faites par Me Olivier Poulet spécialiste de ces questions PARLER D'ALCOOL C'EST FAIRE DE LA PUBLICITE ! LA PUBLICITE A L'INSU DE SON PLEIN GRE link
Tout au bas de cette analyse vous pourrez télécharger en PDF le jugement de la 5ème Chambre du TGI de Paris.
Ainsi va la vie de nos amis de l’ANPAA grands plaideurs devant l’éternel : lire ICI la liste de leur tableau de chasse où ne figure pas encore le jugement cité link
Que de temps et d’argent (public) gaspillé pour traquer quoi au juste ? Il faudra un jour qu’on m’explique en quoi la photo de Scarlett Johansson diffusée sur la Toile, hors nos frontières, donc visible sur l’écran de n’importe quel internaute Français deviendrait soudain toxique et incitative pour notre belle jeunesse à aller se pochtroner le samedi soir sur le trottoir ou dans un bar de la Mothe-Achard en lichant au goulot un magnum de la cuvée impériale de Moët &Chandon sous prétexte que la belle Scarlett les y a incité.
Ça dépasse le bon sens et l’entendement mais c’est ainsi.
Me Poulet met l’accent sur un point extrêmement important en soulignant que le jugement « fait référence à des définitions de la publicité. »
Et de poser la question : « de quelle définition parle-t-on ?
De celle figurant dans la loi Evin ?
Il n'y en a pas, ce qui contribue au flou et qui est fort contestable pour un texte pénal censé être précis.
Ou de celles déjà citées notamment dans le jugement sur le supplément du Parisien Libéré ? En tout état de cause, il pourrait être utile de fixer ce qu'on entend par publicité soumise aux dispositions du Code de la santé publique. »
Et d’avertir :
« Cela signifie que dès lors que l'on parle d'une boisson alcoolisée, dans un journal mais aussi pourquoi pas dans une oeuvre littéraire ou un livre de cuisine, sur un blog personnel, ou dans revue professionnelle sur des campagnes publicitaires à l'étranger, on fait acte de publicité alors même que le titulaire de la marque n'est peut-être même pas au courant.
En cela cette décision est contestable et dangereuse. Tous les supports ont du souci à se faire au-delà du débat sur la liberté de la presse. »
Face à la menace d’une jurisprudence liberticide je cours au secours des censeurs en les incitant vivement à faire interdire le film de Woody Allen Vicky Cristina Barcelona où la belle Scarlett passe son temps à picoler et que Pousson ne vienne pas nous dire que c’était en plus du jaja bodybuildé par les petits génies de la péninsule ibérique.