Le boudoir, c’est sans doute le premier gâteau que j’ai croqué car, pour la petite histoire, saviez-vous que le premier biscuit que l’on donne aux bébés est souvent un boudoir pour qu’ils fassent leurs dents de lait ?
Et puis, il y eut, les merveilleuses charlottes de maman.
Mais alors, le boudoir est-il un frère du biscuit à la cuillère ?
Comme souvent il est difficile de déterminer l’inventeur d’une recette, ainsi pour le biscuit à la cuillère qui aurait été inventé par les cuisiniers de Catherine de Médicis, qui auraient eu l'idée de confectionner leurs biscuits aux œufs en utilisant deux cuillères pour écarter la pâte à partir du centre, pour ne pas l'abîmer — d'où leur forme allongée et leur nom. Mais on doit à Antonin Carême, cuisinier de Talleyrand, la mise au point définitive de ce petit gâteau moelleux.
Le Prince de Talleyrand aimait les biscuits secs mais comme ses dents ne lui permettaient plus de les croquer, il les trempait dans son verre de Madère pour les ramollir. Mais ce n’était guère pratique à cause de la petite taille du verre, et peu élégant. C’est son célèbre Chef de cuisine, Antonin Carême qui a alors eu l’idée d’en créer une version qui s’imbibe facilement sans faire de miettes. « Il imagina, pour préparer des biscuits cuillères plus petits, de suspendre un entonnoir au plafond de la cuisine et de faire ainsi couler la pâte qui formait alors un fin boudin ensuite coupé. C’est ce bricolage qui est à l’origine, plus tard en 1847, de l’invention de la poche à douille » Ducasse
Antonin Carême aurait alors nommé sa toute nouvelle création «boudoir», un clin d’œil à la diplomatie du même nom conduite par l’homme d’Etat, alors réputé à la cour pour les nombreuses intrigues qu’il menait en secret.
Le mot boudoir trouve son origine dans le verbe bouder attesté en 1740 dans le Dictionnaire de l'Académie. En 1929, il devient un petit gâteau long recouvert de sucre cristallisé. Il est dégusté souvent avec le champagne.
« Le boudoir, comme lieu d’intériorité, est une véritable invention du XVIIIème siècle, que ce soit dans le terme, dans la forme ou dans l’usage. Le terme, apparaît en 1740 dans le dictionnaire de l’Académie Française, qui le dit familier, et le définit comme « petit cabinet où l’on se retire quand on veut être seul ».
Le dictionnaire de Trévoux précisera en 1752 : « petit réduit, cabinet fort étroit, auprès de la chambre, ainsi nommé apparemment parce qu’on a coutume de s’y retirer pour être seul, pour bouder sans témoin, lorsque l’on est de mauvaise humeur. »
« Monsieur se retirera dans son cabinet pour vaquer à ses affaires, quand Madame ira dans son boudoir pour s’adonner à des plaisirs oniriques, intellectuels, ou plus prosaïquement, charnels. »
Audrey Higelin-Fusté
Au 18ème siècle. La pâte était alors couchée avec une grande cuillère (d’où le nom de ce biscuit), ce qui donnait de gros et longs biscuits.
Biscuit vient du fait que le biscuit est cuit deux fois (bi-cuit). On le fait cuire une première fois, on le saupoudre de sucre glace et on l’enfourne une seconde fois, ce qui donne une délicieuse croûte. Le mot cuillère vient du fait que l’on se servait à l’époque d’une cuillère pour dresser les biscuits sur la plaque de cuisson, à la place de l’actuelle poche à douille qui n'existait pas encore.
En France, la variante la plus connue est le biscuit de Reims à la jolie couleur rose. En Italie, on parle de Savoiaridi.
Pour terminer en beauté, écoutons Stéphane Bern expert en tête couronnée :
La charlotte, le dessert français, doit son nom à une reine d'Angleterre. Il s'agit de Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, femme du roi Georges III. Elle est la quintaïeule de la reine actuelle Elizabeth II.
Charlotte est avant tout une reine extrêmement populaire auprès des Anglais. Botaniste éclairée, elle s'investit également dans l'éducation des filles et fonde de nombreux orphelinats et maternités. Les plus grands artistes lui rendent hommage, à l'instar de Mozart qui, âgé de 8 ans, lui dédie 6 sonates pour clavecin avec accompagnement de violon.
Si elle reçoit les honneurs du monde de la musique, la cuisine n'est pas en reste. Pour elle, un chef réinvente le fameux pudding, fourré à la compote, et le nomme charlotte. Mais ce dessert n'est pas encore celui que nous connaissons aujourd'hui.
La charlotte est aujourd'hui un dessert qui ravit toute la famille. Une crème bavaroise, des fruits, le tout dans une coque de biscuits à la cuillère. Le moule à charlotte est d'ailleurs considéré par beaucoup de ménages comme un essentiel d'une cuisine française digne de ce nom.
Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, cet entremet au nom si français nous vient bien d'Angleterre. C'est en effet à l'origine un pudding cuit pendant de longues heures dans un moule aux bords évasés, fait de pain de mie ou de brioche et rempli de compote de fruit, une recette on ne peut plus simple. (1)
Il fallait bien qu'un français passe par là pour que ce gâteau de brioche chaud et fourré devienne un entremet léger à déguster froid. C'est Antonin Carême, le père de la pâtisserie moderne française, qui après avoir été au service de la couronne d'Angleterre, rapporte ce pudding en France.
(1) Le moule était tapissé de pain de mie beurré, bread and butter, ou de brioche, puis rempli de compote de pommes ou de prunes. C'était en fait une sorte de pudding, que l'on cuisait longtemps au four. De la cuisine anglaise, quoi. Très éloigné de notre charlotte sans cuisson, à base de biscuits à la cuillère et de crème bavaroise.
C'est quand il était dans les cuisines du Prince Régent d'Angleterre, le futur George IV, qu'Antonin Carême fit la connaissance de l'ancêtre british de notre charlotte actuelle. Antonin Carême modifia la recette anglaise, à partir de la nouvelle forme des biscuits cuillère. Il créa l'entremets que nous connaissons : sans cuisson, dans le moule tapissé de biscuits cuillère et rempli d'une crème bavaroise. Il nomma sa création "charlotte à la parisienne", pour la distinguer du dessert anglais. Plus tard, lorsqu'il travailla dans les cuisines du tsar Alexandre (celui qui combattit Napoléon), il la rebaptisa "charlotte à la russe". C'est le nom officiel qu'elle porte aujourd'hui.