Mon esprit d’escalier bien connu me fait associer Jean-Pierre Raffarin au lundi de Pentecôte, allez savoir pourquoi ? Alors lorsqu’hier, Guillaume Tabard, laissait échapper un Tweet @GTabard Il y a 39 ans aujourd'hui, Giscard était élu président. #PointHistoire, je ne pouvais que chroniquer sur « Raff » qui avec « Bubusse » menait les jeunes turcs giscardiens de Génération Sociale et Libérale. Pour les ignorants de la chose parisienne riche en éditorialistes, proportionnellement autant que de petits Chinois, le sieur Tabard est Rédacteur en chef au Figaro et éditorialiste politique au Figaro et sur Radio classique.
« Le 19 mai, la France avait un nouveau président. Ce soir-là, sur le trottoir de l’avenue de Messine, trois d’entre nous* se faisaient épingler par un petit groupe de « maos » ; plus que jamais, bien sûr, ils voulaient casser la baraque au nom du marxisme qui, vite fait, bien fait, les aurait conduits au Goulag dans les pays où il est religion d’État.
Le 27 mai nous regardions V.G.E se rendant à pied à l’Élysée pour la cérémonie solennelle d’investiture. Il faisait très beau, il souriait. « À dater de ce jour, commence une ère nouvelle pour la politique française. »
Dès le 15 juin, Dominique Bussereau nous remettait en piste. « Inspirons le changement, contribuons à lui donner une âme autant que nous en serons capables ; menons le combat pour l’équité, pour les exploités, les exclus, les oubliés, pour affronter les défis lancés à notre génération. Tant pis si certains nous accusent de vouloir aller trop vite !
Aujourd’hui nous sommes quarante mille, rats des villes et rats des champs, filles et garçons, d’origines, de professions, de sensibilités aussi dissemblables possible, remuants, mobiles, fonceurs, généreux. Si nous ne le disons pas, qui le dira à notre place ? »
Ce petit compliment, du Mélanchon soft à la mode 74, est extrait d’un livre « La vie en jaune » relatant l’épopée de 7 jeunes giscardiens, de Génération Sociale et Libérale, emmenés par Dominique Bussereau, en Chine Populaire.
Dans les 7, discret, il y avait notre Jean-Pierre, notre poitevin, qui après force de keimpei lancé en se sifflant de l’alcool de riz, lors de l’étape à Tatsin, à l’extrême-nord de la Chine, pays de l’or noir, dans le minibus du retour « fredonne quelques mesures d’En passant par la Lorraine. Et notre camarade interprète d’entonner à tue-tête les paroles de cette vieille mélodie française. Un instant interloqués, nous l’imitons. C’est parti : serrés les uns contre les autres, au fin fond de la Chine, sept Français un peu éméchés accompagnent les accents de camarades locaux capables de tenir une vingtaine de minutes sur les chansons populaires de chez nous. Tout y passera, y compris une tentative bilingue de l’Internationale. Avec quelques fausses notes, quand même ! »
Pour la petite histoire un banquet avec le Comité révolutionnaire de Tatsin attendait nos joyeux drilles et se taper six kempei, tous à l’alcool de riz.
Bref, quelques remarques du Taulier :
1- En mai 1974 le changement c'est maintenant était déjà à l’ordre du jour « Il faut que tout change pour que rien ne change…
2- Il faisait très beau le 27 mai jour de l’investiture de VGE
3- 3 extraits pour vous faire comprendre que notre Raffarin est un vrai Mandarin en Chine.
