Au temps de mes culottes courtes, dans mon bourg, seuls les commerçants partaient en vacances, les plus aventureux passaient même les frontières. Dans le lot il y avait madame Ginette, la coiffeuse de ma mère, qui avec son Francis de mari, entrepreneur en bâtiment, voyageait beaucoup. J'adorais madame Ginette, elle avait un côté star américaine des années 30, avec sa permanente impeccable, son blond oxygéné et ses ongles carminés. Bon, elle n'avait pas inventé l'eau chaude, elle minaudait un peu, mais après chacun de ses périples elle rapportait un petit souvenir et, comme pour s'excuser du côté babiole de la chose, elle croyait bon de dire " vous savez c'est très typique..."
Moi je trouvais ça naze et, les années aidant, l'usage du concept de typicité m'a toujours plongé dans un abîme de perplexité. C'est flou, mou, le genre plus petit dénominateur commun, une référence sans contours identifiés alors que le concept de type : la Jaguar type E par exemple permet d'identifier au premier coup d'oeil l'objet que l'on caractérise ainsi. Vous me voyez venir avec mes gros sabots emplis de paille et, pour faire bonne mesure, je livre à votre réflexion la définition de la typicité d'une AOC, extraite d'un document INAO-INRA.
TYPICITE : défini comme état et caractère de ce qui est typique. Un produit doit être typique de son appellation. Le type peut être décrit par l'ensemble des perceptions que tout sujet a d'un produit, notamment par des critères sensoriels d'ordre subjectif qui dépendent de la culture de chaque personne.
Une telle définition c'est, au mieux, de la bouillie pour chats, au pire, une escroquerie intellectuelle...