Dans ma vie je n’ai croisé qu’une seule fois François Pinault, lors des beuveries duponiennes dans les locaux du Point, au temps de Montparnasse, pour le Bojolo Nouvo. Il était accompagné de Patricia Barbizet L'Artémis du monde des affaires.
Notez Artémis sur vos calepins bande de galopins.
Cependant ce cher François, grand pote du grand Jacques, avait occupé mes pensées sur le dossier de la Chapelle-Darblay, cher au cœur du Lolo déplumé, le plus jeune Premier Ministre qu’un autre François avait donné à la France qui allait chercher ses croissants dominicaux en charentaises (jusqu’où pouvait aller son adoration de Tonton).
Oui, oui, au 78 rue de Varenne, nous étions ministre de la Forêt doté d’un secrétaire d’État à la forêt, René Souchon, et c’était un charentais maritime, producteur de Cognac, qui suivait le dossier de la Chapelle-Darblay. Celui-ci, qui adorait François Pinault et, bien sûr, détestait Bernard Arnault, allez savoir pourquoi, sans doute un problème de Hennessy, alliait des connaissances encyclopédiques à un art de narrer les petites histoires qui font le miel de la grande. Bref, grâce à lui je savais tout ou presque.
Dans la compétition de François et Bernard, le premier a pris plusieurs longueurs d’avance en matière d’art mais n’avait guère brillé du côté « pinard ». Maintenant, ils sont au coude à coude dans les deux domaines. Pas la peine de vous faire un dessin.
Le Bernard doit être vert après l’annonce que son ennemi intime, via Artémis, sa société d'investissement (actionnaire du Point), qui détient déjà entre autres le château Latour, 1er grand cru classé en Pauillac (Médoc), le domaine Eisele Vineyard situé dans la Napa Valley en Californie, le domaine d'Eugénie situé à Vosne-Romanée en Bourgogne, ou encore le château Grillet dans la vallée du Rhône nord, venait d’annoncer la signature d'un protocole d'accord portant sur l'acquisition du domaine Le Clos-de-Tart, l'un des joyaux viticoles de la Bourgogne. La transaction sera définitive début 2018.
Lire la suite ICI
Ça clabaude sec chez ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, ils ne comprennent rien au film en train de s’écrire. Le monument en ce domaine revient à un autre François, créateur d’un soi-disant Davos du vin où l’on se la joue à la villa d’Este ; sans contestation il peut avec ce brillant papier postuler au Nobel de l’Économie.
Ici, sous la plume de Jean-Yves Bizot, nous avons analysé, au risque de déplaire à l’opinion majoritaire, ce qu’il fallait en penser.
Bien, le père François ce n’est ni un riche chinois, ni un ricain, alors l’honneur gaulois est sauf, mais comment donc en est-il arrivé là ?
Dans la Bretagne profonde, le jeune François comprend très tôt que ce n’est pas en sciant des planches, comme son père, qu’il allait s’enrichir.
« En revanche, il constate que les négociants vivent, eux, dans l’aisance. En 1963, à 27 ans, avec 100 000 francs prêtés par sa famille et un bout de terrain, il fonde sa propre entreprise. Son principe de base : ne produire qu’en contrôlant le négoce. Dès le début, il s’aperçoit que les bois produits localement ne suffisent pas à satisfaire la demande. Il décide donc de se fournir dans le Nord, en Scandinavie. Mais un club très fermé d’importateurs monopolise alors cette activité très lucrative. Reste… les restes. Qu’importe, le jeune entrepreneur décide de court-circuiter l’ordre établi en achetant directement une cargaison. Ce n’est pas de l’audace, c’est de l’inconscience. Le risque financier est démesuré pour sa petite entreprise.
Il réussit à convaincre le directeur local du Crédit Lyonnais de l’aider et, un beau matin, sa cargaison arrive au port. Le bois est revendu avec un large bénéfice, bien que proposé à un prix inférieur à celui des concurrents. Du coup, les artisans se précipitent. Et François Pinault devant le succès de son opération, crée sa propre affaire d’importation.
Mais afin de limiter les aléas de ce type d’activité, il développe parallèlement le négoce. Les risques sont ainsi contrôlés puisqu’il devient son propre client. En 1974, il pressent l’effondrement des cours du bois. « Je suis allé aussitôt voir tous mes fournisseurs scandinaves, raconte-t-il, et j’ai dénoué les contrats en diminuant mes commandes et en payant des indemnités d’annulation. Si bien que j’ai pu acheter ensuite au plus bas alors que tous mes confrères continuaient de payer au prix fort la matière première. L’establishment ne l’a jamais pardonné. »
François Pinault profite ensuite de la mauvaise conjoncture et ramasse les entreprises comme des feuilles mortes. De négoce, d’abord. Les fournisseurs et les menuiseries industrielles, ensuite. Bretonnes d’abord, françaises plus tard.
