Samedi, avec ma petite auto, cap sur Montreuil-sous-Bois pour le salon du développement buvable, et bien évidemment dès que j’ai passé les limites du périphérique, en bon parigot, je me paume. Dans les villes, ex-bastions du PC, quand on cherche son chemin, on a le sentiment de réviser le Who’s who des hiérarques du Kremlin. Je trouve enfin. Je me gare et je me dirige pédestrement vers la maison de l’arbre, un vaste hangar clos qui abrite en tant ordinaire une expo à la dévotion des icones de la gauche extrême d’un mois de mai qui a engendré, dit-on, tous les maux et les dérives dont nous souffrons. Ce matin, foin des souvenirs d’ancien combattant, c’est tout pour le développement buvable. Petit tour de chauffe, bonjour par-ci, bonjour par-là, l’ami Raymond, le Patrick, papotage, c’est si bon de se retrouver en terrain de connaissance. Tout ça c’est bien joli mais si je veux pisser de la copie pour votre compte faut que je m’y colle.
Comme toujours j’y vais à l’instinct. Tout au fond, près des sandwiches, le stand d’un savoyard. Y’a un petit paquet de monde devant, dont Jean-Marc http://levertetlevin.com/ un lecteur qui vend des vins bio sur la Toile. Comme je suis tout, sauf un pro de la dégustation, j’ai toujours du mal à me jeter à l’eau si je puis m’exprimer ainsi. Je décrète, est-ce l’ambiance du lieu, que je serai rouge. En clair que je ne dégusterai que les rouges de Jacques Maillet. Les 4 millésimes 2005, 2006, 2007, 2008 sont signés Autrement sur un fond d’un beau bleu nuit étoilée avec tout en haut à droite de l’étiquette un quartier de lune. Paradoxalement la dégustation commence par Chautagne, le seul vin signé Gérard Maillet, une signature fine et aérienne qui file comme une étoile filante, blanc de nacre sur un fond grey flannel doux et lumineux. J’aime ! Tous sont des Vins de Savoie, assemblage de Gamay, Pinot Noir, Mondeuse.
Plus je progresse dans la dégustation plus je me dis que cet Autrement affiché par Jacques Maillet n’est pas une posture mais l’expression d’une vraie démarche personnelle qui s’exprime avec une simplicité réelle et désarmante lorsqu’on découvre ses vins. Ils sont à son image, pleins de vie, agréables, discrètement chaleureux, des compagnons amicaux avec qui l’on à très envie de faire un bon bout de chemin ensemble. Vraiment, n’en déplaise aux modérés, je n’ai nulle envie de les recracher les vins de Jacques Maillet. Vin de soif d’abord avec Chautagne, puis millésime après millésime la découverte de vins de plaisir simple qui égayent la bouche, l’enchantent tout en exprimant un charme persistant, j’ai une préférence pour le 2005 qui vraiment à un goût irrésistible de revenez-y. C’est fin, c’est droit sans raideur, c’est du fruit nature. Emballé ! Je ne suis pas le seul en cet état.
Restait à lever le voile sur ce vigneron lunaire, discret mais oh combien attachant. Gentiment il me confie que je saurai tout de lui et de son aventure en allant sur le site des vins étonnants www.vins-etonnants.com. J’ose lui demander de faire la photo en compagnie de son épouse. Étonnés, ils se plient de bonne grâce à mes envies de paparazzi amateur. Rentré at home je renoue les fils. En 1991 est coopérateur à Chautagne. Son inclinaison naturelle le porte vers la culture biologique mais les robinets de la finance en disposent autrement. Contre mauvaise fortune bon cœur mais la cohabitation avec les pesticides lui est de plus en plus insupportable. En 1999, c’est le point de rupture il s'intoxique avec les produits de traitement. Trois années lui sont ensuite nécessaire pour récupérer. Pour pouvoir assurer la charge du travail en bio il divise son domaine par 2 pour ne garder que 3 ha 70 sur les hauteurs et se voit contraint de quitter la coopérative pour mieux valoriser son raisin. Le voilà donc sans cuve ni chai et une expérience de la vinification rudimentaire. Il trouve un accord avec la Coopérative : celle-ci lui alloue une cuve et l’oenologue assurera la vinification. Solution a minima une cuve mais 3 cépages noir sur le domaine, le Pinot Noir, la Gamay et la Mondeuse... « Eh bien on assemblera le tout ! Inédit en Savoie mais qu'importe ! » De plus avec une unique cuve, l'élevage de son vin ne pourra dépasser juillet, il faut de la place pour la prochaine vendange. La nécessité fait loi mais le vin de Jacques Maillet n'était pas aussi iconoclaste qu’il n’y paraissait car, avant la création des AOC savoyardes, les vins rouges du pays étaient justement des assemblages. Le cépage roi en Savoie c’est l’œuvre des syndicats d’AOC.
Jacques Maillet SARL Venaize-dessus 73 310 Serrières en Chautagne tel 04 79 63 74 56 jacques-maillet@orange.fr
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RENSEIGNEMENTS auprès de Jacques Berthomeau www.berthomeau.com et jberthomeau@hotmail.com
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