Nos 7 larrons sont arrivés à Shanghai qui, selon l’ambassade de France, « est Marseille, la bouillabaisse en moins… et neuf millions d’habitants en plus ! » Ils sont logés au Jin-Giang « grande bâtisse rétro d’un luxe victorien qui a de quoi laisser rêveur dans ce pays spartiate. Rien ne semble avoir bougé depuis 1949… » Accueillis par le camarade Yang Shi-kuang, vice-président du Comité Révolutionnaire de Shanghai ils ont droit :
- à un petit discours de bienvenu « L’étranger a longtemps écrasé notre malheureuse ville sous son talon de fer. Il était le maître tout-puissant, les lois venues de la capitale valaient moins que rien. Savez-vous ce que vendait le premier commerçant non-Chinois ? De l’opium, camarades ! Puis il est devenu chemist sans le moindre diplôme naturellement, et il a bourré de « médicaments » ceux qu’il n’avait pas complètement empoisonnés. Jusqu’aux bouddhistes, aux lamas, aux catholiques, aux protestants, aux mormons qui se querellaient pour ce qu’ils appelaient « le salut de l’âme des Chinois. »
- à un déjeuner au dernier étage du Jin-Giang « Enfin nous passons à table où l’on nous servira « à l’ancienne » avec un raffinement anglo-saxon caricatural. Tout de noir vêtu, un butler, visage glabre, nobles bajoues à la Forsythe, les mains derrière le dos, nous regardera dévorer. Ou bien les Anglais, en partant, ont dû l’oublier là, ou bien ils en ont fait cadeau aux Chinois qui l’entretiennent comme un élément de mobilier. Nous allons, pour une fois, faire un déjeuner à la cantonaise du tonnerre : poissons mandarins, langues de canard accompagnées de bourgeons de bambou, oranges confites. »
Plus sérieusement, en novembre 1976, une délégation du patronat français conduite par François Ceyrac était arrivée à Pékin avant de se rendre à Shanghai. C’était le temps où la « bande des 4 » était vilipendée et honnie, mais nos grands patrons, étonnés, avaient entendus des propos où se glissaient des mots étranges : productivité, commerce extérieur… Dans le livre de la « bande des 7 jeunes giscardiens sociaux et libéraux » je ne sais qui a écrit ce passage, peut-être notre Jean-Pierre ? Mais, je l’avoue il ne manque ni de sel, ni de prescience dans le questionnement mais reste enfermé dans le schéma de l’heure.
« La Chine devra passer son Rubicon. Pourquoi refuse-t-elle la division du travail, qui est le premier élément de tout processus de développement technologique ? Pourquoi les soldats que nous avons vus s’entraînaient-ils autant à fabriquer des chaussures qu’à élever des porcs, l’arme en bandoulière ?
C’est que la technologie engendre forcément une classe nouvelle, celle des techniciens, propriétaires nombreux d’un savoir que personne ne peut leur confisquer, propriétaires d’un savoir qui les conduit tout droit et vite au pouvoir. Mao a rejeté la technologie parce qu’il en redoutait les effets sociologiques. Voilà pourquoi il ressassait dix, vingt fois par jour sa citation apparemment anodine, mais qui, en fait, est un mot d’ordre pour 900 millions d’individus : « Compter sur ses propres forces et travailler dur. » En foi de quoi le gouvernement chinois refusera la moindre aide extérieure lors des épouvantables tremblements de terre et s’acharnera à reconstruire vite, mais mal, ce qui a été détruit.
Si Teng revient, aura-t-il avec lui ses chats de toutes les couleurs ? Et pour attraper quelles souris ?
Ces questions, nous nous les sommes posées en regardant travailler Des Chinois. Nous nous les posons toujours, car elles conditionnent pour une large part l’avenir du monde.
Que deviendrait ce monde si la Chine, lasse à la fin de ne pouvoir compter que sur ses propres forces, venait soudainement à s’entendre avec d’autres puissances, elle qui méprise le mot « détente » et perçoit mal celui de « coopération ».
Teng, Deng Xiaoping ou Teng Hiao-Ping ou Teng Hsiao-Ping, 鄧小平, 邓小平, est revenu en 1978 et dirigera la Chine de facto jusqu’en 1992 avec sa célèbre maxime « Peu importe qu'un chat soit blanc ou noir, s'il attrape la souris, c'est un bon chat » (« 不管黑猫白猫,捉到老鼠就是好猫。 » La suite vous la connaissez ou presque…