Dans son anthologie de « La poésie érotique », publiée chez Seghers, Marcel Béalu écrit que « Clément Marot paya en poèmes religieux le tribut de sa gratitude aux grands qu’il servait. Il ne pouvait cependant réfréner une sensualité qui l’incitait à se complaire en lestes facéties. Celui qui écrivit le blason du beau tétin se révèle ici comme le premier poète dont l’émotion nous touche. Au même titre que, tout près de nous, le Guillaume Apollinaire du Cortège priapique. »
Aquarelle de Christian Verdun illustrateur : François-Ier et Clément Marot. Illustration de la couverture de Clément Marot, poète et aventurier publié en 1996 aux éditions du Laquet (60 planches en couleurs).
Baiser souvent n’est-ce pas grand plaisir ?
Dites ouy, vous autres amoureux ;
Car du baiser vous provient le désir
De mettre en un ce qui estoit en deux
.
L’un est très bon, mais l’aultre vault mieux :
Car le baiser sans avoir jouyssance,
C’est un plaisir de fragile asseurance ;
Mais tous les deux alliez d’un accord
Donnent au cœur si grande esjoussance,
Que tel plaisir oubly à la mort.
Un jour Robin vint Margot empoigner,
En luy monstrant l’oustil de son ouvraige,
Et sur-le-champ la voulut besongner ;
Mais Margot dit : « Vous me feriez oultraige :
Il est trop gros et trop long l’advaintaige.
-
Bien, dit Robin, tout en vostre fendasse
Ne le mettray » et soudain il l’embrasse,
Et la moitié seulement y transporte.
-
Ah ! dit Margot en faisant la grimace,
Mettez-y tout : aussi bien suis-je morte. »
Comme un escolier se jouait
Avec une belle pucelle
Pour lui plaire bien fort louait
Sa grâce et beauté naturelle,
Les tétons mignards de la belle
Et son petit cas, qui tant vault.
« Ha ! Monsieur, adoncq’ce dist-elle,
Dieu y mette ce qu’il y faut. »
Clément Marot
1495-1544
Baiser souvent n’est-ce-pas grand-plaisir ?
Dites ouy, vous autres amoureux ;
Car du baiser vous provient le désir
De mettre en un ce qui estoit en deux.
L’un est très bon, mais l’aultre vault mieux :
Car le baiser sans avoir jouyssance,
C’est un plaisir de fragile asseurance ;
Mais tous les deux alliez d’un accord
Donnent au cœur si grande esjoussance,
Que tel plaisir oubly à la mort.
Un jour Robin vint Margot empoigner,
En luy monstrant l’oustil de son ouvraige,
Et sur-le-champ la voulut besongner ;
Mais Margot dit : « Vous me feriez oultraige :
Il est trop gros et trop long l’advaintaige.
- Bien, dit Robin, tout en vostre fendasse
Ne le mettray » et soudain il l’embrasse,
Et la moitié seulement y transporte.
- Ah ! dit Margot en faisant la grimace,
Mettez-y tout : aussi bien suis-je morte. »
Comme un escolier se jouait
Avec une belle pucelle
Pour lui plaire bien fort louait
Sa grâce et beauté naturelle,
Les tétons mignards de la belle
Et son petit cas, qui tant vault.
« Ha ! Monsieur, adoncq’ce dist-elle,
Dieu y mette ce qu’il y faut. »
Clément Marot
1495-1544
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