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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 00:09

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Samedi au petit matin j’ai pris le train. Le chat de la voisine planqué dans mon bureau a été à deux doigts de me faire louper le TGV de Poitiers. Comme mes fidèles le savent j’allais en la capitale du Poitou débattre, en une Assemblée, sur le goût et plus précisément sur la féroce bataille que nous joyeux gaulois devrions livrer contre les forcenés de Bruxelles, jamais en reste d’un coup tordu, qui passent leur temps à tout pasteuriser, à émasculer les goûts forts des produits de nos terroirs, à gommer leurs rudes senteurs et, en le disant plus crûment, à nous faire chier. Accueillis à la gare nous filâmes en auto jusqu’à la maison du peuple, appellation non contrôlée du lieu des débats. C’est à la lisière du centre piétonnier, café, attente en picorant. Photo officielle avec Marianne dans les bras, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire !  Ensuite, assis en retrait j’observais les invités, certains quêtant les regards « suis-je reconnu ? », d’autres vantant déjà leur fonds commerce, tel le sémillant Aymeric Caron, très j’ai écrit un livre choc (No Steak) et je vole très au-dessus de la piétaille.

 

L’heure est venue. La salle est au 3/4  pleine. Périco lance le débat. « Alors que Bruxelles multiplie d'une main des règlements aseptisant, elle favorise de l'autre les pratiques ultralibérales et leurs dérives mercantiles. Peut-on y voir plus clair ? Comment distinguer les progrès évidents en matière d'hygiène, des atteintes à la qualité et à la diversité ? Quel équilibre établir entre industries agroalimentaires et « fait à la main » ?  Je sens que c’est lui qui va faire le débat à lui tout seul. Mon interlocutrice Noëlle Lenoir, ex-Ministre des Affaires Européennes, ferraille contre Périco et moi j’attends car je n’ai nulle envie de me laisser enfermer dans un débat réducteur en noir et blanc. Quand Périco me donne la parole je la prends, non pour réécrire l’Histoire de la construction européenne mais pour tenter de mettre en perspective ses réalités, ses contradictions et les nôtres. Nul n’est indemne de reproches dans cette histoire, chacun porte sa part de responsabilité et il serait vain de se contenter d’un bouc-émissaire commode. Y ai-je réussi ? Je ne sais, mais j’avoue qu’en sortant j’avais le sentiment du devoir accompli.


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C’était l’heure du déjeuner. Nous allions à pied au restaurant. Une table officielle était dressée autour de la Présidente, par bonheur vu mon maigre statut je n’y étais pas placé sinon je me serais abstenu. Je hais ces tables où se pressent les happy few pour faire les beaux. Déjà beaucoup donné à  cet exercice officiel, grosse fatigue. Je déjeune avec plaisir en compagnie de Marcel Richaud et d’Eric Conan. Madame Royal s’esbigne en nous saluant de loin d’un signe de la main, mais nous ne sommes que du menu fretin. Nous revenons pédestrement à la maison du peuple. J’assiste à un petit morceau du débat sur les AOC dans une salle bien dépeuplée mais la concurrence de Michel Onfray était beaucoup trop rude. L’heure pour moi était venue de me rendre toujours pédestrement jusqu’à la cave, Le Fruit Défendu rue de la cathédrale. Les rues et les terrasses sont pleines d’adorateurs du Dieu soleil. J’entre dans l’échoppe, il y fait frais, le lieu est agréable, bien agencé en deux salles, cave à vins en premier puis lieu pour picorer et boire le soir. Bon moment passé à discuter avec William et à apprécier quelques belles quilles locales de vins nu. Retour au débat sur les pesticides, salle pleine et bonne appréhension des questions mais je devais partir prendre mon TGV pour Libourne. On m’y conduisait dans une « Ségolenette » électrique à 3 places, la MIA d’Heuliez.link


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Étrange journée pour votre Taulier, comme une parenthèse à peine ouverte et vite refermée, je ne suis plus fait pour ça, j’aime trop le vrai débat, donc une journée passée avec le sentiment d’être là sans vraiment y être, pour occuper un minuscule espace dans l’univers dominé par le paraître, mais, par bonheur, une journée non encore terminée et dans le TGV me menant à Libourne je me reconnectais à vous chers lecteurs en pensant que j’allais passer une belle soirée en un lieu que j’aime, l’Envers du Décor, une appellation qui cadrait bien avec ce que je venais de vivre au cours de ce drôle de jour. L’ami François Des Ligneris m’attendait à la gare et m’accueillait avec un large sourire. Avec lui c’est simple lorsque nous nous retrouvons nous nous contentons de reprendre notre conversation là où nous l’avions laissée. Comme en ce moment au village les conversations vont bon train sur ce que vous savez il m’était agréable de m’y retrouver.

 

C’était la fête au village, des tentes blanches à l’entrée, des happy few en rangs serrés, Etchebest aux manettes, intronisations, et nous de penser que de ne pas en être était vraiment du dernier chic. Vérification faites sans contestation possible sous les charmilles de l’Envers du décor où je retrouvais ce que j’aime par-dessus tout : le charme de la conversation. Bien évidemment ma réserve naturelle m’interdit d’aller au-delà de cette simple évocation. Tout le village saura avec qui j’ai dîné samedi soir mais pas vous. C’est rageant mais ça n’a aucune importance car votre Taulier n’est qu’un petit chroniqueur sans grande importance dont les écrits ne font guère trembler les piliers des magnifiques portails des propriétés du beau village – c’est la mode dans le vignoble. La nuit est douce, l’heure est venue d’aller se coucher car demain j’allais devoir aller arpenter les allées moquettées de Vinexpo. Bonne nuit les petits, le marchand de sable passait, une cloche sonnait, je dormais comme un bébé. Dimanche matin  par ma fenêtre ouverte j’entendais le coq chanter. Dans les rues vides du beau village sous un beau soleil naissant je partais rejoindre François chez « Pivoine et Café ».


à demain sur mes lignes si vous le voulez bien.

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commentaires

Q
<br /> AH ! le bon ami Francois, il a oublié de déposer ses comptes aux greffes depuis 2006 !<br /> <br /> <br /> quel étourdi.<br /> <br /> <br /> Bien le bonjour<br />
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P
<br /> Bonjour<br /> <br /> <br /> J'apprécie beaucoup votre écriture gouialleuse, "juste ce qu'il faut" et bien sûr, vos sujets.<br /> <br /> <br /> Un avis : si vous donniez un peu d'air à vos chroniques, avec des chapitres ou des intertitres, la lecture serait plus confortable. Les pavés, c'est un peu soixante-huitard. <br /> <br /> <br /> Amicalement<br />
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