Cette chronique se place dans la veine de celles que j'ai consacré aux objets cultes. Elle s'étalera sur deux jours (la prochaine le 31/07)et, pour tenter de dessiner le personnage friant de l'accoutrement complet que je vais m'efforcer de mettre en scène, un garçon connu de nous tous, une figure, un icône occitan, une seule image m'est venue à l'esprit : celle de Dennis Hooper dans Easy Rider. Plus que Peter Fonda, Hooper, alias Billy, colle très bien à l'image qu'a toujours voulu se donner l'homme qui parlait si bien juché sur le tonneau.
Nous allons commencer par le bas : les santiags. Ronald Reagan, qui avait fait lui aussi l'acteur avant de présider aux destinées des USA, en possédait une trentaine de paires. Elles ont chaussé les pionniers anonymes des origines du Texas, au siècle dernier, tout autant que le légendaire Buffalo Bill, ou les Gary Cooper, John Whayne et Eastwood, au même titre que les champions de rodéo ou les camionneurs solitaires de la transaméricaine. Aujourd'hui c'est la Rolls de la chaussure. Le petit Bush a même essayé, lors d'un G8, d'en fourguer à notre grand Jacques qui préfère le moccassin sur chaussette transparente. Les meilleurs bottiers spécialisés américains offrent le choix entre 9 coupes de talons, 6 formes de pointes, 4 découpes de tiges, 6 modèles de surpiqures et 8 tailles dans la largeur, dans une variété de peau et de coloris extraordinaire.
A l'origine, ne l'oublions pas, les santiags étaient des objets fonctionnels. Elles étaient faites pour des gugus qui se tapaient le cul sur une selle de cheval toute la sainte journée en gardant des vaches : des cow-boys quoi. Elles se glissaient impec sous le jeans, le Levi's. Si elles sont effilées c'est pour faciliter leur entrée dans les étriers. Leurs longues tiges doivent protéger la jambe des frottement des étrivières. Quant aux talons taillés en biseau et aux renforts de semelle en acier, ils permettent de mieux s'enfoncer dans le sol quand on doit résister à la force d'une bête prise au lasso. Je vois votre oeil s'illuminer : sur l'asphalte des trottoirs des villes pour la manif y'a rien de mieux mon Jeannot ! La mythologie, surtout la sienne, ça se cultive avec le même soin qu'un bonzaï. J'en resterai là pour aujourd'hui et, pour ne pas rompre avec la tradition qui veut que je vous offre avec ma chronique un petit verre, aujourd'hui je vous propose : un vin des Côtes de Thongue... www.cotes-de-thongue.com