Si je vous les propose c’est que je les ai tous aimés, mais je n’ai pas le courage de vous dire pourquoi donc j’ai annexé à chacun des critiques.
Ils sont classés par date de sortie.
24 avril 1935 Roberta Comédie musicale de William A. Seiter Avec Irene Dunne, Fred Astaire, Helen Westley
J’y ai beaucoup aimé Irene Dunne, l'une des plus grandes stars du cinéma des années 1930-40 et pionnière dans l'établissement de droits contractuels pour les acteurs et actrices hollywoodiens. Elle est décédée en septembre 1990 à son domicile de Holmby Hills de causes naturelles. Elle avait 88 ans.
Nommée cinq fois aux Oscars mais jamais lauréate, elle était une star du box-office de longue date «bancable», dont la combinaison de beauté, d'intelligence, d'allure innocente et de voix hautement qualifiée lui a permis de jouer des femmes de premier plan dans des films allant des comédies vicieuses à drames romantiques.
«Il n'y avait rien qu'elle ne pouvait pas jouer, rien», a dit un jour le réalisateur Leo McCarey à un intervieweur. «J'étais toujours contente quand elle me voulait sur une photo d'elle. Cela signifiait que je pouvais me détendre - tout en ramenant un gagnant. »
Finlande, 2002 L’Homme sans passé Mies vailla menneissyyttä de Aki Kaurismaki avec : Sakari Kuosmanen, Esko Nikkari, Katie Outinen, Markku Peltola, Annikki Tähti
Festival de Cannes 2002
Grand Prix Aki Kaurismäki
Prix d'interprétation féminine Kati Outinen
Déclaré mort après s’être fait tabasser, il s’ébroue dans sa chrysalide de bandelettes : le plus grand succès public d’Aki Kaurismäki met en scène un personnage qui a survécu au désastre, on ne sait comment. C’est un début qui ouvre à tous les possibles, comme dans une vie rêvée, une vie après la vie.
2005 « Broken Flowers » de Jim Jarmusch Acteurs Bill Murray, Chloë Sevigny, Frances Conroy, Homer Murray, Jeffrey Wright, Julie Delpy, Sharon Stone, Tilda Swinton
« Broken Flowers » de Jim Jarmusch : La quête de Dissemblance de Bill Murray
« Broken Flowers » dépasse un comique s'amusant des clichés et une poétique du décalé pour raconter, à partir d'un travail autour de la ressemblance, une quête de dissemblance angoissante. Et si cette quête était aussi celle de Bill Murray, dont le fils, Homer, apparaît à la fin du film ?
22 janvier 2018
Guillaume Richard ICI
Broken Flowers : les exploits mélancoliques d'un vieux Don Juan ICI
En lançant Don Johnston à travers les Etats-Unis sur les traces de ses anciennes maîtresses, en quête d'un hypothétique rejeton, le cinéaste américain, Jim Jarmusch, réalise surtout un film sur son acteur quinquagénaire, Bill Murray.
Par Thomas Sotinel Publié le 06 septembre 2005
- 2006 Little Miss Sunshine, de Jonathan Dayton et Valerie Faris États-Unis, avec Abigail Breslin, Greg Kinnear, Paul Dano Grand Prix du Festival de Deauville
Little Miss Sunshine sur Arte : un succès du cinéma indépendant américain plus jamais égalé ICI
Alan Arkin, Paul Dano, Steve Carell, Greg Kinnear, Abigail Breslin et Toni Collette dans Little Miss Sunshine. © Bona Fide
Quatorze ans après la sortie triomphale de “Little Miss Sunshine”, les aventures d’Olive, aspirante mini-miss, et de sa famille foutraque suscitent toujours la même affection. Mais la route a été longue avant que la comédie, diffusée dimanche 26 juillet sur Arte, voie le jour…
Le mois d’août 2006 touche à sa fin aux États-Unis et un long métrage indépendant affole le box-office. Little Miss Sunshine atteint près de 500 000 dollars de recettes après seulement cinq jours d’exploitation et n’a pas à rougir aux côtés des mastodontes sortis cet été-là, du Diable s’habille en Prada à Mission : Impossible III, en passant par le premier volet de la franchise à succès Pixar Cars. Genèse d’un petit film au grand destin.
