Dans son dernier numéro LeRouge&le Blanc, l’édito de Julien Marron, s’interroge sur le devenir des beaux vignobles face à l’appétit des investisseurs extérieurs.
En chute de son édito il pose la question de l'avenir de « la philosophie du paysan-vigneron ? »
Qu’est-ce donc ce paysan-vigneron qui serait le modèle des vignes françaises ?
Est-il majoritaire ?
Et ces vignes françaises sont-elles d’une homogénéité telle qu’on puisse s’inquiéter pour leur devenir ?
Et les beaux vignobles, ceux qui « suscitent la convoitise », que représentent-ils dans l’océan des vignes françaises ?
L’infiniment petit, l’exception, epsilon, le haut d’une pyramide érigée par ce foutu marché qui génère des hauts prix qui font hurler les dit grands amateurs.
Faut-il alors faire appel à la vertu vigneronne pour que cette valeur, acquise d’abord par l’appétence des amateurs, puis boosté par le commerce, reste entre des mains vigneronnes ?
Sans dénier à la vertu une haute valeur je pense, en foutu juriste que je suis, qu’il vaut mieux s’en remettre à des solutions qui préserve l’avenir, en tenant compte de l’appétit de la parentèle face à un héritage juteux.
Ainsi va le monde, et l’image d’Épinal à la française d’une viticulture de petits vignerons artisans ne résiste pas à la réalité de la pauvreté des prix du vin dans les rayons de la GD.
Les bons sentiments ne font pas bon ménage avec la réalité économique, si l’on souhaite préserver le noyau dur, ce que je souhaite, d’une viticulture vigneronne, ce que l’on dénommait l’agriculture familiale, il est vital de s’en donner les moyens. Malheureusement, nous vivons dans l’illusion et le grand plan stratégique, qui sera remis à Macron dans le cadre des Assises de l’Alimentation, se gardera bien d’aborder la question.
« Quid de la philosophie du paysan-vigneron, de la continuité de son projet, du moment passé en cave avec la pipette, de l’échange sur le vin tiré du fût ? Quid de l’effet millésime, du caractère du vin lorsque les hommes qui étaient aux manettes seront remplacés ? On s’acheminera plutôt vers le désert de la relation commerciale où il faudra probablement même payer d’avance et réserver sur catalogue. Cette tendance est d’autant plus pénalisante que ces rachats sont majoritairement causés par le morcellement du foncier lorsque les ayants droits éloignés, parfois étrangers aux projets du domaine, veulent céder leurs parts aux plus offrants, ou encore l’absence de descendance de certains vignerons. À l’arrivée, c’est la démarche d’approfondissement du terroir de plusieurs générations qui peut partir en fumée, juste par l’appât du gain ou par rancœur tenace du voisinage. Autant les offre sont flatteuses pour le portefeuille, autant elles dépossèdent en réalité les vignerons de ce qu’ils ont de plus précieux : leur identité. »