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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 00:09

À l’intérieur du livre acheté sur les quais « Beaujolais vin du citoyen » Georges Duboeuf par Henri Elwing, plié en quatre, j’ai découvert les 2 feuillets double-face d’un « reportage », signé par un esthète du vin Nicolas de Rabaudy, sur Georges Duboeuf pour le compte du Figaro-Magazine du 10 novembre 1990. Si je vous le propose dans son intégralité, dans le cadre de mon opération « Grand Corps Malade » c’est qu’il me semble très représentatif de l’ambiance du début des années 90. Hormis le ton et le style très Fig-Mag, un peu condescendant, et une certaine forme d’hagiographie, l’auteur ne pratique pas la langue politiquement correcte qui a cours de nos jours dans nos gazettes. Son enthousiasme pour le travail de Georges Duboeuf n’est pas feint, mais bien réel et il repose sur une réalité qu’on aurait tort de minorer ou de cacher. 20 ans après, il est facile d’ironiser, de jeter aux orties le Beaujolais Nouveau, d’instruire des procès, d’oublier le chemin parcouru. Pour ma part j’ai l’intime conviction que ce ne sont pas les savantes analyses du passé produites par de beaux esprits, moi y compris, qui apporteront à cette belle région un souffle nouveau mais la capacité de tous, vignerons et négociants, à se prendre en mains pour que la réalité des vins du Beaujolais, quelle que soit leur positionnement sur le marché, correspondent à ce qu’on dit qu’ils sont. C’est l’essence même des AOC : écrit ce que tu fais, et fais ce que tu dis... Sinon, vive les IGP !

 

« Georges Duboeuf a inventé le beaujolais nouveau et transformé le troisième jeudi de novembre en date-culte. Grâce à ce génie des vignobles, le vin des mâchons est devenu un phénomène médiatique mondial»

 

Au pays de Rabelais, de Curnonsky et des 600 fromages, la nouvelle est d’importance : le beaujolais 90 ne sent pas la banane, comme en 1988, je viens de le constater en le goûtant dans le laboratoire d’analyses œnologiques, sis à Romanèche-Thorins, de Georges Duboeuf, cinquante-sept ans, le pape incontesté du beaujol’pince comme disait le regretté James de Coquet.

 

Vin régional de joueurs de boules devenu un phénomène de marketing, le beaujolais primeur 90 exhale des arômes de framboise, de fraise, une once de myrtille, c’est un concentré de fruits et de bonbons anglais ; en bouche il est plus tendre, plus friand que le 89, il est dénué de cette lourdeur disgracieuse qui le fait pencher vers la puissance d’un bourgogne de pinot – ce qu’il ne sera jamais.

 

Inventé en 1954 par Louis Orizet et don disciple Georges Duboeuf, le beaujolais primeur, premier vin AOC de l’année viticole, est l’expression accomplie du gamay, ce raisin noir à jus blanc qui pousse partout – jusqu’en Australie – mais qui ne livre de pur beaujolais que sur les monts du Lyonnais riches de granit. Cela s’appelle l’imprescripbilité du terroir. Sa marque. Son sceau.

 

Oui, il y a un goût primeur tant recherché par les amateurs qui contestent l’assimilation du beaujolais à un vin d’esthète : vive le vin plaisir qu’on lampe sans se creuser la tête ! Sachez que le style primeur, la vivacité et la gaieté ne sont pas la qualité de la vendange, la générosité du soleil ou le degré alcoolique – entre 10,5° et 14° pour le 90, ce qui évitera la chaptalisation, un ajout de sucre excessif. Restons près de la nature.

 

La saveur fruitée, la framboise, la banane, la rondeur charmeuse, tout cela est le fait du vigneron, de son talent, de son savoir-faire, de son expérience, de son flair. Une cuvée de beaujolais ça se vit dans le chai, ça se respire dans l’angoisse.

 

« Il est plus difficile de réussir le beaujolais primeur que le vin du château Lafite-Rothschild, de Petrus ou de Cheval-Blanc », lance Georges Duboeuf, levé depuis 5 heurs du matin, aux prises avec son 65ième verre de beaujolais nouveau (Il crache, rassurez-vous. Et il note ses impressions digérées par l’ordinateur.)

 

UNE BOISSON TECHNOLOGIQUE

 

Voilà une autre nouvelle capitale : le beaujolais des mâchons et des bistrots est un vin complexe, à l’accouchement problématique.