En 2001, un script d’un scénariste du nom de Michael Arndt circule à Hollywood et séduit le producteur Marc Turtletaub, qui l’achète pour 150 000 dollars. Il tape ensuite dans l’œil d’un duo de réalisateurs qui insiste pour s’en emparer : Jonathan Dayton et Valerie Faris, couple à la ville, connu pour avoir conçu les clips de groupes phares des années 1990 comme les Red Hot Chili Peppers ou les Smashing Pumpkins. Des débutants donc, pour un premier long métrage écrit par un scénariste novice !
Comédie dramatique
À ce stade, seul le studio Focus Features montre de l’intérêt pour le projet, mais il souhaite modifier le récit en le centrant sur le personnage du père, au grand dam de Michael Arndt, qui finit par se faire renvoyer. Cependant, après quatre semaines de développement infructueux, sans trouver d’acteur pour incarner Richard Hoover, non sans avoir approché Jim Carrey, Tom Hanks, Alec Baldwin ou Robin Williams (qui demandait un trop gros salaire), Focus Features lâche le film, que le producteur initial, Turtletaub, rachète pour 400 000 dollars.
Un tournage de trente jours
L’équipe de départ parvient alors, avec un micro-budget de 8 millions de dollars, à constituer un casting et engage notamment l’encore inconnu Steve Carell, sans savoir qu’il était le personnage principal d’un film qui allait bientôt sortir et cartonner au box-office : le désormais culte 40 ans, toujours puceau de Judd Apatow. Dans le film de Dayton et Faris, il incarne un universitaire gay spécialiste de Proust, qui a commis une tentative de suicide après un chagrin amoureux… Il est alors recueilli par sa sœur Sheryl (Toni Collette) et se retrouve embarqué dans une odyssée rocambolesque à bord d’un mini-van jaune brinquebalant, pour amener la petite Olive (formidable Abigail Breslin) en Californie où elle doit participer à un concours de beauté, son rêve le plus cher.
Les réalisateurs de Little Miss Sunshine Valerie Faris et Jonathan Dayton entourent Abigail Breslin.
Avec eux, Dwayne (Paul Dano), le fils mutique obsédé par Nietzsche, qui a fait vœu de silence jusqu’à son entrée au sein de la prestigieuse United States Air Force Academy ; Grandpa (Alan Arkin), qui s’est fait virer de sa maison de retraite pour avoir consommé et dealé de l’héroïne ; et Richard (Greg Kinnear), le père conférencier spécialiste en motivation, qui rêve de voir son livre publié. Tout un petit monde porté à bout de bras et de poulet frit par Sheryl.
Une fois le casting rassemblé, le film est tourné en trente jours au cours des mois de juin et juillet 2005, dans la fournaise du mini-bus sans clim, entre l’Arizona et la Californie du Sud. En janvier de l’année suivante, il est montré en avant-première mondiale au festival de Sundance. C’est un triomphe. Les distributeurs font monter les enchères pour l’empocher. Jordan Mintzer, correspondant à Paris pour le Hollywood Reporter, se souvient : « La “bidding war” [“guerre des enchères”, ndlr] a fait la réputation du film. C’est une des plus grosses ventes de l’histoire de Sundance. Il a été acheté 10,6 millions de dollars par Fox Searchlight, une somme qui rentabilisait d’entrée le budget de production. »
2007 The Bubble d'Eytan Fox. Film israélien avec Ohad Knoller, Yussef Sweid, Daniela Virtzer, Alon Friedmann
Prix du public du Festival de Berlin 2007
The Bubble : quand éclate à Tel-Aviv la 'bulle' de plaisir et de raison
Entre comédie légère et démonstration tragique, un regard juste sur l'"oasis" israélienne. Par Thomas Sotinel publié le 03 juillet 2007
Il y a un mot hébreu pour "bulle" (Buah) qui a servi de titre à ce film lorsqu'il est sorti en Israël, en juillet 2006. Il a ensuite été projeté à l'enseigne de The Bubble au Festival de Toronto, à l'automne suivant. Entre-temps, l'intervention israélienne au Liban avait une nouvelle fois fait éclater cette bulle, enveloppe fragile qui protège la vie quotidienne de la bohème de Tel- Aviv, métropole séculière.
Le cinéaste Eytan Fox compte parmi les résidents de la bulle et son film peint un portrait enjoué de son monde ; au centre d'un écheveau d'intrigues amoureuses, trois colocataires - deux garçons, Noam et Yali, et une fille, Lulu. Tous trois cherchent l'homme de leur vie, se consolant mutuellement de leurs déboires sentimentaux, affirmant leur opposition à la politique du gouvernement en organisant une rave contre l'occupation.