En 1985 il ajoute Isoroy à son palmarès, avec l’aide, toujours, du Crédit Lyonnais. Isoroy, qui fabrique le Formica, est en mauvais état. La firme n’a survécu qu’à coups de fonds publics et les pertes sont énormes. En reprenant cette société, qu’il redresse rapidement, François Pinault franchit un cap. Il devient un véritable industriel. Mais ce n’est qu’une étape. L’homme n’a pas l’intention de s’arrêter là.
Deux ans plus tard, il rachète, à titre personnel La Chapelle-Darblay, alors aux mains de l’État. Sa revente, en 1989, lui laisse une confortable plus-value dont il se sert pour partir à l’assaut de la CFAO, un géant du négoce international. L’establishment, qui l’avait longtemps boudé, est désormais obligé de compter avec lui.
J’adore, voilà un monsieur qui se fait une belle pelote avec le Formica, emblème des cuisines des années 60 et du papier-journal, avec lequel le peuple se torchait le cul, pour aujourd’hui s’offrir, sous les yeux horrifiés de la LPV, l’emblématique Clos-de-Tart.
Sur la Chapelle-Darblay, l’Humanité s’égosillait « Deux ans après avoir repris l'affaire pour un franc symbolique, l'affairiste François Pinault vient de revendre le premier groupe papetier français à deux groupes scandinaves, le suédois Stora et le finlandais Kymmene. L'Etat qui touchera un quart de la plus-value réalisée par Pinault devrait donner son accord à cette opération qui prend l'allure d'un véritable scandale. En effet dernière entreprise française à produire du papier journal la Chapelle-Darblay a reçu 2,3 milliards de francs d'aide publique pour se moderniser. Rappelons que contre l'avis de Laurent Fabius, avec la CGT les travailleurs du groupe s'étaient mobilisés pour sauver l'entreprise. »
[…]
« François Pinault rachètera le Printemps en 1991, enrichissant ainsi son groupe qui prend le nom de Pinault-Printemps-Redoute (PPR). Un groupe dans lequel on trouve également des enseignes comme Conforama et Prisunic. En 1994, il y ajoute la FNAC.
J’en reste là mais François a passé la main à son fils François-Henri :
« François Pinault a toujours eu dans l’idée qu’il transmettrait son capital à ses enfants, raconte Patricia Berbizet. Mais avant de transmettre, il voulait s’assurer que François-Henri avait le tempérament nécessaire pour lui succéder. Son père ne lui a transmis les rênes que quand il a été persuadé qu’il en avait pleine mesure. Il avait organisé un système avec un comité des sages pour le jauger au cas où il ne serait plus là pour le faire. Jamais, il ne l’aurait désigné pour lui succéder s’il n’avait pas eu le temps de grandir et de faire des études avant que le groupe n’atteigne sa dimension actuelle. Mais jamais il n’a été élevé comme un héritier. »
Voilà, si j’ai une suggestion à faire au propriétaire du Point c’est de prendre comme conseiller-technique à ses ouvrées de Bourgogne un bas-bourguignon bien connu pour son nez et sa passion pour la tension…
Si François Pinault est officiellement l’actionnaire principal du Stade Rennais depuis 1998, son fils, François-Henri, a souvent eu la main sur la direction du club breton. C'est d'ailleurs lui qui a rencontré Olivier Létang ce lundi à Londres.
"Rennes c'est du Canada Dry : ça a la couleur d'un grand club, mais ça ne l'est pas." Ce tacle est signé par un ancien entraîneur des Rouge&Noir, Frédéric Antonetti. Ce lundi, lors d’une journée très agitée en coulisses, le club breton n’a pas failli à sa réputation. Et si la confusion a régné autour duvrai-faux limogeage du président René Ruello, au-dessus, du côté de l’actionnaire principal, le brouillard est encore plus épais.
Tout était pourtant simple au départ. En 1998, le richissime homme d’affaire François Pinault, natif des Côte d’Amor, devient propriétaire du club via la holding Artémis. Amoureux de sa région, la Bretagne, et de son club le plus emblématique, il commence par investir beaucoup d’argent au point de de devenir en 2000 l’un des clubs les plus dépensier d’Europe au mercato estival.