C'était au temps où Bruxelles rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où Bruxelles chantait
C'était au temps où Bruxelles bruxellait…
Non c’était au temps de ma militance pour la méthode ancestrale, au temps où il était de bon ton de considérer les blogs comme des joujoux pour ados ou pour un passe-temps de VC et que j’écrivais de ma plume inimitable et jamais imitée (la brosse à reluire est plus douce que la brosse à décaper) :
« Quand je pense que les « grands esprits de la recherche agronomique» se chatouillent pour trouver des vins de faible degré et que nos « génies de la grande distribution » nous font prendre leurs pseudos-découvertes pour des innovations, alors que je les soupçonne de n’être que des moutons de Panurge en retard d’une guerre tout en se la pétant grave, alors que voilà des vins traditionnels, sympas, peu alcoolisés, pétillants, joyeux qui ne demandent qu’à être promus. Ça nous changerait de la énième promotion Champagne ou Bordeaux et des tristes têtes de gondoles. L’imagination n’est vraiment pas au pouvoir chez les boys de MEL qui cause plus vite que son ombre ou chez les « technos binaires» de Carrefour… Bougez-vous le cul les mecs ! Vous n’êtes que des « fonctionnaires » routiniers, bien au chaud, qui ne faites plus le boulot. Et ne venez pas me dire que votre mur de vin vous le dressez pour le chaland, ce con de payant. Allez faites-nous des mises en avant sympa, ludiques, sympathiques. Dites à vos chefs que le rayon vin c’est le mur de Berlin. On a changé d’époque les gars. Bon vous me direz comme je ne suis pas votre client préféré ce que je dis vous n’en avez rien à cirer. Allez, à quoi bon faire monter le degré puisque j’ai ma petite boutanche au frais.
En ces temps reculés ma boutanche se présentait avec une fermeture à système limonade et portait un nom désuet : « vin du propriétaire » c’était une blanquette de Limoux 6,5% naturels. Je l’avais fait déguster à ma bande de djeunes et ça les avaient bluffés « Un nez de crème brulée, toasté, des arômes de miel ; une bouche explosive où les arômes compotés se confirment, où le sucré n’a rien de sirupeux grâce à une belle mâche qui laisse un sentiment de fraîcheur. » Pour eux c’était une réelle découverte et Margot, toujours aussi radicale, en voulait 2 caisses sous son lit. Et moi d’espérer que du côté de Sieur d’Arques ce produit ancestral, mais si nouveau, très fun, peuplerait un de ces jours les nuits parisiennes avec un petit lifting de l’étiquette tout en conservant sa fermeture système limonade.
C’était en 2008 !
Au dernier Vinexpo, pour la nième fois je vannais Alain Gayda avec mon couplet sur sa méthode ancestrale introuvable… lorsque l’on m’apporta sur un plateau une boutanche habillée comme une quille et dénommée Cœur de Bulles, tendre et fruitée avec 6 petit degrés. Bien sûr le vieux ronchon que je suis regrettait sa bouteille genre limo pratique pour stockage au frigo après ouverture et consommation partielle. Mais bon l’important c’est ce qu’il y a dans le flacon... Vin d’initiation, une belle transition pour des palais adolescents, âge tendre et tête de bois, même si le temps des slows a vécu. Même pour les grands prêtres de la tradition, allergiques à toute forme d’innovation, c’est du nature. Reste à ceux qui sont au bout de la chaîne, les distributeurs de toutes tailles, à faire un petit effort pour mettre en avant cette vieille dame indigne si jeune, si pétillante, toujours adolescente…