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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 06:00

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Je raille, je déraille, j’en conviens, ce n’est pas nouveau mais, comme les 1.407 couvertures auxquelles vous avez échappé(es) de Charlie hebdo, le premier jet du titre de cette chronique, auquel vous avez échappé, frisait l’insulte, l’outrage à la statue du Commandeur des dégustateurs. Ma publication n’étant qu’en recto le titre en question est renvoyé en bas de page.

 

 

La nuit portant conseil, je me suis dit mon coco (ce qui m’a fait penser à Karl et son Manifeste) qui suis-je pour oser un tel titre ?

 

 

 

Rien qu’un buveur de vins nu qui puent… immodeste, bien sûr…

 

Tu peux être irrévérencieux mais l’irrévérence à des limites, même si le papy Michel, en son temps, ne s’est pas privé de gratifier les vignerons bio du doux nom de « bio-cons »

 

Le texte du Manifeste est de la plume d’un certain Louis-Victor Charvet, qui se dit « rédacteur en chef et directeur de l’expertise Bettane+Desseauve »

 

Mazette, ça en jette grave, une belle tartine sur la carte de visite de L.V.C.

 

Le susdit, pour que nous ne le confondions pas avec un dégustateur lambda, nous met au parfum à propos de son job chez B&D « l’une de mes principales missions est de veiller à ce que notre prescription demeure forte et incontournable. »

 

J’adore ce qui, de manière péremptoire, est déclaré incontournable car, n’en déplaise à L.V.C, rien dans ce domaine ne l’est, et c’est heureux.

 

L.V.C, en bon vassal de son suzerain B&D, nous explique qu’il est adoubé :

 

« C’est l’héritage que m’ont confié Michel Bettane et Thierry Desseauve, et avec eux, toute une entreprise dont la bonne santé repose peu ou prou sur la vitalité de cette mission. »

 

Je m’attendais donc à l’équivalent de l’opus de Karl&Frédéric qui a bousculé le monde.

 

Déception !

 

Le Manifeste pour une nouvelle expertise est une pépite molle, un joyau musical de joueur de pipeau pour gogos, un ripolinage poussif de l’exercice de notation, une version incolore, inodore, sans saveur, de l’expression « C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe»

 

Pour être plus encore politiquement incorrect je cite Joseph Kessel dans Les Enfants de la chance (1934) « Je continue à voir les poules du coin, un peu vieilles, comme je les aime, quoi, je ne change pas : c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. »

 

Je peux me le permettre puisque la maison Bettane+Desseauve abrite le pire : un certain Nicolas de Rouyn dit Rin de Rin, officiellement le rédachef d’En Magnum qui avait omis de mettre au parfum le directeur de la publication, ce pauvre Thierry Desseauve, que lui connaissait bien Fleur Godart et que la publication de la grosse merde sexiste de Régis Franc était ciblée.

 

Dans le duo B&D, la star c'est Bettane mais le drame de Michel Bettane se nomme Robert Parker, le plus grand dégustateur de tous les temps, le critique le plus puissant de la planète… (Lire plus bas)

 

Comment cet inculte fils de paysan du Maryland, petit avocat, a-t-il pu réduire, ceux qui se croyaient les seigneurs de la place, à un rôle subalterne de demi-soldes qu’on continue, par charité, à inviter ? Dans le même sac leurs consœurs et confrères de la vieille R.V.F, qu’ils ont quitté, ainsi que les autres petits couteaux  qui se la pètent tel Yohann Castaing ?

 

Il a imposé son tempo, ses goûts, sa note sur 100 : ça en jette plus qu’une note sur 20 au parfum de notre mammouth de l’Éducation Nationale. En accordant la note mythique de 100/100 aux vins qu’il jugeait exceptionnels, le critique américain Robert Parker a bouleversé le destin de nombreux domaines. Il a sorti les G.C.C des petits jeux de la place de Bordeaux, innové, même si les gardiens du Temple ont frisé le nez, fait gagner beaucoup d’argent aux heureux élus comme aux nouveaux venus type Valandraud de Jean-Luc Thunevin passé du statut de vin de garage à Premier cru.

 

Rassurez-vous je ne suis ni un adorateur de Bob Parker ni d’ « oxygénez, oxygénez… » j’ai nommé Michel Rolland le diable en personne, et je ne suis pas en train d’écrire que notre Bettane fut un dégustateur de seconde zone, je ne fais que constater le degré d’influence sur les faiseurs de vin comme sur les consommateurs.

 

Qui attend aujourd’hui avec angoisse les notes de la dream-team Bettane&Desseauve ?

 

Sans grand risque de me tromper, pas grand monde, et pourtant le Parker a vendu sa boutique, l’espace est donc ouvert.

 

De tout ceci il résulte que le fameux Manifeste tombe à plat, il a même quelque chose de pathétique, comme l’acharnement des interprètes de l’orchestre du Titanic.

 

En appeler aux mannes de Raymond Baudouin fondateur de La Revue du vin me fait penser à la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz.