 

-         Une fois la vendange rentrée, le vigneron dispose de quatre jours de vinification décisifs où chaque heure peut modifier le caractère du vin, explique Duboeuf, une cornue à la main, et l’œil sur ses fioles. En quatre-vingt-seize heures, le vigneron rate ou réussit son vin. Je le lui achète ou je l’envoie à la distillerie. Dans ce court laps de temps, il doit déclencher la fermentation à 20° et levurer son vin, c’est-à-dire introduire des levures sélectionnées, comme la 71 B, qui va donner le goût primeur, tout en surveillant ses cuves afin qu’elles ne grimpent pas en température ; ainsi la couleur apparaîtra, le sucre se transformera en alcool, puis il devra descendre les vins à basse température et séparer les jus de tire des jus de presse, tout cela n’est pas rien.

 

-         A Bordeaux, le maître de chai d’un grand château peut prendre son temps, il laisse le vin en gestation se faire, éclore dans les cuves, sans le brusquer. Il attend, et il n’intervient pas : c’est de tout repos, non ?

 

Le beaujolais nouveau, une boisson technologique ?

 

La vinification semi-carbonique, Duboeuf avoue ne pas la posséder complètement.

 

-         On ne sait pas tout, ajoute-t-il, chaque année, des vendanges à la mise en bouteille, on joue les apprentis sorciers. Le beaujolais nouveau est encore au stade de l’expérimentation, c’est la stricte vérité.

 

DES REUSSITES SPECTACULAIRES

Pour tout nouveau millésime, un assaut de prouesses – et des réussites spectaculaires ne l’oublions pas. Ce qui frappe l’amateur, l’œnophile curieux, c’est que le jus de la treille lyonnaise, le pot des mâchons chers aux canuts de la soie, le beaujol’ de la canaille soit concocté par des forts en thème de l’œnologie moderne, par des gourous des cuves, des biologistes doublés de généticiens – j’exagère à peine. Les grosses têtes de la vinification affublés d’une panoplie d’ordinateurs auraient-ils envahi les exploitations viticoles et les coopératives ? Oui.

 

Le beaujolais de Clochemerle, c’est de l’histoire ancienne – toute proche, il est vrai. Le vin d’aujourd’hui, à la fin du XXe siècle, c’est la science du vin.

 

Comment en serait-il autrement ? Comment le beaujolais nouveau aurait-il conquis le monde – comme le champagne et les bordeaux – s’il n’avait été un bon vin, constant, marchand et loyal ? Le méchant picrate ne s’exporte pas. Personne n’en veut !

 

La formidable avancée qualitative du beaujolais primeur – et son succès mondial – c’est à des experts en dégustation comme Louis Orizet, inspecteur général de l’INAO dans les années 50, et à son disciple Georges Duboeuf qu’on la doit. C’est Louis Orizet, fantastique dégustateur, homme de plume et de culture, qui a inventé le vocable « beaujolais nouveau », en 1954. Ce n’est pas une agence de « pub », c’est un homme de la vigne, un fieffé connaisseur doublé d’un poète. C’est lui qui a transmis son savoir à l’embouteilleur-négociant-propriétaire Duboeuf dont la société vend aujourd’hui 18 millions de bouteilles dans 78 pays et 450 millions de chiffres d’affaires.

 

LES SECRETS DU TERROIR

 

Né dans une cave, orphelin de père à l’âge de quatre ans, l’enfant Duboeuf doit faire bouillir la marmite. Sa mère exploite un petit domaine à Pouilly-Fuissé, ce vin d’or et d’amandes qui bouleverse l’amateur. A l’âge de quatorze ans, le gone Duboeuf, à vélo et en culottes courtes, livre le vin de maman aux restaurants du coin, à Paul Blanc, l’oncle de Georges Blanc, au père Bocuse et aux bistrotiers de Lyon. C’est dans ces années de vaches maigres – très peu de vignerons vivent alors de leur vigne – qu’il apprend les secrets du terroir, les trucs pour réussir le vin et surtout pour le bien goûter. Sans bouche, sans nez, pas de vigneron, pas de négociant capable de discerner la piquette du nectar, le bon vigneron du bouseux, en général un aigri des papilles.

 

Trente années de périples, de courses, de visites de caves vont forger la science de Duboeuf et sa mémoire. De son coin de terre, les environs de Mâcon, il a tout vu, tout connu, de la misère acceptée à l’explosion du beaujolais embarqué par une flotte de Boeing – 60 millions de bouteilles exportées en 1990.

 

-         Ici, dans le Mâconnais, et jusqu’aux Pierres Dorées, plus au sud, le paysan vivait au rythme des saisons. Jusqu’en 1960, l’hiver, il coupe le bois, l’été il coupe le blé, et en septembre les raisins. Le reste du temps, il s’occupe de son potager et de ses vaches qui s’engraissent dans les champs et sont payées cher par l’abattoir. Le vin ne saurait le passionner, il n’en vit pas, ou si peu. Ce sont les coopératives qui vont le sauver et les gens de l’INAO lui apprendre à respecter la vigne.

