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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 00:20

Alexis Gourvennec, 71 ans, vient de décéder. La saga de l'homme du choux-fleur et de l'artichaut bretons, de la SICA de St Pol de Léon, du marché au cadran, de la marque Prince de Bretagne, de la Brittany Ferries et du cochon en batterie, casseur de Préfecture devenu un puissant notable, est emblématique de l'évolution du Grand-Ouest de l'après-guerre passé de la misère noire à une prospérité fondée sur l'intensification technique et l'émergence d'industries agro-alimentaires puissantes.

 

La Bretagne de Bécassine, des bonnes gagées à Paris, exportatrice de bras pour les usines, ces émigrés de l'intérieur, s'impose comme le leader dans le petit poulet congelé à la Charles Doux vendu aux Emirats arabes à grand coup de restitutions, la dinde du père Dodu, le cochon de la Cooperl et les Holstein qui pissent le lait pour le plus grand bénéfice de Michel Besnier le Lavallois, en profitant à fond de l'ineptie de notre OCM céréales, important par les ports de Brest et de StNazaire des cargos de soja et de PSC. Plus qu'une révolution silencieuse, c'est un réveil brutal à la chinoise, implacable et déterminé. Un développement à la Alexis Gourvennec, sans état d'âme, comme une revanche des gars aux galoches, les Finistériens surtout. Lisez ou relisez le Cheval d'Orgueil de Jakez Hélias.


Ce matin, en saluant la mémoire d'Alexis Gourvennec, avec qui je me suis frictionné assez souvent, je  voudrais souligner qu'il faut, avant de vilipender ou de condamner un système, chercher à en expliquer les ressorts.

 

L'exploitation familiale à 2 UTH, invention des premiers technocrates de la Vième République, scellée dans le bronze des lois d'orientation agricole de Pisani, est la mère du productivisme tant décrié de nos jours. En décrivant cela, je ne justifie pas le système, je l'explique.

 

Quel choix autre laissait-on au jeune agriculteur s'installant sur une poignée d'hectares, pour vivre, pour tenter de vivre comme ceux de ses copains partis à la ville, bien logés dans des HLM flambants neuves, avec salle d'eau et chambre individuelle.

 

C'était tout de même mieux que la cohabitation avec les parents et les grands-parents, non ! Alors quand les tous nouveaux industriels de l'aliment du bétail : les Guyomarch et consorts faisaient le tour des fermes pour proposer des élevages intégrés, avec un revenu monétaire palpable, ils trouvaient des candidats.

 

Je peux en parler d'expérience, mon frère aîné Alain fut ainsi dragué par BVT, rattrappé par les cheveux grâce à la SICA-SAVA de Bernard Lambert, elle-même tombée dans l'escarcelle de Tilly pour finir dans celle de Gérard Bourgoin. Il n'a pas pollué les rivières, il s'est contenté d'élever des poules qui pondaient des oeufs pour la reproduction. Le début de la chaîne industrielle, rien qu'un petit maillon, sans pouvoir sur la finalité du système qui l'intégrait.


Tout ça pour dire qu'on ne sort pas d'un système en le stigmatisant ou en proposant des solutions qui ne sont que des copiés-collés d'une vision passéiste de la petite exploitation respectueuse de l'environnement. Que celle-ci soit une voie intéressante et importante pour certains produits, pour certains marchés c'est l'évidence. En faire le modèle unique, en revanche, participe de la même vision que celle qui animait les défenseurs de l'exploitation familiale à 2 UTH.

 

En viticulture, pour la viticulture de masse, qu'elle soit de pays ou d'AOC, nous sommes à ce stade où il faut être en mesure de proposer aux plus grand nombre soit de plier bagage avec un accompagnement social digne, soit de s'adapter à la nouvelle donne mondiale.

 

Mais alors, me direz-vous, le spectre de l'intégration plane sur notre viticulture artisanale ?

 

Non, ce modèle est dominant ailleurs, vouloir le copier nous mènerait à une impasse. En revanche, on oublie de souligner l'importance de la coopération dans ce type de viticulture, et la coopération, comme chacun sait ou ne sait pas, au plan juridique est la continuation de l'exploitation.

 

Le défi est donc au coeur même de la modernisation des entreprises coopératives vinicoles. A elles d'imaginer les méthodes et les pratiques leur permettant d'être réactive et efficace face aux grands metteurs en marché mondiaux. C'était l'un des défis jeté par les auteurs de Cap 2010.

 

Sera-t-il relevé ?

 

L'avenir d'une part importante de notre viticulture en dépend et nos candidats à la fonction présidentielle feraient bien de s'en préoccuper.    

 

 

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commentaires

P
les viticulteurs avec sarkozy?je ne les connaissaient pas...quand on connait la passion de ce candidat pour le vin, on ne peut que s'étonner de l'élocution placée en entête du blog sus nommé.je vous renvois au prochain magasine des vins de france sur les candidats et leurs connaissances du vin!si ce monsieur avait lu le cap2010, il saurait qu'il n'y a aucunement de fond politique dans le texte (ni entre les lignes).mais peut être y-a-t-il trop de pages pour une pensée unique...cordialement et sans rancune!
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T
Bordeaux n'est pas le centre du monde vinicole?, mince!Si la coopération bordelaise dans son ensemble (j'ai failli écrire dans son unité) bougeait, se remettait en cause, cherchait à recoller à l'air du temps, vous y verriez certainement un encouragement.Mais ce n'était pas le propos.....................Le plus surprenant depuis 5 ans maintenant c'est l'apathie générale, la recherche de solution qui surtout ne bouscule rien, ne résoud rien, juste permet d'essayer d'attendre que le plus grand nombre disparaissent pour agrandir l'espace vital de ceux qui restent.
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M
Bonjour,<br /> Certe Bordeaux n'est pas le France, mais arretez de ne parler que de ce cap 2010, qui lui aussi n'a qu'une vision de la "Pensée Unique" ou de la" Pensée Socialiste" que vous pouvez en avoir, de l'avenir de notre filière.<br /> Allez lire les editos et les reflexions sur www.viticulteurs-avec-sarkozy.com<br />  <br />  <br />  
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J
<br /> <br /> Quel courage ! Même pas celui de signer son commentaire. Moi je ne parle que de ce que j'assume, donc de Cap 2010, qui n'est ni la pensée unique ni la pensée socialiste. Que cela vous<br /> insupporte je le comprends. Quand à la pensée socialiste je ne pense pas être dans la norme. Mais grand bien vous fasse, chacun est libre de ses opinions encore faut-il les assumer au grand<br /> jour.<br /> <br /> <br /> <br />
S
Coopération, Négoce ou cave particuliere peu importe  à la limite le type de structure .... <br /> L'essentiel n'est-il pas de distribuer nos vins ?<br /> A cet effet nous allons bientôt sortir une nouvelle marque de Bordeaux dont le positionnement nous parait interressant et novateur.<br /> Si ça vous branche mon cher Jacques et si ça ne vous dérange pas de me communiquer votre adresse je vous en ferez expédier quelques bouteille histoire d'avoir votre avis.<br /> Bien cordialement <br />  
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M
En dehors de la lecture du Cheval d'Orgueil de Jakez Hélias je vous conseille vivement  le livre de Jean ROHOU " Fils de Ploucs". Editions Ouest France.Cet Universitaire Rennais présente une Bretagne Finisterienne profonde du temps de son enfance (il est né en 1935) et fait des comparaisons judicieuses de comportements . Ne pas manquer le chapitre 8 :Tous ivrognes ? 
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