L’horreur des meurtrissures des incendies de forêt : tout un massif sur les flancs de la route qui mène à Péri, paysage calciné, arbres pétrifiés... puis, de nouveau, lors d’un voyage vers les dentelles de Bavella, sitôt Petreto-Bicchisano, sur la route du col de Tega, sur des kilomètres un paysage d’apocalypse sous le soleil naissant. Ça sent la cendre. Ça sent la mort. Des blocs de fougères vert tendre, ça et là, accrochés aux flancs carbonisés, affichent la vie.
L’hippodrome de Zonza, niché au cœur de la Corse, le temps de mon vieil ami Jacques Geliot et le lancement de la 1ière Journée Nationale du Cheval, qui fêtait ses 20 ans cette année le 20 septembre www.journeeducheval.ffe.com, mais qui se souvient des pionniers qui l’ont lancé ? Personne !
En descendant sur la côte orientale, près de l’étang d’Urbino, le domaine de Pinia, souvenirs... Rapport N°1077 fait au nom de la Commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur l’utilisation des Fonds Publics et la Gestion des Services Publics en Corse présidée par Jean Glavany « L’affaire du domaine de Pinia à Ghisonaccia dans la plaine orientale l’illustre parfaitement (les liens entre certains milieux nationalistes et les institutions en charge de l’agriculture en Corse.) «Ce domaine, exploité d’abord par des agriculteurs rapatriés, a été occupé en 1979 par un groupe d’éleveurs corses. Le domaine a alors été racheté par une filiale du Crédit agricole, la Segespar, qui l’a d’abord donné à bail à la SAFER. Devant l’impossibilité de l’allotir, celle-ci suspend le bail. En 1985, la Segespar le donne à bail à la SCA Di a Pieve di castellu, fondée par des militants nationalistes et dont le gérant est M. Mathieu Filidori. Cette société a bénéficié d’importants crédits de la caisse régionale du Crédit agricole, de subventions publiques ainsi que des « mesures Balladur » et Juppé. Comme l’indique le rapport de l’Inspection générale des finances, la société « exerce une activité assez réduite compte tenu de la taille du domaine de Pinia qui lui est donné à bail (880 hectares). En revanche, (elle) est au cœur d’un écheveau de sociétés regroupant les mêmes associés, qui exercent des activités diverses (restauration, chasses, gestion immobilière en association avec un groupe italien (…) ».
C'est ce même Mathieu Filidori qui à la Préfecture, derrière ses petites lunettes cerclées de métal, me lançait des regards méprisants, en me traitant de représentant du pouvoir colonial.
Lu, entre autres, le livre d’Ariane Chemin, « Fleurs et couronnes » chez Stock. Six enterrements, de Georges Marchais, le 20 novembre 1997, à Rafaël Kuderski, un SDF débarqué de Pologne à Paris, inhumé le 15 janvier 2008, en passant par Gérard Brach, Maurice Kriegel-Valrimont, Alain Robbe-Grillet et Robert Feliciaggi enterré le 13 mars 2006.
« On s’embrasse devant l’église Saint-Pancrace. On se salue dans l’air piquant de Pila-Canale, en attendant le convoi qui monte d’Ajaccio. Au pied des micocouliers, on ressuscite le mort, le temps d’un baiser. « Robert lui aussi embrassait toujours tout le monde.
[...] Robert n’était pas un voyou comme certains sur son île, pas non plus un parrain comme le furent un ou deux de ses amis. C’était un « homme à services » - un omu a manu -, comme on dit. Faire un geste pour un « petit parent » en quête de subventions, payer de sa poche un ancien footballeur professionnel pour devenir le président du Gazélec d’Ajaccio et même donner un coup de pouce pour que la Bible soit traduite en Corse...
[...] Dans quelques minutes, l’évêque d’Ajaccio va bien résumer les choses : « Ici, ce n’est pas un rassemblement de gens parfaits. Mais que Dieu nous pardonne nos péchés. » Et chacun avait profité de cette absolution collective pour se signer avec empressement.
[...] Pour « Robert », on est « monté » au village bien avant l’heure des obsèques, sachant que les places seraient rares. Les voitures se serrent les unes contre les autres le long de la route, garées dans le sens du départ : précaution de montagnards ou de monte-en-l’air, indispensable sur la route du Taravo.
[...] Tout ce que le département compte de notabilités s’est habillé pour l’occasion. Les commerces sont « fermés pour cause d’enterrement », et mêmes les agences bancaires observent le deuil. Les Ajacciennes ont sorti la fourrure et les belles pièces de chez Lily B., grande amie du disparu, dont la boutique, avenue du Premier-Consul, au-dessus de la place des Palmiers, est un must de la cité impériale. Devant le tabernacle de bois sculpté, elles affichent au village leurs cheveux brillants, leurs ongles vermillon et leurs parfums musqués.
Pantalons à pinces et manteaux d’alpaga, jeans repassés et parkas mi-saison, les hommes se tiennent dehors, comme au temps des maquignonnages, sans jamais franchir la porte de l’église : en Corse, le passage des âmes appartient aux femmes, de la naissance à la mort.
[...] On a tout de suite « su », pour le « pauvre Robert ». Dans la nuit, les téléphones ont sonné. « Anu tombu Robert ! » « Ils ont tué Robert ! » Le lendemain matin, tous ont vérifié dans Corse-Matin, le quotidien de l’île, qu’ « u tintu Robert » était bien mort. Chacun a échafaudé une hypothèse, mais l’a gardée pour l’oreille de son voisin. La Corse affiche plus volontiers sa dignité qu’elle ne manifeste son indignation. L’île ne connaît pas les marches blanches : devant la mala morte – la mort soudaine et violente -, elle préfère cultiver le noir et la pudeur, le sentiment du sort et sa couleur. »
6 belles chroniques, à lire absolument ; un seul reproche à Ariane Chemin, ou à son éditeur, page 88, lors du déjeuner offert, fin 1982, par JP Elkabbach à Georges Marchais chez le Divillec, la cantine du François de Jarnac, comment peut-on laisser passer une telle coquille « Pour le vin, il n’avait pas hésité : un Latache. C’était la bouteille la plus chère. »
« La Tâche balaie de haut en bas toute la zone des grands crus, sur une superficie totale de 6 ha. La Tâche et la Romanée-Conti rivalise de complexité, mais se sont des complexités différentes. A son fruit, La Tâche allie de manière caractéristique des senteurs plus végétales, des souvenirs de tendres labiées, de foin fraîchement coupé, de feuille de thé, de salades sauvages, la fumée de bois fruitiers, les feuilles en décomposition... La Tâche est élégance et vigueur. La Tâche, sous la fréquente dureté des tannins, la passion brûle, maîtrisée par une élégance de cour ».
Mon ami Gérard Muteaud à du travail à faire au sein du Nouvel Obs. ?
à suivre...