Je rentre. L’habituel anonyme a profité de mon absence pour poser pantalon, d’ordinaire je tire la chasse d’eau mais là j’avais mieux à faire. Rien que pour donner un bon coup de balayette sur les épluchures du matricule IP 88-169-161-196 je sors mon Jean-Louis Murat qui a déclaré au journal Le Monde: « Le Web rend les gens hypocrites, il incite à prendre des pseudonymes » Pour ceux qui l’ignorent Murat est auvergnat – il est viscéralement attaché à son terreau natal – et, coup de pied de l’âne au nôtre –, il tire son pseudonyme du nom de la ferme isolée de Murat-le-Quaire où il a passé la plus grande partie de sa jeunesse. Auteur, compositeur, interprète, c’est un excellent guitariste et il possède un timbre de voix unique. Il produit et édite ses albums. C’est un poète, bourru et tendre qu’il faut aller voir sur scène où il se révèle vraiment, brisant l’armure et créant une vraie communion avec son fidèle public. J’aime Murat comme chanteur mais aussi parce qu'il assume ses coups de gueule lui pas comme notre héritier des corbeaux de sinistre mémoire qui se complait à déverser sa bile sur le Net. Sans doute n’a-t-il rien à faire d’autre dans sa triste vie que de venir lire ce que nul ne l'oblige à lire. Précision d’importance je vise ici le GC qui change de pseudo comme de chemise et qui donne des adresses e-mail fantaisistes mais dont l’IP reste le 88-169-161-196. Entre nous qu’il signât sous son vrai nom ou sous ses pseudos à la noix tout le monde s’en fout, sauf peut-être bonbonne qui ignore qu’il passe son temps à lever la patte sur le Net.
Mais revenons à Jean-Louis Murat : « Devant une assistance piaffant d’impatience, comblée d’avance dans une salle plus haute que profonde, l’artiste, accompagné de ses « fidèles » musiciens (toujours très pros et attentifs aux éclairs du génie), commence en douceur, avec des ballades qui lui ressemblent, sensuelles et hypnotisantes. Le quart d’heure noisy approche. Avec un mélange de quelques chansons de son répertoire actuel (couvrant les 3-4 derniers albums), Murat s’amuse et nous embarque, nous trimballe… En perpétuelle innovation, il va même interpréter « Pauline à cheval », dernière collaboration musicale de Jean-Louis avec le 7ème art (pour le film « Pauline et François »), dans une version entrecoupée de solos saturés et vivifiants. « Mousse noire », chef d’oeuvre de l’album « Tristan » (2008), prend toute son ampleur sur scène et renvoie aux plus belles heures de Neil Young période Crazy Horse, idole facilement devinable du terrible auvergnat. Murat continue d’alterner calme et tempête avec un tranchant « 16h qu’est-ce que tu fais », l’immersif et expressif « Chanter est ma façon d’aimer », le voyageur « Taormina », l’émouvant « Se mettre aux anges », et l’inédit « Yes sir », pop vintage qui se découvre uniquement sur scène. Une raison de plus d’assister au concert d’un artiste amoureux des mots et qui n’a rien à envier aux poètes historiques dont il s’inspire. » Ghyslain Fribourg le 10 novembre 2010 M comme Murat, M comme Magique: un Rocker nommé Jean-Louis.