Je suis né à la Mothe-Achard en Vendée. Combien de fois ai-je du décliner sur des paperasses inutiles cette origine géographique, je ne sais. Certains lecteurs rencontrés me parlent de l’évocation fréquente de mes racines dans mes chroniques. Certes j’ai raciné pendant mes vertes années dans la glaise du bas-bocage mais depuis je vis ailleurs sans me sentir déraciné. La Vendée c’est le premier bout de ma vie, mon élevage de sauvageon, mes premières expériences, tout ce à quoi je me réfère lorsque j’évoque mes origines. Pour autant je ne tire d’elles aucun sentiment identitaire. Toute l’idéologie récupératrice autour du conflit entre les Vendéens et la République me hérisse le poil. Pire ceux qui me qualifient de Chouan. Comme le rappelle Louis Chaigne « il est superflu de rappeler que les Vendéens ne sauraient être confondus avec les Chouans. Le Chouannerie est essentiellement bretonne et normande. » Quand à la Vendée contemporaine elle ne se réduit pas au Puy-du-Fou et je n’en dirai pas plus ici.
Je préfère évoquer ici les mots de mon enfance, ils ne manquent pas de pittoresque et de réalisme :
Brenuser : prendre plaisir à des petits riens ;
Faire zire et un zirous : être répugnant par sa saleté ;
Faire do symétries : faire des manières ;
Garocher : lancer une pierre ;
Écimoiser : enlever les toiles d’araignée ;
Petouner : murmurer en étant mécontent ;
Bredasser : bavarder ;
Subler : siffler ;
Égrafigner : égratigner ;
Écrapoutir : écraser ;
Un plat rimé : un plat brûlé ;
Rabater : faire du bruit avec un bâton ;
Buffer : souffler
Une tralée : une file de gens ;
Une rabinée : une demi-journée de travail...
Ce qui donne en deux phrases « Y’avait une tralée de bonnes femmes à la sortie d’la messe qui brenusaient en petounant et en bredassant sur la Léonie qui faisait do symétries alors que son bouhomme n’était qu’un grand zirou qui passe son temps à subler, à rabater dans les bouéssons, à écrapoutir do limaces toute la rabinée. La Léonie f’rait mieux d’écimoiser sa souillarde et d’faire d’la mogette pas rimée... »
Pour mettre une touche post-moderne à ce billet je vous offre l’œuvre impérissable MC Circulaire le chantre du rap rural vendéen évoqué par Emmanuel Giraud à propos de San-Erasmo. C’est lourd comme une plâtrée de mogettes rimées mais bon s’il y a des amateurs moi ça ne m’émeut pas.