J’ai longtemps retenu ma plume mais la coupe trop pleine débordait lorsque je voyais sur Face de Bouc et Twitter le sauveur flanqué de son pousseur Alain Raynaud, œnologue-viticulteur président du Grand Cercle, s’exhiber dans un château où il n’avait jamais mis les pieds avant qu’il ne tombât dans l’escarcelle de François Pinault. La tronche de cake satisfaite de l’autoproclamé propriétaire m’achevait ; minable marionnette suffisante donnant le change, envie de gerber...
Indécent !
Terre de Vins, propriété de Sud-Ouest, relayait l’info « Le célèbre critique américain est présent ces jours-ci en terres bordelaises, deux mois et demi après les Primeurs. Une venue de bon augure selon Alain Raynaud, président du Grand Cercle, pour laisser sa chance à ce millésime tant décrié.
« Je suis agréablement surpris que « Bob » vienne. J’espère qu’avec sa venue, ce millésime décrié sera réhabilité. Il est encore aujourd’hui l’un des palais les plus sûrs ». C’est ce que confie Alain Raynaud, œnologue-viticulteur et président du Grand Cercle, à propos de la visite du célèbre dégustateur et critique américain dans le vignoble bordelais. Aux dires d’Alain Raynaud, Robert Parker sillonne depuis mercredi le vignoble pour déguster le millésime 2013. Il devrait rester jusqu’à la fin de semaine prochaine. link
Je relaye le commentaire d’une bordelaise qui synthétise très bien la réalité bordelaise…
Quel bal d’hypocrites.
« Les grands crus classés peuvent continuer leur bras de fer avec le négoce, le reste de la filière, et en définitive les consommateurs finaux, forts des réserves accumulées dans les dernières années, qui n’ont toutes été englouties à construire des chais dignes des films de James Bond pour en jeter plein la vue aux badauds. Les négociants, importateurs, distributeurs auront raison moins longtemps qu’ils seront solvables.
Les petits châteaux tachent de faire de leur mieux, souvent avec des comptes de résultat dans le rouge et des bilans en forte détérioration (demander au patron de la filière vin du Crédit Agricole, de la BNP ou du CIC), mais sont au bout du compte souvent coupable de produire un vin médiocre.
Une grande partie des négociants souffre avec le sourire – ou sans, comme P. Bernard, mais qui en fin de compte vient à la soupe comme tout le monde, espérant que 2014 sonnera le retour à meilleure fortune. Les promesses du négoce aux châteaux de tenir les prix de revente conseillés ne trompent personne. Tant de négociants se sont délestés de leurs allocations en bradant les primeurs auprès des clients. La campagne primeurs 2013 est à ce titre un superbe exemple de jeu de menteurs.
Les courtiers tachent autant que possible de convaincre les propriétaires de châteaux de baisser les prix mais ils connaissent trop la fable du chien et du loup. Les beaux costumes de ces messieurs s’abimeraient loin du cours Xavier d’Arnozan ou du quai des Chartrons.
Les importateurs étrangers sont chinois comme CND sont exsangues, victimes de leur avidité sur une classe d’actifs qui souffre de la même volatilité que l’or ou les bulbes de tulipe.
Les importateurs américains, japonais, australien disent stop. Les Chinois s’apprêtent à liquider une ligne de bilan improductive pour leurs conglomérats de semi-conducteurs ou de BTP – faisant trembler les importateurs lourds de stocks de 2009 et 2010 particulièrement.
Les investisseurs – spéculateurs ont disparu. Ceux dont les entrepôts sont pleins auront de quoi boire pour oublier. Les anglais se vautrent aux pieds du nouveau dieu bourguignon, avant la prochaine claque (Romanée Conti bien fragile, le déclencheur pourrait-il être la débâcle du fonds d’investissement luxembourgeois dont une grosse partie des actifs consiste en Domaine de la Romanée Conti?)
Les consommateurs français et étrangers disposent d’un choix extraordinaire d’alternatives à un vin de Bordeaux qui est trop cher pour les grands crus, et souvent médiocre pour les vins d’entrée de gamme. Les vins de moyenne gamme présentent souvent un véritable intérêt, et le consommateur ne s’y trompe pas. A ce titre Vinexpo HK a vraiment donné le La.
Terre de Vin y va de son adoubement renouvelé et servile à Parker, que des critiques comme Quarin et Dubourdieu, s’ils disposaient de l’aura qu’ils méritent, permettraient de renvoyer dans ses bois. »