Ce matin c’est une belle histoire, comme en notre beau pays gaulois le bon peuple les aime, où un petit teigneux et belliqueux, un Astérix qu’aurait l’accent, flanqué d’un Obélix au physique de Raimu, à la tête du dernier carré d’irréductibles provençaux flanque des clics et des baffes aux hordes de Vandales, Goths, Wisigoths et autres Goths – pas le professeur – buveurs de breuvages de graines ou de patates qui, sous la contrainte de textes abscons ou con tout court, voulaient leur imposer des pratiques infâmes : coupage, mélange, dénaturant l’authenticité de leur boisson traditionnelle de couleur rose qui, comme chacun le sait, n’en est pas une mais un mélange de blanc et de rouge.
Face au danger, en dépit des manœuvres d’obscurs scribes « traîtres » de Lutèce planqués dans leurs soupentes, sous sa grande ombrelle, le chef des mutins Koupepamonrosé, sonnait la levée en masse. Le barde Assurancetoutonrosé, le doyen Ageconderosé, le chef Abraracourcitonrosé et tous les Touchepamonrosé, pour une fois unis, ce qui est à noter, entonnaient au son des tambourinaires, la complainte de la pureté. Toujours à Lutèce la corporation des « goûteurs patentés » de la RVF et d’ailleurs : le professeurpittepamonrosé, l’antoinegerbellepamonrosé, avaient beau protester que cet « affreux » mélange, qui n’était pas du vin de vidange, était une pratique reconnue par toutes les grands prêtres de l’OIV, et que les seigneurs de Champagne l’élevaient au rang d’un art, rien n’y faisaient nos Touchepamonrosé tenaient mordicus à leur saignée.
Le vent de la révolte enflait et parvenait jusqu’aux grandes oreilles des bavassous de Lutèce qui n’aiment rien tant que de faire pleurer Margot et que de rouler dans les caniveaux tous les affreux Goths, Wisigoths et autres Goths menaçants les braves ressortissants de l’Empire de Charlemagne (comme c’est une histoire à dormir debout je m’assois sur la chronologie historique). Y’en avait plus que pour eux, les Touchepamonrosé, dans les estaminets, sur les estrades de l’agité du bocage qu’avait ressorti sa faucille et ses sabots, même qu’Arlettechabomonrosé, toujours aussi pointue et pisse-vinaigre, en a fait tout un fromage sur le plateau où les fauves étaient lâchés, le Perricodetouchepamonrosé s’époumonait, y’a pas à moufter c’était sûr la patrie était en danger. Pas de discussion, la grande ombrelle des rosés n’abritaient que du bon, j’en ai même rencontré dans le bas des rayons des « supermarchés de Provence » chers à feu Gilbert Bécaud.
Et pendant ce temps-là, entre la chef des barbares du Nord Lafisherbolldurosécoupé et les manches de lustrines Courtelinedurosécoupé ça papotait sec : si tu m’donne ça je te refile ça en échange de ça contre ça. Donc, patatras, au lendemain du scrutin, plus de rosé coupé. Les bavassous de Lutèce triomphaient : notre beau pays de Gaulois n’étaient pas mort… car il gueule encore… comme le chantaient dans le car les gars de chez moi quand ils rentraient après une victoire contre les « ennemis héréditaires » du patelin d’à côté. En un bel élan, le chef Touchepamonrosé était hissé sur le pavois. Le coq gaulois, dressé sur ses ergots dégoisait des bordées de Cocoricos. Bravo !
Tout est bien qui finit bien sauf que si, sous une autre ombrelle, des gueux, jusqu’ici regroupés sous l’appellation « de pays » qui vont maintenant indiquer leur provenance géographique – c’était déjà le cas mais on ne le disait pas comme ça – et de ce fait quitter la déshonorante qualification de table qui leur interdisait de mélanger du blanc à du rouge pour faire du rosé comme l’autorisait la loi aux VQPRD. Et si un bougon quelconque des cépages revendiquait ce droit pour ses ouailles, en disant : « moi j’ai agréé des blancs et des rouges en mon sein, donc s’ils sont à la hauteur mettre quelques gouttes d’un bon rouge de cépage dans un bon blanc de cépage ça devrait nous pisser un bon rosé, qu’adviendrait-il ?
Une belle bataille gaulo-gauloises ?
Et ce n’est pas une vue de mon esprit tordu car le nouveau règlement qui va entrer en vigueur le 1ier août « stipule entre autres que le coupage de vins rouge et blanc sans indication géographique pour faire du vin rosé n’est pas permis… » donc les IGP, qui étaient privé de ce droit, l’acquièrent.
Bref, tango, tango, et comme l’aurait dit monsieur de La Palice : le vrai danger pour le rosé fait avec des raisins rouges c’est que les gars qui font du rouge qui se vend mal se mettent à faire du rosé qui se vend bien.
Le prochain épisode : Astérix chez les Langues d’Oc verra Ordralfabét’Oc le poissonnier se prendre le bec avec Ielosubmarine sa moitié qui préfère le Picpoul de Pinet au rosé bien connu : le Cytelet…