 

Le premier job de Georges Duboeuf, c’est l’embouteillage à domicile, le travail à façon, la mise en bouteilles, si périlleuse à mener à bien. C’est comme ça qu’il va pénétrer chez les plus humbles paysans-viticulteurs et leur enseigner la bonne parole vineuse. Et acquérir un charisme unique dans les annales de l’œnologie française.

 

LES VINS DOIVENT ETRE RESPECTES

 

Perfectionniste, Duboeuf lutte pour la propreté dans le chai et l’hygiène du viticulteur. Sorti d’une toile de Le Nain, le paysan-vigneron qui a trait sa vache dans l’étable ne doit pas entrer dans le chai avec ses sabots crottés. Il ne doit pas entreposer les légumes et les instruments de culture près des barriques. Ni tremper sa pipette dans les moûts sans la rincer : les microbes, ça existe. Les chats et les chiens n’ont pas à dormir dans la cave. Les vins doivent être respectés, ce ne sont pas des choux ! Même si on met du rouge dans la soupe pour faire chabrot !

 

Jusqu’en 1960, véritable date charnière, le beaujolais, c’est la France de Zola, de Maupassant (une vie) qui va se trouver propulsée dans l’univers des batteries de cuves en inox, le contrôle des températures et la chaptalisation autorisée. Et l’enrichissement de milliers de viticulteurs à qui Duboeuf achète les vins. Cette année, Geo-geo, comme ils l’appellent, aura analysé 12000 échantillons, goûté le vin de 500 viticulteurs et de 12 caves ! Une œuvre de titan : la métamorphose d’une région par le génie d’un homme.

 

Voilà un vin international que l’avisé Duboeuf a fait aimer dans des pays à forte tradition viticole comme l’Espagne ou la Grèce, où il a été exporté pour la première fois en 1989. Le Japon et Hong-Kong, c’est fait. Il restait Moscou où le vin nouveau va faire son apparition le 15 novembre prochain lors d’une fête à la française. Car l’arrivée du beaujolais aux quatre coins du globe c’est le message de la France du bien-vivre et du savoir-boire. Songez que la totalité de la flotte cargo –

 

 Des centaines d’avion – est mobilisée pour véhiculer le vin, de Lyon, dès le 14 novembre dans la nuit. Même le Concorde sera de la partie : il se posera à Lyon avec à bord une flopée de citoyens américains désireux de goûter le vin là ou il naît.

 

Sans de formidables progrès en qualité, en légèreté, en équilibre – le sucrage est néfaste pour la dégustation – le vin cher à René Fallet n’aurait pas été reconnu hors de l’hexagone. Il n’aurait pas non plus gravi l’échelle sociale – le gamay frais ses bistrots à droit de cité chez Maxim’s, à la Tour d’Argent et à l’Elysée où le président de la République se fâcherait contre l’intendant du palais si le vin des traboules ne figurait pas au menu, le 15 novembre, à midi.

 

« C’est le vin le plus médiatique du monde », note Georges Duboeuf, soulignant aussi que c’est le plus rapide à s’imposer, à surclasser ses concurrents – et à s’effacer. Quinze jours après son lancement fulgurant, personne n’en parle plus. Mais le vin est bu ! Et désiré. Il est entré dans les mœurs.

 

COMME UNE SUPER-MARQUE

 

La médaille a son revers. Le beaujolais nouveau fonctionne comme une super-marque. Les vignerons élevés par Georges Duboeuf dans le goût du bon vin sont devenus exigeants, un rien prétentieux question porte-monnaie et compte en banque. Le prix du beaujolais a monté de 30% en deux millésimes ; pas mal, non ? Les paysans qui font les vendanges en Renault 25 ont des envies de nouveaux riches. Oublié le temps de la mouise, quand le père Ramonet, à Chassagne, n’avait pas de chaussures pour sarcler ses vignes !

 

-         Le beaujolais c’est comme le champagne, ça n’a pas de prix, disent les parvenus du gamay, les crésus des règes dont les femmes ont abandonné le catalogue de la Redoute pour le dépliant Hermès.

 

Fureur de Duboeuf, qui les sermonne :

 

-         Ah ! les vignerons, vous avez la mémoire courte ! Priez le ciel que la vigne vous soit toujours clémente ! Vous n’êtes pas les dieux des ceps, vous êtes les serviteurs de votre terroir que le Seigneur vous a légué, et qui vous a appris la belle vie.

