Au petit matin je les avais emmaillotées avec soin et amour, lange vert pour les deux quilles blanches et blanc pour les quatre rouges. Auparavant j'avais photographié les belles nues toutes ensembles puis, une à une, pour pouvoir les révéler dans leur splendeur inviolée à l’heure où, après avoir subi le jugement dernier des 4 filles, elles devraient enfin montrer leur pedigree.
Tout se présentait bien en ce petit matin et je m’en fus poster guilleret un message aux 4 belles avec photo à l'appui pour les faire saliver : les 6 sans soufre aveugles qui vous attendent ce soir
« Bonjour les miss,
Ce soir nous jouons plus que nous ne faisons un concours de dégustation. Lorsque je dis nous je ne peux en être car c'est moi qui ai emmailloté les 6 bouteilles : 2 blancs et 4 rouges.
Chaque dégustateur aura toute liberté ce que je recherche, vous vous en doutez, c'est à écrire une chronique déjantée et comme le hasard est mon allié nous serons 6 pour 6 sans soufre. (Ndlr il y avait aussi un garçon en plus de votre Taulier).
Bref, ce soir je donnerai la règle du jeu, simple et sympa, puis ensuite place à la musique des fourneaux d'Isa et aux belles bouteilles.
Je vous embrasse
à ce soir »
Je vous épargne les détails d’intendance mais sur les coups de 21 heures passées l’a fallu s’y coller. Y régnait une ambiance très lycée Papillon. Les bouteilles étaient numérotées de 1 à 6, les 2 quilles vertes d’abord puis les 4 rouges sans ordre préconçu de la part du Taulier. Les 6 bouteilles en lice ne relevaient pas de mon choix mais tout simplement d’envois qui m’avaient été fait, sans que je l’eusse demandé, donc j’ignorais le contenu de 4 flacons sur 6. Enfin, sans participer à la dégustation je goûtais moi aussi. Les 4 beautés : Gabrielle, Isa, Marie et Sonia, le garçon s’abstint, beau quatuor de dégustatrices représentatives de la nouvelle génération étaient dotées d’une petite fiche où elles devaient transcrire librement leurs commentaires bouteille par bouteille, sans bavardage pendant l’exercice (pas simple). La discussion était ouverte après chaque quille dégustée. Dernier détail, sur ces vins sans soufre ajouté, un seul se déclarait nature le n°1 et un autre avait reçu du soufre en petites doses le n°6 (il était là pour faire figure de témoin).
Donc tout se présentait bien, les filles étaient sur leur 31, sauf que dès le premier flacon c’est parti en vrille, un petit côté je repars en fermentation en flacon. Sueurs froides, comme un sentiment que du côté de ma chronique je ne ferais pas dans le déjanté mais plutôt dans le genre silence glacé. Ça augurait d’un massacre à la tronçonneuse et j’avais peur de ne plus rien maîtriser. Par bonheur, une légère embellie se pointait au cul de la deuxième bouteille mais ça n’était pas le grand enthousiasme. Ça jasait grave.
Le passage au rouge allait peut-être inverser la tendance. J’étais prêt à aller allumer des cierges à l’église de la Trinité toute proche. La dégustation de la quille n° 3, paisible et recueillie, me fit penser que mon martyr touchait à sa fin car celle-ci ne fit, bien au contraire, l’objet d’aucune démolition radicale. Je soufflais.
Pause de courte durée car la 4, sans être descendue en flamme, ne fit pas l’objet d’un grand enthousiasme. Elle sauvait sa peau, ce qui dans l’ambiance torride était déjà beau. Pour la suivante, le flacon 5, je craignais le pire et ce fut pire que le pire, une condamnation goguenarde sans attribution d’aucunes circonstances atténuantes.
Tout ce que j’écris est le fruit de la relecture des notes des damoiselles et des souvenirs de leurs échanges parfois débridés. Je force à peine le trait mais j’avoue que rien ne fut unanime et non dépourvu de subtiles nuances. Faire la synthèse de tout ça serait bien plus difficile que celle des motions du PS voire celle du défunt PSU.
Restait la bouteille 6, dont j’espérais beaucoup. Dieu que j’étais fou, j’eus droit à tout, même qu’il sentait la bouse, vulgaire, grossier avec des émoticônes horribles sur les fiches. Le fiasco total, irrémédiable, de quoi me mettre le moral dans les chaussettes. Marie, avec son sens de la mesure notait sur sa fiche « le moins que l’on puisse dire c’est que le nez ne donne pas envie d’y mettre la langue. »
Voilà l’orage était passé je me sentais quelque peu désarçonné mais les 4 stars de la dégustation, elles, affutaient déjà leur couteau pour un autre combat sanglant : nous passions à table pour un I love Bidoche made in Yves-Marie Le Bourdonnec. De quoi me mettre du baume au cœur et me consoler de mes espoirs de chronique déjantée.
Qu’allais-je faire ?
Vous livrer sans vergogne mes 6 quilles accompagnées des commentaires acidulés de la bande des 4 ?
Que nenni, la maison n’est pas une entreprise de démolition de vignerons. Restait une chose intolérable pour votre Taulier : avoir une chronique rentrée car c’est très mauvais pour sa santé.
Alors j’ai, pour reprendre une métaphore vineuse, laisser tout cela décanter. Bien m’en a pris car, en faisant cette fois-ci dans la métaphore bidoche, la matière a bien maturé et je me suis mis à chroniquer à tombeau ouvert le bras négligemment posé sur le bord de la fenêtre ouverte, cheveux au vent (rires des filles), le cœur léger et la plume acérée.
Pour la chute, aucune hésitation, vous ne saurez rien d’autre que la révélation du flacon qui a vraiment sauvé sa peau c’est le n° 3, le sans soufre ajouté des frères Chaigneau de château Massereau. Un Bordeaux Supérieur 2011 que vous pouvez acheter les yeux fermés foi du Taulier qui l'a beaucoup apprécié.
Isa « C’est long, c’est bon ! C’est jeune et séveux. Par contre je vais faire ma cougar mais j’aime bien ! »
Gabrielle « Très joli nez, concentration, cassis, cerises noires, fraises confiturées. Joli. Violettes. Belle acidité, joli trame tannique. Manque un peu de complexité mais beau fruit, belle concentration. »
Marie « Nez très agréable, je sens des petites baies rouges mais je suis peut-être influencée par la jolie couleur framboise écrasée. La mise en bouche est un peu décevante, il a moins de caractère que je pensais. Il a un arrière-goût de poivre dont je ne suis pas fan mais j’aime bien l’impression générale, un vin de la terre. »
Sonia « A besoin d’air, un nez épicé qui vous renvoie au soleil. Bouche végétale (raisins mûrs), bouche resserrée et tannins asséchants. Vin pas encore prêt à boire. Suis pas fan. »
Le chapitre de la dégustation des 6 sans soufre ajouté par 4 Walkyries de Paris était clos. Je pouvais prendre un repos bien mérité après une telle épreuve. Pour ceux qui veulent tout savoir sans jamais rien payer je puis les assurer que, même sous la torture le Taulier ne pipera mot sur les 5 quilles qui n’ont pas reçu les suffrages escomptés.
La suite de cette soirée I love Bidoche aura droit, en son temps, à une chronique sur mes lignes....
Domaine Chanzy russe 12/07/2013 11:10
Norbert Buchonnet 11/07/2013 14:44
Norbert Buchonnet 11/07/2013 10:31
JACQUES BERTHOMEAU 11/07/2013 10:40
Gosselin Jean-Noêl 11/07/2013 06:40