Ceux d’entre vous élevés comme moi à la table de multiplication par cœur et à la déclinaison des départements avec chef-lieu et sous-préfectures, gouteront pleinement le titre de ma chronique du jour. Pour les autres, je rappelle que le chef-lieu du beau département de l’Ariège est la ville de Foix et les 2 sous-préfectures sont Pamiers et Saint-Girons. Bastion des socialistes : 2 députés (un homme&une femme) et 20 conseillers généraux sur 22, tous des mecs, ce beau département n’est pas très connu pour être un département viticole et pourtant !
Le guide Hachette des vins 2009 attribue son Coup de cœur pour la deuxième année consécutive » aux Coteaux d’Engraviès. L’an dernier c’était la cuvée Roc des Maillols 2005 (50% Syrah, 35% Merlot, 15% Cabernet Sauvignon) qui était coup de cœurisé. Moi je l’ai découvert à la foire des vins bio de Montreuil. Cette année c’est la cuvée Fount Cassat 2006 (70% Cabernet Sauvignon, 30% Merlot) qui reçoit le compliment suivant : « Cette cuvée (…) se démarque d’emblée par sa robe profonde cerise burlat. Le nez affirme une présence très fruitée (guignolet, pruneau), bien épicée et accompagnée de quelques volutes de fumée. La bouche est généreuse, douce et dense, soutenue par des tanins fermes et de qualité. Un vin parfaitement maîtrisé. À déguster sur un aligot ou un pot-au-feu ».
Pour vous parler de l’aventure des vignerons ariégeois je vous propose de lire un document d’Ariège News TV intitulé : Philippe Babin fait renaître le vignoble ariégeois qui date d’août 2006 http://www.ariegenews.com/news/news-1-17-1235.html c’est très intéressant. Vous pouvez aussi auditionner la vidéo de Philippe Babin l’animateur des Coteaux d’Engraviès. Passionnant ! Pour ceux qui ne prendront pas le temps d’aller sur ce site je vous propose quelques extraits :
« Au XIXe siècle sous l’impulsion de Napoléon III qui veut promouvoir l’agriculture, est crée dans chaque département une Ferme-Ecole où l’on apprend aux «jeunes cultivateurs» entrés sur concours, les progrès techniques de l’agriculture moderne: emploi d’engrais, de matériel, de techniques qui révolutionnent les idées reçues.
En 1848 la ferme de Royat près de Montaut ouvre ses portes et restera dans l’histoire de la viticulture pour avoir inventé une technique de taille de la vigne employée encore aujourd’hui partout dans le monde par 80% des techniciens viticoles: le fameux «cordon Royat» ou «taille de Royat». La ferme de Royat s’oriente dès le départ vers la viticulture: 60 hectares de vignes plantées, un cépage identifié par parcelle (alors qu’auparavant on plantait plusieurs qualités de raisins), fabrication de palissage, déploiement des vignes et taille particulière pour éviter au maximum le pourrissement des raisins sur le pied. Tout est étudié de manière rationnelle. C’est également à Royat que l’on invente la «vinification bordelaise» (ou vinification par gravité, inventée en Ariège et développée dans le bordelais car après la guerre de 14-18 le vignoble ariégeois disparaît à cause d’un exode rural massif). »
« Passionné par l’Ariège et son histoire, Philippe Babin, installé depuis trente ans dans le département pense lui aussi que la viticulture fait partie intégrante de patrimoine ariégeois et il décide en 1995 après s’être formé à Carcassonne à la viticulture et à l’œnologie, de se consacrer à la vigne et de faire revivre ce patrimoine disparu.
Mais les contraintes financières de son projet sont lourdes… son ami Jean-Louis Vigneau, directeur des services au Conseil Général, secrétaire général de l’APAJH fait réaliser une étude pour connaître la viabilité de ce séduisant projet.
Dans le même temps, il rencontre Christian Gerber, viticulteur à Beaumont/Lèze, responsable de l’exploitation du Domaine de Ribonnet, soit 50 hectares de vignes et qui lui propose de lui apporter un coup de main technique et ses compétences.
L’ONIVIN (office National, interprofessionnel du vin) est plutôt favorable à la réintroduction des cépages ariégeois même si le syndicat interprofessionnel des viticulteurs du sud-ouest (SIVSO) regroupant tous les A.O.C (Fronton, Madiran, Gaillac, Jurançon….) est plus nuancé face à une telle initiative alors que se profile déjà la crise viticole avec la mévente du vin français.
Cependant, en 1998, face à la détermination de Christian Gerber et Philippe Babin, la vigne sera replantée en Ariège.
Au final ce sont 4 viticulteurs confirmés qui la relancent en différents sites créant ainsi 4 domaines distincts, liés par un Groupement d’Intérêts Economique (GIE des Vignerons Ariégeois). »
Comme vous pouvez le constater après cette lecture le titre de ma chronique n’était pas qu’un petit jeu de mots, il correspondait à une réalité. À toutes fins utiles je conseille à tous les « hygiénistes » de réfléchir sur le parcours des vignerons d’Engraviès. C’est tout petit mais ça réchauffe plus le cœur que leurs philippiques et leurs oukases. Pour ceux que ça intéresse
Contact: Domaine des Coteaux d’Engraviès
Philippe Babin
«Le Village »
09120 Vira
Tél : 05 61 68 68 68
Fax : 05 61 68 73 97
Mail: earldembayourt@wanadoo.fr
le site Internet de Philippe Babin www.coteauxdengravies.com
- La conclusion je la laisse à Philippe Babin qui dans la vidéo déclare avec humour : « on a bien réussi à replanter des vignes en Ariège je ne vois pas pourquoi nous ne vendrions pas du vin à New-York. » Ce ne sont pas des paroles en l’air car ils sont une poignée de restaurateurs originaires d’Ercé ou de Saint-Girons à faire un tabac à Manhattan. Le plus célèbre étant le restaurant René Pujol Prix moyen * : 37 € (50 $)
- Quartier: Times Square/Theater District
- Adresse: 321 W 51st St, New York 10019
- Téléphone: (212) 246-3023