 

Le beaujolais 90 est vendu 26 F environ. Un bon prix, non ? ( note du rédacteur 4 euros)

 

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commentaires

J
<br /> <br /> Notre confrère Henry Elwing, grand reporter à Paris Match a toujours été l'ami fidèle du Beaujolais : on faisait appel à lui pour tout ce qui s'écrivait sur les vins de cette belle région.<br /> Je l'ai souvent sollicité (pour Vintage et pour Larousse)... Un grand monsieur du vin. Je suis heureux qu'il lui soit fait hommage ici et maintenant. Quant à la plume alerte de notre ami Nicolas<br /> de Rabaudy, plume trempée dans le beaujolpif, une fois n'est pas coutume, qu'il soit dit, une fois encore qu'elle est au service d'un grand critique : on retrouve la verve du Rabaudy du<br /> "Masque et de la Plume" lorsqu'il portait le masque de critique de cinéma.<br /> <br /> <br /> Oui bon, vous me direz, tout celà c'est du passé... Qui s'en préoccupe aujourd'hui ? On le devrait cependant car les belles plumes et les grands reporters n'écrivent plus sur le beaujolpif.<br /> Vous me direz il y a bien Pivot, le gars du cru, et puis Michel Bettane qui y avait sa maison... Et pourtant il y aurait tant à dire et à écrire!<br /> <br /> <br /> 28 juillet 2010, 15 heures à Villié-Morgon, pas un chat hormis deux  camping-cars hollandais : nous sommes loin de la "bonne cinquantaine de cars au parking" cités par Pierre Marie<br /> Doutrelant (les bons vins et les autres, Seuil, 1976), loin des"500.000 verres servis à l'année" et des "50.000 bouteilles vendues" à ce même caveau ces années là.<br /> <br /> <br /> Le Négoce a fait le Beaujolais Nouveau, Georges Duboeuf en tête...<br /> <br /> <br /> Et on a fait "pisser la vigne" (de 38Hl/ha à bien plus de 58 Hl/ha) on a planté partout (le vignoble a plus que doublé en superficie), on a chaptalisé bien au delà des 2° réglementaires, on a<br /> levuré à "l'aromatique" avec de la B71 et bien d'autres levures sélectionnées par des oenologues-chimistes et des généticiens-apprentis-sorciers. et voilà: le beaujolpif a perdu son âme, son<br /> authenticité et sa crédibilité. Si Frédérique Dard écrivait encore, il est sûr qu'il ferait boire autre chose que du Beaujolais au gros Béru!<br /> <br /> <br /> Comment redorer le blason du beaujolais ? Voilà la question que chacun se pose sans y trouver de solutions. Pendant ce temps de plus en plus de vignes sont en friches et les jolies petites routes<br /> entre les villages ne sont plus fréquentées que par des tracteurs chargés de cuves pour traiter, traiter, traiter. Monsanto devrait investir dans la recherche pour trouver La molécule miracle qui<br /> assure la bonne qualité du vin sans danger pour la santé humaine!<br /> <br /> <br /> Une révolution, voilà ce qu'il faut au Beaujolais, pas une révolte, une Révolution!<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> Il faut ajouter que Georges Duboeuf et son fils ont beaucoup fait et font encore pour faire connaître la région, ses paysages et ses traditions et qu'ils ont bien distribué les crus, en assemblage<br /> ou en valorisant certains domaines. Sur ce plan, leur petit bulletin semestriel "La Trinquée", qui présente leur catalogue, est remarquable. Certains articles (notamment rédigés) par Louis Orizet)<br /> mériteraient une réédition dans une anthologie à la gloire du beaujolais, éternel comme le Cep à Fleurie (qui a toujours une étoile au Michelin, d'ailleurs)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Que de souvenirs à la lecture de cet article. Pendant des années je ne jurai que par le Beaujolais. Mme Cortambert, c'est à dire Chantale Chagny, est toujours en son auberge du Cep, après avoir<br /> rendu l'étoile gagnée par son défunt mari Gérard. Le Beaujolais a depuis perdu son âme et, depuis qu'on en reparle sur le blog, je suis persuadé qu'une des raisons majeures provient de<br /> la surexploitation du terroir et des traitements qui ont rendus les sols morts.A partir du moment où  les Mercédès ont remplacées remplacées les 4 L dans les garages des<br /> vignerons et les vacances à Courchevel les baignades en bord de Saône, le déclin du beaujolais a commencé : c'était devenu trop facile. Je me souviens aussi de ces journées entre le jeudi et<br /> le samedi où l' on vendait  près de 30 000 bouteilles de primeurs dans un seul point de vente du Savour Club.<br /> <br /> <br /> Par ailleurs, il me semble que les Mont du Lyonnais ne sont pas de nature granitique mais plutôt calcaire. Nicolas de R confond sans doute avec la région des crus.<br /> <br /> <br /> <br />
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