 

« Nous le savons, cet héritage, laissé par Raymond Baudouin, fondateur de La Revue du vin de France, est exigeant. Il implique des choix forts et nécessite une hiérarchie claire (mais jamais figée) entre les vins soumis à notre jugement. »

 

Sur mon lit d’hôpital en service de soins intensifs à Cochin, les soignants me demandaient de me situer sur l’échelle de 1 à 10 de la douleur. Ce n’était que mon ressenti. Noter les vins sur la base 100, même si on élargit l’écart entre les meilleures et les plus basses, est du même type.

 

« Nos notes pour le millésime 2020, que nous jugeons excellent, seront plus basses que celles attribuées par la plupart des experts admis et reconnus, qu’ils soient français, européens, chinois ou américains. »

 

J’adore, cette extension du domaine Bettanedesseauvien qui se contente et se cantonne à notre marché domestique peu consommateur de G.C.C. Comme le proclamait la pub « Vahiné, c’est gonflé ! »

 

L’ensemble du Manifeste ICI 

 

  Amazon.fr - Robert Parker : Les Sept Péchés capiteux - Simmat, Benoist,  Bercovici, Philippe - Livres

 

« Personne n'est capable de décortiquer un vin comme il le fait. Il peut déguster de 60 à 100 vins par jour, parfois davantage. Et le plus extraordinaire, c'est qu'il peut à la fin d'une telle journée, lors d'un dîner, identifier la quasi-totalité des vins qu'on lui présente à l'aveugle sans se tromper sur le domaine ni sur le millésime. Derrière le mythe Parker, il y a un palais et un odorat exceptionnels. »

 

« Robert Parker s'est imposé par son talent et sa capacité de travail, mais il a aussi bénéficié d'un contexte particulièrement favorable. Son talent s'est révélé avec le millésime 1982, qu'il a porté aux nues dès les premières dégustations et ce contre un bouclier d'avis autorisés. »

 

Le résultat c’est que tous ceux qui ont suivi ses conseils ont gagné beaucoup d'argent : «À la faveur du millésime 1982, une frénésie acheteuse sans précédent s'est emparée des Américains. Comprenant que les commentaires et surtout les notes de Parker forgeaient la demande aux USA, les Bordelais ont commencé à pratiquer une politique de rétention des vins visant à faire monter les cours. Par exemple, en 1985, la note parfaite attribuée au Mouton-Rothschild 1982 fait quadrupler le prix de la bouteille ! C'est à partir de ce moment-là que la place de Bordeaux est devenue la plus spéculative qui soit. Aujourd'hui, plus que jamais, le négoce et la filière attendent ses notes pour se positionner. Jamais personne n'a eu une telle influence sur le marché. »

 

Robert Parker s'impose au moment où beaucoup de choses basculent. « On constate dès le début des années 1980 une profonde métamorphose du monde du vin. Robert Parker accompagne et amplifie l'évolution commencée par l'œnologue Emile Peynaud vers des rouges fruités, mûrs, boisés, aux tannins souples. Mais la révolution n'est pas seulement d'ordre technique. Une mode se dessine. Le vin devient un facteur de promotion sociale. Il est de bon ton d'en boire, mais aussi d'en parler. Le vin prend encore une dimension financière à laquelle Robert Parker n'est pas étranger. Les bordeaux, qui demeurent la référence mondiale, lui ont permis d'asseoir sa notoriété. Mais ils lui doivent aussi d'avoir tenu leur rang dans la compétition mondiale. Il suffit qu'un cru soit évoqué par Robert Parker pour que son prix s'enflamme. Même s'il n'a pas voulu la spéculation qu'il alimente, il est aujourd'hui prisonnier de son système. »

 

La défense du consommateur le cheval de bataille de Robert Parker « il a surtout marqué les esprits en se posant comme un chevalier blanc, comme le plus intransigeant défenseur du consommateur. Il a fait de l'indépendance de la critique par rapport aux professionnels du monde du vin un principe absolu. ».

 

Mais, il faudrait être naïf en ignorant les réseaux bordelais de Parker « En évoquant ses relations avec l'œnologue Michel Rolland, les négociants Archibald Johnston, Jeffrey Davies, Bill Blatch et Dominique Renard, ses amitiés avec Jean-Bernard Delmas, l'ancien administrateur du grand cru Haut-Brion et la famille Moueix, je ne relate que des choses connues de tous. Loin de moi l'idée de qualifier ces liens. Je veux seulement démontrer qu'il y a un fossé entre son discours et ses pratiques. Comment expliquer qu'il qualifie d'« amis », voire d'« experts en amitié », certains éminents acteurs du monde du vin, tout en martelant par ailleurs qu'il n'a pas d'amis dans ce milieu et rappelant inlassablement l'impérieuse nécessité pour un critique de garder ses distances avec le négoce, sous peine de compromettre la fiabilité de ses avis ? »

 

Avec le Manifeste pour une nouvelle expertise Bettane&Desseauve mute en un nouveau variant Bêtasse&DeSauveQuiPeut du naufrage…

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