Cette comédie de situation légère serait sans doute ordinaire - même si ses acteurs sont charmants et son rythme enlevé - si Eytan Fox ne portait pas son regard de l'autre côté de la mince paroi qui enferme son gentil trio.
The Bubble commence par une séquence à un barrage de l'armée israélienne à Naplouse. Noam y accomplit à contre-coeur une période de réserve. Au moment d'un de ces incidents qui sont devenus un passage obligé du cinéma palestinien et israélien, Noam remarque un jeune homme palestinien. Une fois revenu à Tel-Aviv, le réserviste voit débarquer chez lui le bel inconnu. Il s'appelle Ashraf et a fui la Cisjordanie où tout - l'occupation, la religion, la famille - se met en travers de sa route d'hédoniste. Il a donc fui, le temps de vivre une histoire d'amour.
Un moment, cette utopie prend corps. Et le film oublie la violence de sa première séquence pour prendre le ton de la comédie évoquée plus haut. C'est une utopie modeste, qui dure quelques jours et ne rencontre pas d'obstacles plus menaçants que le règlement intérieur de l'appartement que partagent Noam, Yali et Lulu.
Eytan Fox met à décrire son milieu, que l'on voit à travers le regard incrédule et parfois émerveillé d'Ashraf, l'enthousiasme d'un propriétaire qui fait faire le tour de son charmant appartement. Il montre Tel-Aviv comme une oasis de plaisir et de raison, dont les jours sont baignés par les accents du rock d'auteur (on entend Keren Ann ou Belle and Sebastian sur la bande-son), rythmés par les productions théâtrales et les expositions. Cette bulle ressemble à toutes celles de l'Occident fortuné et cultivé, l'argent et l'art y coexistent selon les mêmes termes (une séquence assez drôle met aux prises l'acteur Lior Ashkenazi et le rédacteur en chef de la version israélienne du magazine Time out).
Mais The Bubble ne se résume pas à cette carte postale à la fois naïve et ironique. Le vrai propos d'Eytan Fox est d'en expliquer la raison d'être et sa fragilité essentielle. Le couple Noam-Ashraf porte la dimension tragique du film, qui peu à peu étend son ombre. Mettre en scène la façon dont l'histoire, la géographie assurent leur primauté sur le désir et les individus n'est pas chose simple. Eytan Fox recourt à la démonstration, une attitude qui n'a pas très bonne presse.
Mais il est des démonstrations convaincantes, et The Bubble est de celles-là. Parce que la comédie et ses personnages étaient attachants, la violence de leurs destins (des deux côtés du barrage de Naplouse) apparaît d'autant plus scandaleuse.
22 mai 2013 La Grande Belliza de Paolo Sorrentino avec Toni Servillo, Carlo Verdone, Sabrina Ferilli
Télérama
Critique par Pierre Murat
Ils dansent. Le corps agité de soubresauts et de spasmes, ils dansent. Visages souriants ou grimaçants, exténués ou extatiques, ils dansent. Et Jep n’est pas le dernier… Paolo Sorrentino ne filme que des lâches et des las. Le temps les a grignotés, ils vivent mal, en ont honte. Parce qu’ils ont somnolé une grande partie de leur vie, le cinéaste semble les pousser aux fesses avec sa caméra. Travellings avant, arrière, latéraux : il n’arrête jamais. Si ce n’est pour contempler, avec amour, ces palais romains, immenses et silencieux.
Pour accentuer la nostalgie, dans un clin d’œil à Fellini Roma, le héros rencontre, dans les rues de la ville endormie, une actrice — « Mademoiselle Ardant », murmure Jep, émerveillé —, qui lui souhaite bonne nuit. Exactement comme Anna Magnani conseillait à Federico d’aller au lit pour cesser de divaguer. L’ombre de Fellini plane évidemment sur Sorrentino, sans l’écraser. Il ne l’imite pas, il s’en inspire. Alors tous les souvenirs de Jep, épars et désordonnés, cette farandole de fantoches proches du néant, s’effacent devant son ultime rencontre : cette religieuse sans âge, silhouette aussi grotesque que les autres, mais qui lui offre quelques secondes la tentation de l’innocence. Une pureté évanouie. L’amorce d’une béatitude. On quitte Jep sans savoir s’il va se résoudre à vivre ou à mourir. Ce film sublime est reparti bredouille du Festival de Cannes 2013. Puis Paolo Sorrentino a trusté toutes les récompenses internationales, y compris l’oscar du meilleur film étranger.
Le film culte – « La Grande Bellezza », une fresque italienne par GUILLAUME MENARD ICI